Scanner thoracique : indication, préparation, déroulement, interprétation des résultats
Un scanner thoracique peut être envisagé dans différentes situations. Quelles pathologies cet examen médical permet-il d’explorer ? Comment se déroule cet examen ? Les explications du Dr Raphaël Benchimol, radiologue à Paris.
Scan thoracique ou radiographie pulmonaire, quelles différences ?
Le scanner thoracique est un examen de choix dans l'exploration de la région thoracique, à savoir : le parenchyme pulmonaire, le médiastin (la région du thorax située entre les deux poumons), qui comprend le coeur et son enveloppe (le péricarde), les vaisseaux sanguins (l’aorte et l’artère pulmonaire), les ganglions, la glande thyroïde, la plèvre, les côtes, les tissus mous ainsi que le sternum. "La technique utilisée recourt aux rayons X. A la différence d’une radiographie du thorax standard, le scanner thoracique permet d’obtenir des images en coupe, beaucoup plus précises", souligne le Dr Raphaël Benchimol, radiologue à Paris.
Indications : quand passer un scanner thoracique ou tomodensitométrie (TDM) ?
Un scanner thoracique est prescrit par un médecin dans différentes situations médicales.
C’est le cas lorsqu’un patient présente des symptômes tels qu’un essoufflement, de la toux, des crachats sanglants, une douleur thoracique, voire un traumatisme thoracique grave.
Un scanner thoracique peut aussi être prescrit par un médecin en complément d’une radio des poumons qui présente un aspect pathologique afin de déceler d'éventuelles anomalies, même de petite taille.
Le scanner permet aussi l'analyse des complications du tabagisme telles que remodelage des bronches, emphysème et inflammation chronique des alvéoles respiratoires.
Enfin, le scanner thoracique peut être prescrit pour explorer les pathologies infiltrantes du poumon : fibroses, maladies liées aux inhalations professionnelles ou environnementales, aux médicaments ou encore aux maladies de systèmes.
Quand est-il associé à un scanner abdominal ?
Enfin, en l’absence de symptômes, un scanner du thorax peut être envisagé dans le cadre d’un dépistage chez des personnes fumeuses ou chez des patients ayant un antécédent de cancer qui peut métastaser au niveau pulmonaire. "Dans ces situations particulières, cet examen d'imagerie est souvent associé à un scanner Abdomino-Pelvien dans le cas d’un scanner thoraco-abdomino-pelvien (TAP) qui permet de dépister et suivre l’évolution des métastases", explique le Dr Raphaël Benchimol.
Le faisceaux de rayons X n’étant pas en projection de l’utérus, la grossesse ne représente pas une contre-indication à cet examen.
Injection d’un produit de contraste pour explorer le thorax
En fonction du motif de consultation, un produit de contraste pourra être injecté à l'aide d'une perfusion intraveineuse. "C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit d’explorer le médiastin, et notamment l’artère pulmonaire, pour diagnostiquer une embolie pulmonaire, par exemple", explique le médecin radiologue. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit d’analyser les ganglions du médiastin, la présence d’un produit de contraste facilitera l’observation des vaisseaux. Dans les autres indications, l’injection d’un produit de contraste n’est pas nécessaire.
Comme le produit de contraste peut occasionner des atteintes rénales, les patients qui souffrent d’une maladie rénale ou d’autres pathologies pouvant atteindre les reins (diabète, par exemple) sont invités à faire réaliser une prise de sang avant l’examen.
Dans certains cas rares, une allergie au produit de contraste peut être repérée. "Il s’agit de bien distinguer les effets indésirables transitoires du produit, comme la sensation de chaleur, une envie d’uriner ou un état nauséeux, d’une véritable allergie pouvant notamment se traduire par des éruptions cutanées", précise le Dr Raphaël Benchimol. Ces réactions allergiques sont rares et imprévisibles. Toutefois, en cas d’allergie à un composant, des solutions existent. "Etre allergique à tous les produits de contrastes est rare", résume le radiologue. En la matière, il convient de procéder à des tests complets dans un centre expert en allergologie afin de connaître précisément le type de produit de contraste auquel la personne est allergique.
Déroulement de l’examen
Faut-il se déshabiller pour passer un scanner ?
Seuls les vêtements situés sur la zone à examiner doivent être retirés.
Combien de temps dure un scanner avec ou sans injection ?
Un scanner thoracique est un examen rapide (il dure 5 minutes) et ne requiert aucune préparation particulière. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun. Après l’examen de santé, une bonne hydratation favorise l’élimination du produit de contraste en cas d’injection.
Le patient est allongé sur une table mobile et guidé par un manipulateur. Cette table se déplace au sein d’un anneau pour réaliser des clichés. "Contrairement à l’IRM qui dure un peu plus longtemps, le scanner thoracique n’est pas anxiogène et n’occasionne pas de claustrophobie chez les personnes prédisposées", indique le radiologue.
Interprétation des résultats d'un scanner thoracique : qu'est-ce qu'on voit ?
Un scanner thoracique permet de diagnostiquer des pathologies aiguës ou chroniques du parenchyme pulmonaire : problématiques infectieuses, bactériennes, voire tuberculose, présence d'une tumeur ou de nodules suspects, maladies fibrosantes du tissu interstitiel, emphysème pulmonaire…
Cet examen permet également de diagnostiquer une dilatation des bronches, une BPCO (une complication bronchique de l’intoxication tabagique). "Au niveau des vaisseaux, il permet de diagnostiquer une embolie pulmonaire ou un anévrisme de l’aorte", précise le radiologue.
L’exploration des ganglions du médiastin permet de diagnostiquer un lymphome ou une accumulation de liquide au sein du péricarde (péricardite). L’étude de la plèvre pourra diagnostiquer une éventuelle pleurésie ou péricardite.
Dans la grande majorité des situations médicales, cet examen suffit à poser un diagnostic médical.
Toutefois, en cas de présence de nodules avec suspicion de cancer, une biopsie sera réalisée.
Scanner thoracique et dépistage du cancer du poumon
Souvent diagnostiqué à un stade tardif, métastasé avec un mauvais pronostic (le taux de survie à 5 ans est de 20%), le cancer du poumon est le cancer qui occasionne le plus de décès chaque année (33 000 décès). En février 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) a encouragé la réalisation de nouvelles études afin de montrer l’intérêt du scanner thoracique en matière de dépistage et son incidence sur la mortalité chez les personnes fortement exposées au tabac1.