Smartphone : les patchs anti-ondes ne présentent aucun bénéfice pour la santé
Des influenceurs font régulièrement la promotion de patch anti-ondes à coller sur le smartphone. Inutiles, ces gadgets provoqueraient même l’effet inverse que celui escompté, c’est à dire augmenter l’émission d’ondes. Le point sur la question avec le Dr Christophe De Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’expert de Doctissimo.
Les ondes font parfois peur à tel point que certaines personnes souhaitent à tout prix s’en protéger. Certains influenceurs ont donc été approchés pour faire la promotion de patch anti-ondes à coller sur le téléphone portable.
Des ondes indispensables au fonctionnement du téléphone
Les smartphones fonctionnant en autonomie, les ondes radio servent au téléphone pour fonctionner. Il en émet donc et en reçoit. Ces ondes constituent un spectre électromagnétique, qui possède des caractéristiques propres : fréquence, énergie, longueur d’onde...
Ce spectre se retrouve partout et permet à des réseaux comme le Wifi de fonctionner. "Pour qu’un patch soit efficace, il faudrait qu’il entoure complètement le téléphone car le rayonnement émet dans toutes les directions" indique tout d’abord Christophe De Jaeger.
Pas d’intérêt pour la santé
Ces patch anti-ondes sont présentés comme étant la solution pour limiter son exposition aux ondes de son téléphone portable. Les influenceurs prônent un effet sur le sommeil ou les maux de tête. Pourtant, selon nos confrères de Numerama, les deux fondateurs de Fazup admettent que leur produit "élimine la sensation de maux de tête, non qu’il élimine les maux de tête".
L’Agence nationale des fréquences, dont le rôle est de vérifier la conformité des niveaux d’exposition, va plus loin et écrit clairement que "les dispositifs anti-ondes destinés à être placés sur ou à proximité de l’antenne du téléphone mobile ne montrent pas d’efficacité de protection significative pour l’ensemble des téléphones mobiles et des bandes de fréquence testés".
Une émission finalement accentuée ?
Ces patch anti-ondes existent et sont promus malgré les différentes instances sanitaires qui ont expliqué leur inutilité et ce depuis fort longtemps parfois. "Ce que le grand public doit comprendre, c’est que ces patchs ne suppriment pas les ondes, et si ces derniers sont atténués on ne sait pas dans quelle mesure" expose encore le Dr De Jaeger. "Je pense que le risque réside plutôt dans le fait que cela constitue un blocage et que l’émission d’ondes est davantage accentué".
Même avis de l’Anses depuis 2013
En 2013 déjà, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait testé 13 dispositifs et avait conclu que "les dispositifs anti-ondes destinés à être placés sur ou à proximité de l’antenne du téléphone mobile ne montrent pas d’efficacité de protection significative pour l’ensemble des téléphones mobiles et des bandes de fréquence testés. Aucune conclusion ne peut donc être apportée quant à leur efficacité sur une diminution du niveau de DAS, le débit d’absorption spécifique".
Plus grave, l’Anses s’inquiétait en 2013 aussi du fait que "les protections, qui modifient les performances radioélectriques des téléphones mobiles, en dégradant par exemple les capacités de réception, risquent, dans des conditions d’utilisation réelles, d’augmenter le niveau d’exposition de l’utilisateur". Soit tout le contraire de ce que prône le patch anti-onde.
Conseils de prévention
Les smartphones sont des objets qui font partie de notre quotidien et parfois de celui des plus jeunes. Mais les effets des ondes sur l’organisme des adultes mais aussi des enfants est encore mal connnu. Le Dr De Jaeger conseille donc de miser sur le principe de précaution et "les utiliser en les éloignant au maximum de soi, en utilisant la fonction haut-parleur". Et déconseille l’utilisation de ces patchs, qui pourrait "faussement rassurer" et inciter, notamment les plus jeunes, à passer encore plus de temps collés à leur smartphone, de jour comme de nuit.