Grève des opérateurs du Samu : les assistants de régulation médicale devant le ministère de la Santé
Chargés de répondre aux appels émis vers le 15 (Samu), les assistants de régulation médicale sont en grève dans 75% du territoire. Si le service reste assuré, ces professionnels réclament revalorisations salariales et embauches. Ils seront devant le ministère de la Santé, le 7 septembre prochain. Les explications de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF).
Lorsque vous composez le 15, les assistants de régulation médicale (AMR) vous posent les premières questions, pour comprendre l’urgence et si besoin, passer l’appel à un médecin et déclencher l’intervention d’une équipe médicale.
Bien qu’en grève sur les trois quarts du terrtoire français, ils sont assignés à leurs postes et travaillent "normalement, sans perte de salaire" et "sans conséquences sur le délai et la qualité de réponse pour les Français" explique Yann Rouet, coprésident de l’Afarm (Association française des assistants de régulation médicale) à nos confrères de 20 minutes.
Des professionnels de santé "épuisés" par leurs missions
"Les assistants de régulation étaient auparavant embauchés et formés sur le tas, dès que l’on avait un moment" explique tout d’abord Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l’AMUF, l'Association des médecins urgentistes de France.
"Maintenant, les choses se sont un peu améliorées, ils sont recrutés après une formation professionnalisante, qui dure un an et sont considérés comme des personnels soignants, classés en catégorie B de la fonction publique". Malgré ce progrès, les AMR restent en nombre insuffisant : ils réclament environ 800 recrutements supplémentaires, afin de pouvoir réguler correctement le nombre d’appels entrants. Les agents réclament aussi des revalorisations salariales.
Plus d’appels vers le 15 et pas assez de répondants
"Il y a plus de lignes entrantes vers le 15, et donc plus d’appels, notamment avec les recommandations du précédent ministre de la Santé, François Braun, d’appeler au lieu d’aller aux urgences. L’objectif idéal est de décrocher dans les 30 secondes après l’appel, mais en raison du manque de personnel cela peut atteindre 10 minutes ! Et là, tout dépend de l’objet de l’appel : si c’est une grippe, ce n’est pas grave ; si c’est un arrêt cardiaque, ce n’est plus un médecin pour sauver le patient qu’il faut envoyer mais plutôt pour signer un certificat de décès" déplore l’urgentiste, qui rappelle qu’être régulièrement confronté à ce type de situation peut jouer sur le moral des ARM.
Une désaffection pour le métier et une charge de travail supplémentaire
En plus de cette responsabilité, les conditions de travail sont aussi difficiles. "Un ARM est typiquement la personne qui travaille quand toutes les autres sont de repos : la nuit, les jours fériés, les week-ends… Si cela n’est pas correctement rémunéré et valorisé, cela n’est pas tenable. A cause de cela, les personnes ne restent pas longtemps à leur poste et démissionnent. Résultat : cette pression supplémentaire se reporte sur ceux qui restent" ajoute le médecin.
En plus, cet été, l’activité aurait été "30 % supérieure, notamment dans les zones touristiques", selon Yann Rouet. Et lorsque les moyens humains ne suivent pas, cela bouscule toute la chaîne de prise en charge des soins. "On a beau organiser les transferts, le retard de prise en charge ne se rattrape pas. Et les données épidémiologiques le montrent : pour un patient qui n’est pas hospitalisé immédiatement en soins intensifs alors qu’il le faudrait, il existe pour lui un risque de surmortalité de 30 %" conclut Christophe Prudhomme.
Les ARM demandent une reconnaissance de la pénibilité de leur travail
Les ARM demandent une prime mensuelle de 100 euros que touchent déjà les professionnels des autres structures d'urgences, et des précisions sur de nouvelles grilles, promises par les autorités.
"On est en sous-effectifs, le problème est que nos écoles ne sont qu'à moitié remplies (...) Aujourd'hui, un ARM fait jour, nuit, week-end, met quelque part sa vie de côté, pour 1300 euros", a dénoncé mardi sur BFM Lyon Alexandre Maluga, coprésident de l'Afarm.
Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait déclaré mi-août : "Les ARM, c'est le coeur, c'est la rotule de notre système de régulation. Ils ont une fonction particulière qui, en quelques années, a pris beaucoup d'ampleur (...) Je considère qu'une partie de (leurs) revendications sont légitimes et on va y travailler dans les toutes prochaines semaines". Mais selon Alexandre Maluga : "On attend toujours sa réponse malheureusement. Il n'y a aucune date de fixée, hormis par la directrice de la DGOS (Direction générale de l'Offre de soins), qui souhaiterait nous voir fin septembre".