Pour la grande majorité du public, les personnes handicapées ne sont pas assez représentées à l'écran
Près de sept personnes sur dix regrettent un manque de représentation des personnes en situation de handicap dans les séries et les films, rapporte une étude américaine. Pourtant, ces spectateurs ont une consommation télévisuelle plus élevée que celle des personnes dites "valides".
Ils ont beau rester plus d'heures devant la télé que les autres spectateurs dits "valides", les personnes en situation de handicap auront toujours plus de mal à se reconnaître à travers les personnages des programmes qu'ils regardent. C'est ce que démontre la dernière étude menée par l'organisation à but non lucratif, Inevitable Foundation, menée auprès de plus de 1000 personnes, divisés équitablement entre personnes "valides" et "handicapées". 66% des personnes interrogées se sont dites insatisfaites de l'actuelle représentation des personnes atteintes de handicap physique et mental au cinéma et à la télévision.
Pire encore, plus de 25% des personnes interrogées estiment que plus de 90% des représentations de personnes handicapées qu'elles ont vues dans l'année sont éloignées de la réalité.
La tendance a beau être à la diversité à Hollywood, les personnes en situation de handicap sont toujours laissées en marge. Et pourtant, ces dernières sont de plus grandes consommatrices de télé que les personnes dites "valides". D'après le rapport, 63% des personnes atteintes de handicap regardent la télévision plus de 10 heures par semaine, contre 55% des personnes "valides". Elles sont même 35% à y consacrer plus de 20h, contre 25% pour les personnes dites "valides".
Un public fidèle
Et pourtant, le public est friand de ce genre de programme plus inclusif. Alors que certains n'hésiteraient pas à dépenser pour avoir accès à une plateforme avec plus de représentation des personnes en situation de handicap, ils sont davantage à envisager d'annuler leur abonnement dans le cas contraire. 20% du public, atteints de handicap ou non, envisageraient de s'abonner à une nouvelle plateforme de streaming ou d'aller plus souvent au cinéma si les contenus "comportent des représentations authentiques de personnes handicapées ou atteintes de troubles mentaux", souligne le rapport. 26% affirment même qu'ils seraient prêts à annuler leur abonnement dans le cas où les séries ou les films propageraient des stéréotypes pouvant nuire aux personnes atteintes de handicap physique et mental.
Ce manque de représentation authentique amène visiblement 31% du public à penser qu'il n'existe aucune plateforme de streaming adaptée.
Pourtant, l'audience que représente cette communauté n'est pas à prendre à la légère. S'ils sont des spectateurs fidèles, ces derniers sont aussi très engagés. 43% des personnes sondées affirment partager et échanger régulièrement sur des films et des séries télévisées offrant une représentation plus fidèle des personnes atteintes de handicaps mentaux ou physiques. 40% sont même plus enclins à recommander de tels programmes à leurs amis et familles.
Au même titre que les programmes offrant une meilleure représentation de la religion, ce genre de contenus pourrait aider à déconstruire certains stéréotypes encore trop présents à l'écran et dans l'industrie. Récemment, le casting du film "Un p'tit truc en plus" réalisé par Artus, composé d'acteurs et d'actrices en situation de handicap, a été au cœur d'une polémique. En effet, aucune marque de luxe n'a accepté de les habiller pour la montée des marches au dernier Festival de Cannes. Sortie le 1er mai dernier, la comédie est devenue le plus gros succès de l'année en France avec plus de neuf millions d'entrées.