Jouets, couches, emballages... la Commission européenne veut interdire des milliers de substances chimiques
Perturbateurs endocriniens, métaux lourds... Des milliers de substances chimiques pourraient être interdites d'ici 2030 dans les jouets, vêtements, meubles et emballages alimentaires.
Elles sont partout mais elles sont nocives pour notre santé : ces substances chimiques cancérogènes - que l’on retrouve dans les matelas, vêtements, jouets, cosmétiques ou encore emballages alimentaires - contaminent notre quotidien. Grande nouvelle : d’ici à 2030, des familles entières de substances classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques sont en passe d'être interdites par l'Union européenne.
Un environnement "sain" pour 2030
Après de multiples reports, dus notamment à la résistance des industriels, la Commission européenne a publié lundi 25 avril un vaste programme pour éliminer des milliers de produits dangereux. Six familles de substances toxiques examinées par l'Echa (Agence européenne des produits chimiques) sont plus particulièrement visées.
Il s’agit du groupe des PVC (polychlorures de vinyle), plastiques cancérogènes que l’on retrouve dans une vaste gamme de produits (rubans adhésifs, jouets, films alimentaires, sièges de voiture, chaussures, textiles…), ainsi que leurs additifs (phtalates, PFAS...), dont les effets nocifs portent essentiellement sur la fertilité, le développement du fœtus, les cancers ou l'obésité.
Bon nombre d’entre eux, comme les PFAS, présents dans les emballages de nourriture (notamment de fast-food), se décomposent très lentement et s'accumulent dans l'environnement et dans l’organisme, y compris le foie (avec des risques de maladie hépatique). Les PFAS peuvent même se retrouver dans l’eau potable et le sang humain, selon une récente étude menée par des chercheurs de la Keck School of Medicine de l’USC.
Sont aussi visés les retardateurs de flammes (vêtements, matelas…), les bisphénols, des perturbateurs endocriniens utilisés dans la fabrication de biberons, conserves et tickets de caisse ; et les substances classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) dans les articles pour enfants.
"Ces restrictions visent à réduire l’exposition des personnes et de l’environnement à certains des produits chimiques les plus dangereux en visant un large éventail d’usages, industriels, professionnels et dans les produits de consommation", a commenté le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius.
Le plan anticipe une interdiction d'ici à deux ans et complète en 2030.
Une interdiction valable pour les produits importés
Les substances toxiques françaises ne seront pas les seules concernées. La Commission européenne souhaite également interdire les produits chimiques importés.
"Il est vraiment important que la Commission tienne le cap (…) pour protéger les populations et l'environnement", indique Élise Vitali, chargée politique des produits chimiques au Bureau européen de l'environnement, qui craint des pressions des lobbys.
Selon Eurostat, l’office statistique de l’UE, chaque année, en Europe, 300 millions de tonnes de substances chimiques sont fabriquées.
Parmi elles, on retrouve plusieurs familles de plastiques, répertoriées de 1 à 7. Certaines, sont plus dangereuses que d’autres :
"Les plus potentiellement toxiques sont le polyéthylène téréphtalate (PETE), le polychlorure de vinyle (PVC), le polypropylène (PP), le polystyrène (PS) et le polycarbonate (PC), qui correspondent respectivement aux numéros 1, 3, 5, 6 et 7", affirme le Dr Pierre Souvet, cardiologue, à RTBF.
Si le plastique est chauffé (barquette alimentaire au micro-ondes) ou si la durée de contact du plastique avec le liquide ou l’aliment est grande (bouteille d’eau), les risques pour la santé sont multipliés.
Pour minimiser les effets nocifs, il est recommandé de transvaser le plus tôt possible les aliments ou liquides dans des contenants en matière inerte comme le verre.