En se retenant d'éternuer, un homme s'arrache la trachée. Comment est-ce possible ?
Récemment, un homme au volant de sa voiture s’est retenu d’éternuer. Pris d’une violente douleur, il se rend à l’hôpital et se voit diagnostiquer une perforation trachéale. Comment expliquer un tel incident ? Le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste, nous répond.
C’est en Angleterre que les faits se sont produits. Un homme d’une trentaine d’années souffrant de rhinite allergique s’est retenu d’éternuer au volant de sa voiture. Résultat : il s’est déchiré la trachée. Ce cas clinique étonnant a été partagé dans la revue BMJ Case Reports.
Le cou du patient a fortement gonflé
Après s’être retenu d’éternuer en se pinçant le nez et en maintenant la bouche fermée, l’homme a ressenti une vive douleur, localisée au niveau du cou. Il s’est alors rendu à l’hôpital de la faculté de médecine de Dundee (Écosse) pour un contrôle.
Les médecins se sont aperçus que son cou avait gonflé et qu’il présentait un léger crépitement gazeux (de sortes de petites bulles sous la peau, ndlr). Les mouvements de son cou étaient par ailleurs limités.
Un examen plus poussé des tissus du cou a finalement montré un "emphysème chirurgical" accompagné d’une légère déchirure de la trachée, sur 5 mm de profondeur, entre la troisième et la quatrième vertèbre thoracique. De l’air dans la région du thorax a également été détecté.
D’après les médecins, aucun doute : cette perforation de la trachée est liée à la pression accrue entraînée par l’éternuement - avec le nez pincé et la bouche fermée.
Des effets secondaires potentiellement gravissimes
Si cet incident est pour le moins rarissime, se retenir d’éternuer peut bel et bien être dangereux, rappelle le Dr Gérald Kierzek.
"L’éternuement est un acte réflexe. Il est souhaitable de ne pas l’arrêter sinon on risque une hyper pression dans l’organisme. On peut alors souffrir d’un pneumothorax, d’une rupture des tympans, d’une rupture d’anévrisme, ou, comme ici c’est le cas, d’une rupture de la trachée, qui reste néanmoins rarissime", prévient le directeur médical de Doctissimo.
Et attention, "une rupture de la tranchée n’est pas anodine car elle peut entraîner un emphysème sous la peau, des douleurs thoraciques, une détresse respiratoire voire un risque de décès", précise encore le médecin.
Des analgésiques comme traitement
Le patient britannique, relativement chanceux, n’a reçu que du paracétamol et de la codéine pour calmer sa douleur. Il a également été traité pour sa rhinite allergique et a dû éviter le sport durant deux semaines.
Cinq semaines plus tard, lors d'un examen de contrôle, il ne présentait plus aucune lésion.
Les médecins rappellent que cet incident doit servir d’avertissement et qu’il ne faut jamais retenir un éternuement en pinçant son nez et en fermant la bouche.