Attaque au couteau à Annecy : comment s’organise une prise en charge médicale d’urgence ?
C’est un drame qui vient de se dérouler dans la ville d’Annecy, en Haute-Savoie, ce matin. Aux alentours de dix heures, un Syrien âgé de 32 ans a blessé six personnes, dont quatre enfants, dans une attaque au couteau. Comment s’organise la prise en charge médicale de ces victimes, en urgence ? Les réponses du Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
C’est la stupeur dans la petite ville d’Annecy, en Haute-Savoie. Un Syrien âgé de 32 ans a attaqué à l’arme blanche des personnes près du lac bordant la ville, au Pâquier, plus précisément.
L’homme a fait six blessés dont quatre enfants, âgés de 22 mois à trois ans. D’après un dernier bilan communiqué par la préfecture de Haute-Savoie, les victimes sont actuellement "prises en charge en établissement hospitalier".
Suite aux événements qui se sont produits ce matin à #Annecy, vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse pic.twitter.com/OjHseE3UNb
— Préfet de la Haute-Savoie (@Prefet74) June 8, 2023
Des victimes en "urgence absolue", dont le "pronostic vital est engagé"
Les victimes de cet assaillant ont donc rapidement été prises en charge par les secours. Certaines sont décrites comme étant en "urgence absolue" avec un "pronostic vital est engagé". "Lorsqu’on parle d’urgence absolue, c’est en fait un "pré tri" qui est fait par les médecins urgentistes" explique le Dr Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
"Cela permet de réorienter ensuite les malades selon leur état. Généralement, on parle d’urgence absolue lorsque l’une des fonctions vitales de l’organisme est en détresse, le pronostic vital de la victime est donc engagé". Par opposition, l’urgence est dite "relative" lorsque la personne est blessée et nécessite des soins, mais qu’aucune de ses fonctions vitales n’est en péril.
Comment s’organisent les soins, dans ce genre de situation ?
"Dans cette situation, le nombre de blessés ne met pas en péril les capacités hospitalières, il n’y a pas de plan blanc qui sera déclenché par exemple" ajoute le médecin. "La priorité en revanche est de laisser la police sécuriser le périmètre, avant de pouvoir intervenir médicalement, avec l’aide des pompiers". C’est une fois sur place que les médecins peuvent se rendre compte de l’état des victimes et effectuer le tri expliqué plus haut.
Existe-t-il une prise en charge hospitalière spécifique pour les enfants ?
En ce qui concerne les soins de premiers secours, ce sont des urgentistes qui les réalisent, ce ne sont donc pas des médecins spécifiquement destinés à la prise en charge des enfants.
"En revanche, pour l’hôpital, il est possible d’envoyer les enfants victimes au sein d’hôpitaux pédiatriques, s’ils ont les capacités pour les prendre en charge. Sinon, ils seront soignés dans des blocs opératoires d’urgence et ce sont des chirurgiens qui les prendront en charge, comme pour des victimes adultes" précise encore le Dr Kierzek.
Que faire en cas de plaie par arme blanche ?
Lorsque l’on est victime d’un acte de cette nature, la première réaction est la peur, la fuite ou la sidération. Il faut toutefois absolument réagir car une plaie au couteau "au thorax ou à l’abdomen est d’emblée considérée comme une plaie grave" rappelle le Dr Gérald Kierzek, en raison des organes qui se situent dans ces zones anatomiques. "Le premier réflexe est de positionner la victime de manière à ce qu’elle puisse respirer, en position semi-assise généralement, et compresser sa plaie. Si vous êtes seul(e) face à plusieurs victimes, il faudra leur faire des garrots, pour remplacer la compression manuelle". C’est le seul geste à réaliser, la prise en charge de ces victimes devra par la suite être chirurgicale. "D'ailleurs, l'urgence une fois le point de compression réalisé est d'évacuer la victime le plus rapidement possible vers un bloc opératoire" conclut Gérald Kierzek.