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  • Sarco, la capsule "à suicide", de nouveau refusée en Suisse. Un médecin en soins palliatifs s'exprime

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    Sarco, la capsule “à suicide” qui crée la polémique, de nouveau refusée en Suisse

    Créée par un médecin australien, Sarco, une capsule permettant le suicide devait être utilisée pour la première fois en Suisse cette semaine. Un projet interrompu, en raison d’une polémique. Dérive ou progrès ? Le Dr Alexis Burnod, médecin en soins palliatifs nous donne son avis.

    Elle ressemble à une capsule futuriste, mais ce n’est pas un voyage spatial que Sarco vous propose. Le dispositif inventé par Philip Nithschke, un Australien de 76 ans à la tête du groupe pro-euthanasie Exit International entend vous faciliter… le suicide.

    Une capsule pour… se suicider

    D'après ses promoteurs, cette invention permettait d’aider les personnes à mourir sans aucune douleur, bien installé dans une capsule tout confort : en appuyant simplement sur un bouton, la personne souhaitant en finir peut libérer de l'azote, un gaz provoquant la perte de conscience puis la mort par asphyxie.

    Pour aller au bout du projet (ou du cynisme), un modèle duo, conçu pour les couples qui veulent mourir ensemble, est en cours de production. The Last Resort, l'association promouvant la capsule, estime même qu'elle pourrait à terme être fabriquée par une imprimante 3D, pour un "suicide DIY". L’inventeur en revanche ne s’étend pas sur les critères pour avoir accès à son dispositif, qui s’affranchit visiblement de toute considération médicale.

    Refusée cette semaine en Suisse

    Malgré la polémique et les nombreuses questions que peut soulever cette nouvelle invention, le journal Suisse Neue Zürcher Zeitung avait annoncé que le canton suisse du Valais se préparait cette semaine pour une première mondiale. Mais peu après, le médecin cantonal a fait savoir que finalement, les autorités locales avaient décidé d'interdire ce dispositif. Le pays, pourtant ouvert au suicide assisté, n’est finalement pas convaincu. Les autorités attendent d'avoir "des renseignements et des informations plus conséquentes sur le dispositif et son utilisation".

    Ce n'est pas la première fois que l'arrivée possible du "Sarco" provoque une vive controverse chez nos voisins helvétiques, rappelle Le Temps. En 2022, une précédente tentative et la polémique qui avait suivi avait déjà provoqué l’annulation de la tentative. L’un des problèmes majeurs reste qu’aujourd’hui la formule helvétique du suicide assisté veut que les personnes puissent y avoir recours pour autant qu’elles soient victimes de "souffrance intolérable". Ce qui ne semble plus être le cas avec le sarco.

    Dr Alexis Burnod : "La continuité d’un mouvement pro suicide qui gagne l’Occident"

    Le "Sarco" est-il l’idée d’un illuminé, ou a-t-il des chances de se développer réellement comme une solution, un choix ultime ? Pour en parler, Doctissimo a contacté le Dr Alexis Burnod qui exerce la médecine palliative à l’Institut Curie. Entre curiosité et réaction désabusée, le médecin nous expose son point de vue.

    "On connaissait l’engin depuis 5 ans puisqu’il avait été présenté à un congrès sur la fin de vie. Mais je ne m’attendais pas forcément à ce que cela fasse l’objet d’une commercialisation. Toutefois, je ne suis pas surpris. C’est la continuité logique d’un mouvement occidental qui milite de plus en plus pour la promotion du suicide. On est là-dedans aujourd’hui" se désole le médecin.

    En France également, sans avoir droit à un dispositif de la sorte, l’expert rappelle que dans les dernières discussions sur l’aide à la fin de vie à l’Assemblée Nationale, plus les heures passaient, plus les propositions pour élargir l’accès se succédaient : aux personnes handicapées, sans pronostic, sans délai de réflexion…

    "On voit bien que derrière un discours qui peut être compréhensible, celui de maîtriser un peu plus sa fin quand on est dans une situation difficile, il y a maintenant un projet, un business, un courant de pensée pro suicide qui s’installe" regrette l’expert.

    Penser la fin de vie avec plus de nuance

    Ce que redoute par ailleurs le médecin, c’est l‘impression que donne ce genre d'annonce : "On est dans un monde de plus en plus violent où apporter de la nuance, de la concertation devient compliqué et où la vulnérabilité doit être éliminée. Il devient difficile dans ce cas de défendre les valeurs d'éthique de soins, de solidarité, d’aide de la personne vulnérable, de lui donner envie de vivre… Je suis triste qu’on s'achemine vers cela, mais finalement pas surpris" conclut-il.


    Sources
    • Entretien avec le Dr Alexis Burnod, qui exerce la médecine palliative à l’Institut Curie.
    • Le Temps, 4 juillet
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