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  • Non, l’Académie de médecine n’a pas vraiment voté en faveur de l’assistance au suicide

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    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé

    Dans un avis paru sur le site de l’Académie nationale de médecine, il est rapporté que l’instance a "voté" un texte portant sur la fin de vie, lors de la séance plénière qui s’est tenue le 27 juin dernier. Un vote dénoncé par le Pr Patrice Queneau, membre du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, dont les propos ont été recueillis par Doctissimo.

    Après les conclusions de la Convention citoyenne sur la fin de vie au printemps dernier, c’était l’avis des Sages sur la question qui était attendu. Après une séance plénière qui s’est tenue le 27 juin dernier, un avis officiel de l’Académie nationale de médecine a été publié sur son site internet, détaillant la position officielle de l’instance sur la fin de vie.

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    L’euthanasie écartée, l’assistance au suicide approuvée

    Dans le document, l’Académie nationale de médecine écarte donc le recours à l’euthanasie, mais se prononce pour un droit "à titre exceptionnel" à l’assistance au suicide. Du moins c’est ce que le texte laisse entendre. Interrogé par Doctissimo, le Pr Patrice Queneau, membre du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, nous livre un tout autre récit.

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    Un sujet brûlant examiné juste avant l’été

    Membre du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, le nom du Pr Patrice Queneau apparaît en première page de l’avis intitulé "Favoriser une fin de vie digne et apaisée : Répondre à la souffrance inhumaine et protéger les personnes les plus vulnérables" paru le 17 juillet dernier. Si celui-ci a bien pris part à la séance plénière, il déplore que le sujet n’ait pas fait l’objet d’une séance à part entière.

    "La fin de vie aurait dû faire l’objet d’une présentation générale et d’une discussion au cours d’une séance plénière de l'Académie entièrement consacrée à ce sujet, ne serait-ce que pour souligner l’ampleur de l’enjeu, l'importance des soins palliatifs, notamment les déficits majeurs en ce domaine et la nécessité d'appliquer pleinement la loi Clayes-Leonetti, comme plan prioritaire. Or, ce sujet brûlant n'a été examiné que lors de la dernière séance de juin de l'Académie (avant l'arrêt des séances d'été pendant 2 mois et demi). La présentation de l'avis a donc été "coincée" entre des élections et la présentation de deux autres rapports, suivis de trois communications et d'une présentation d'ouvrage" dénonce-t-il tout d’abord.

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    "Je ressens un malaise profond, c’est un passage en force inacceptable"

    Au delà de la forme, le Pr Queneau tient également à "rétablir la vérité".

    "Après 20 interventions (dont la mienne), il a été proposé par l'un de nous de voter pour ou contre le fait que le texte soit modifié. C’est cette option - pour la modification du texte - qui l'a emporté.

    Ce vote "pour" du 27 juin n'a aucune validité car, réalisé dans la précipitation et la confusion faute de temps - pour un sujet sociétal si lourd de conséquences ! - il résulte en réalité de l’amalgame entre deux types de votes très distincts :

    • ceux favorables à l’avis tel que présenté par Jacques Bringer ;
    • et ceux demandant des modifications, mais qui bien évidemment n'ont "pas voté pour l’avis".

    Pour le Pr Queneau, ce vote n’a donc "aucune valeur".

    Une décision attendue par le gouvernement

    Pourtant, le résultat de ce vote semblait bel et bien attendu par le Gouvernement, notamment. Selon nos confrères du Monde, la ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, en a pris connaissance dès le lendemain, le 28 juin 2023, avant même sa parution officielle, et s’est "réjouie" du résultat.

    Pour Patrice Queneau, "cet avis était aussi attendu car il sert les intérêts du gouvernement". Il rappelle enfin qu’au delà de ce vote, il n’a pas eu connaissance du texte modifié avant sa publication et n’a pas non plus été consulté sur lesdites modifications à apporter. Il est pourtant membre permanent du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine... "Je ressens un malaise profond, c’est un passage en force inacceptable" conclut-il.


    Sources
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