Masque FFP2 et Covid-19 : la solution contre Omicron ?
Dans certains pays européens, le port de masques FFP2 est obligatoire dans les lieux publics. Qu’en est-il en France ? Faut-il y avoir plus largement recours face à au variant Omicron, très contagieux ? Où le trouver et à quel prix ? Toutes les réponses.
En Allemagne, en Italie ou encore en Autriche, le masque FFP2 est obligatoire dans certains lieux publics comme les transports en commun, les musées et les cinémas, et ce depuis plusieurs mois déjà. Quelle différence avec le masque chirurgical ? Faut-il l’adopter en France ? Le gouvernement s’interroge. Le 29 décembre 2021, le ministre de la Santé Olivier Véran expliquait avoir demandé l’avis du Haut Conseil de la santé publique “sur la question des masques FFP2, notamment des soignants, compte tenu de la très forte circulation du variant Omicron et de manière à éviter les paralysies dans certains services totalement essentiels”.
Masque FFP2 : qu’est-ce que c’est ?
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) explique qu’un masque FFP est un “appareil de protection respiratoire”, normé NF EN 149. “Il est destiné à protéger celui qui le porte contre l’inhalation à la fois de gouttelettes et de particules en suspension dans l’air”. Contrairement au masque chirurgical, il permet donc d'éviter "l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air”.
Il existe trois catégories de masques FFP, plus ou moins filtrants. Les masques FFP2 filtrent “au moins 94 % des aérosols de taille moyenne 0,6 µm”. Il est composé d’une pièce faciale (demi-masque ou masque complet) et d’un dispositif de filtration.
Masque FFP2 : pour qui ?
Selon le ministère de la Santé, “le port de masques de type FFP2 est préconisé pour les personnels de soins lors des phases de transmission interhumaine et pandémique et pour les personnes à risque majeur d’exposition (proximité de moins d'un mètre d’une personne malade), tels que les professionnels de santé au contact des malades”. Comme le souligne Le Monde, “à l’hôpital, le masque FFP2 est essentiellement utilisé dans les services accueillant de nombreux malades du Covid-19, en réanimation ou au bloc chirurgical”.
Masque FFP2 : quelle efficacité ?
Néanmoins, le fait qu’il soit plus efficace que le masque chirurgical pousse d’autres types de population à l’adopter. Sur Twitter, le président de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a affirmé le 3 janvier 2022 qu’ils allaient “distribuer des masques FFP2 lors de [leurs] meetings. Ils ramènent le risque de contagion en dessous de 1%.”
Nous allons distribuer des masques FFP2 lors de nos meetings. Ils ramènent le risque de contagion en dessous de 1%. Ils sont plus efficaces que les masques chirurgicaux.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 3, 2022
Nous prenons des dispositions pour que les gens soient protégés. #Elysee2022 pic.twitter.com/jn81m9XXOR
En effet, une étude parue le 7 décembre 2021 dans la revue scientifique américaine PNAS montre que lorsqu’une personne positive au Covid-19 discute avec une autre personne non contaminée et que les deux portent un masque chirurgical, le risque maximal d’infection est de 30%. Un risque qui chute à 0,4% avec un masque FFP2.
Masque FFP2 : où le trouver et à quel prix ?
Le grand public peut se procurer des masques FFP2 en pharmacie ou dans le commerce, à un prix plus élevé que celui des masques chirurgicaux : il faut compter environ 20€ pour une boîte de 20 masques FFP2, contre 5 euros les 50 masques chirurgicaux.
Masque FFP2 : doit-on généraliser son utilisation ?
Mais selon les experts, la généralisation des masques FFP2 n'est pas la solution face à l'explosion des cas de Covid-19 portée par le variant Omicron. D’après l’INRS, “appeler à la généralisation du port du masque FFP2 serait un raccourci erroné”, notamment à cause de son inconfort : “le port de ce type de masque est plus contraignant (inconfort thermique, résistance respiratoire) que celui d’un masque chirurgical”. Le ministère de la Santé souligne également ce point : “sa durée de protection varie entre trois et huit heures, mais il est difficilement supporté au-delà de quelques heures”.
Par ailleurs, l’INRS pointe du doigt son utilisation plus technique : “un masque FFP2, comme tout appareil de protection respiratoire, pour être efficace doit être bien ajusté. Si l’on ne serre pas la barrette nasale, par exemple, autant mettre un masque chirurgical qui sera bien plus confortable.” Le ministère de la Santé ajoute qu' "une fois mis en place, le masque ne doit plus être touché. Une fois enlevé, il ne doit pas être réutilisé. Il doit être changé immédiatement en dehors de la présence du patient, chaque fois qu’il est souillé, mouillé, ou mal positionné sur le visage."
L'INRS rappelle que dans tous les cas, “le port du masque seul n’est pas suffisant et qu’il n’est qu’un élément parmi les autres mesures barrières mises en place pour éviter les risques de transmission de la Covid-19. Aucun masque n’a une efficacité barrière de 100 %.” Le port du masque doit ainsi “s’accompagner d’un respect des règles de distanciation, d’une bonne hygiène des mains, d’un isolement des personnes symptomatiques, du nettoyage des surfaces ainsi que de l’aération des locaux. Le port du masque ne peut affranchir d’une protection collective.”
Masque FFP2 : les autorités sanitaires défavorables à sa généralisation
Le 10 janvier, lors d'une audition au Sénat, Olivier Véran a déclaré que "l'avis du HCSP (Haut Conseil de la santé publique, NDLR) n'irait pas vers une extension du port du FFP2". Aucune étude scientifique n'a en effet montré que la généralisation de ce masque au grand public avait un impact positif sur l'épidémie. "On est assez loin d'après le HCSP d'étendre le FFP2 à d'autres catégories professionnelles, y compris d'ailleurs dans le milieu des soignants", a-t-il précisé. Celui-ci n'est d'ailleurs recommandé qu'à ceux "qui sont aujourd'hui considérés comme à risque parce qu'exposés à des gouttelettes" porteuses du virus, a rappelé le ministre de la Santé.
Toutefois, si le gouvernement optait à l'avenir pour la généralisation du masque FFP2, les stocks ne devraient pas manquer. C'est ce qu'a affirmé le président du syndicat des fabricants français de masques (F2M) Christian Curel à BFMTV le 8 janvier : "la filière française est capable de produire 40 à 50 millions de masques FFP2 par semaine à partir du moment où on s'organise un petit peu", a-t-il précisé.