• Actualités
  • Urgences pédiatriques saturés : l'enveloppe de 150 millions est-elle suffisante ?

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    Sihem Boultif
    Sihem Boultif Journaliste santé

    Transferts d’enfants dans d’autres régions, chirurgies déprogrammées… Face à la saturation des services hospitaliers en pédiatrie, l’épidémie de bronchiolite est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Plus de 4000 soignants co-signent une lettre ouverte pour dénoncer la situation. Le gouvernement répond par un "plan d’action immédiat" qui comprend une enveloppe de 150 millions d’euros. Est-ce suffisant ? L'avis du Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo.

    L’information a tourné en boucle tout le week-end. Plus de 4 000 soignants – 4 1 48 pour être exact – et 18 associations de patients ont co signé une lettre ouverte destinée au gouvernement, pour dénoncer la situation de la pédiatrie à l’hôpital.

    La suite après cette publicité

    "Après 2 semaines seulement d’épidémies hivernales, habituelles et prévisibles, les services de réanimations pédiatriques partout en France sont saturés, les services d’hospitalisation débordent, les soins dits non urgents sont reportés et plus de 15 enfants parisiens ont été transférés hors région, à Reims, Rouen, Amiens, Orléans, alors que leur situation médicale était critique" écrivent les spécialistes.

    La suite après cette publicité

    Une situation intenable

    Praticien hospitalier en service de réanimation et de pédiatrie néonatale à l’hôpital Necker à Paris, le Dr Taymme Hachem est consterné par la situation. "Nous sommes confrontés à une grave pénurie de personnels, des lits ferment et nous nous retrouvons face à une situation saturée, qui nous pousse à transférer des patients hors de Paris pour assurer leurs soins" indique-t-il.

    Des transferts qui ne sont pas sans conséquences. "Les familles ne comprennent pas toujours ce qui se passe, cela nous confronte à des violences verbales, parfois physiques… Sans compter les frais que cela leur occasionne pour se déplacer près de leur enfant quand les familles le peuvent, parfois, les enfants restent seuls car leurs parents ne peuvent pas aller les voir, c’est inacceptable sur le plan humain" ajoute le médecin.

    La suite après cette publicité

    Pénurie de personnel

    Quelle est la raison de cette crise ? "La pénurie de personnel, le manque de reconnaissance des soignants et de la spécialité qu’est la pédiatrie" sont les trois éléments catalyseurs, qui font aujourd’hui exploser les services de pédiatrie des hôpitaux, selon le Dr Hachem. "Nous manquons de personnels, les soignants sont épuisés, ils ne sont plus intéressés par des métiers épuisants, dont les conditions de travail et le salaire ne sont pas au rendez-vous. Il faudrait revaloriser les salaires des soignants, mieux rémunérer les consultations des pédiatres qui sont longues mais mal rétribuées et recruter du personnel" ajoute le médecin.

    La suite après cette publicité

    Promesses du gouvernement

    Recruter c’est justement l’intention du gouvernement, du moins dans les propos qu’à tenu le ministre de la Santé François Braun, sur le plateau de BFMTV. Le plan annoncé devra permettre "une hausse du personnel, à condition qu’on en trouve" a ainsi indiqué le ministre. En plus de ces potentiels recrutements, incertains pour l’heure, le gouvernement a déclenché des "plans blancs" localement, dispositif de crise pour faire face à un afflux massif de patients en raison d’une épidémie ou d’une catastrophe.

    Le ministre de la Santé annonce aussi une enveloppe de 150 millions d’euros pour l’hôpital, et assure que l’on va prendre en charge "tous les enfants qui nécessitent d’aller à l’hôpital" et demande aussi aux parents d’éviter "d’aller à l’hôpital quand ce n’est pas nécessaire" et d’appeler d’abord le 15.

    La suite après cette publicité

    Des mesures non adaptées

    "Cela fait des années que l’hôpital est sous l’eau et nous allons passer un hiver de plus dans cette situation" dénonce Andreas Werner, pédiatre et président de l’Association Française de pédiatrie ambulatoire.

    "En tant que pédiatre de ville, nous devons répondre à l’appel à l’aide de nos confrères hospitaliers, nous allons déprogrammer des rendez-vous de suivi et d’autres consultations non urgentes mais est-ce la solution ? Ces enfants qui les verra ? On déshabille Pierre pour habiller Paul, ce n’est pas acceptable" dénonce le médecin, qui rappelle que la France est moins bien dotée en pédiatre par nombre d’enfants que d’autres pays européens voisins.

    La suite après cette publicité

    Les 150 millions d’euros promis vont-ils changer la donne ? "Non, ce n’est pas un problème d’argent" s’exclame encore le Dr Werner. "C’est bien mais le problème de fond, c’est la pénurie de personnel, et le nivellement par le bas de la pédiatrie, notamment en libéral".

    Eduquer les parents

    Que conseiller aux parents ? "Ils faut qu’ils prennent leurs responsabilités et qu’ils s’informent. Ils peuvent consulter notre site Mpedia où se trouvent des fiches sur la prise en charge d’une fièvre, d’une bronchiolite… Des recommandations officielles que nous leur mettons à disposition pour que chacun joue le jeu face à cette crise", ajoute le Dr Werner.

    La suite après cette publicité

    Quant aux soignants hospitaliers, s’ils dénoncent l’inaction politique irresponsable, "ils feront tout leur possible pour prendre en charge au mieux ces enfants malades", comme ils l’ont écrit dans leur lettre. Car "miser sur les enfants, c’est miser sur l’avenir" conclut le Dr Hachem.


    Sources
    • Entretien avec le Dr Andreas Werner, président de l'AFPA
    • Entretien avec le Dr Taymme Hachem, pédiatre à l'hôpital Necker
    • Site d'information à destination des parents MPedia
    Partager sur :

    Newsletter Bien Vieillir

    Recevez nos dernières actualités pour rester en forme

    Doctissimo, met en oeuvre des traitements de données personnelles, y compris des informations renseignées dans le formulaire ci-dessus, pour vous adresser les newsletters auxquelles vous vous êtes abonnés et, sous réserve de vos choix en matière de cookies, rapprocher ces données avec d’autres données vous concernant à des fins de segmentation client sur la base de laquelle sont personnalisées nos contenus et publicités. Davantage d’informations vous seront fournies à ce sujet dans l’email qui vous sera adressé pour confirmer votre inscription.

    Merci de votre confiance

    Découvrez toutes nos autres newsletters.

    Découvrir