Cancer de la vessie avancé : 32 % de récidives et 25 % de décès en moins grâce à une nouvelle immunothérapie

David Bême Rédacteur en chef

Une étude révèle que l'immunothérapie combinée à la chimiothérapie réduit considérablement les risques de récidive et de décès chez les patients atteints de cancer de la vessie.

Cancer de la vessie avancé : des récidives fréquentes

Le cancer de la vessie est le 9e cancer le plus fréquent au monde, avec plus de 614 000 patients diagnostiqués chaque année. Le type de cancer de la vessie le plus courant est le carcinome urothélial, qui débute dans les cellules urothéliales des voies urinaires. Le MIBC, nommé ainsi en raison de sa croissance dans la paroi musculaire de la vessie, représente environ un quart de tous les cas de cancer de la vessie.

"Le cancer de la vessie est majoritairement diagnostiqué à un stade localisé, avec cependant environ 25%, les tumeurs qui sont dites infiltrantes, avec atteinte du muscle vésical (MIBC). Le traitement de référence dans cette situation est une chimiothérapie néoadjuvante (avant la chirurgie pour les patients aptes à la recevoir, puis dans la majeure partie des cas, une ablation de la vessie associée à un curage ganglionnaire. Dans certains cas sélectionnés, une immunothérapie post-opératoire peut également être proposée. Malgré ces traitements, le risque de rechute et de décès reste élevé, souvent supérieur à 30% dans les 3 ans" précise le Dr Delphine Borchiellini, oncologue médical au Centre Antoine Lacassagne.

C’est dire à quel point l’arrivée de nouveaux traitements est attendue par les médecins.

Une réduction significative du risque de récidive et de décès

L’essai, présenté lors du congrès annuel de la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO) 2024, a comparé chez plus de 1000 patients dans 22 pays l'efficacité du durvalumab (Imfinzi) associé à une chimiothérapie néoadjuvante (administrée avant une intervention chirurgicale) à la chimiothérapie seule. Les patients ont été traités avec Imfinzi avant et après la chirurgie, ce qui représente une nouvelle approche de traitement dite périopératoire. Cette stratégie a permis non seulement de mieux cibler les cellules cancéreuses avant l'intervention, mais aussi de renforcer la défense immunitaire du patient après la chirurgie, limitant ainsi le risque de récidive.

Les résultats sont impressionnants : Imfinzi a réduit le risque de récidive de 32 % et le risque de décès de 25 % par rapport à la chimiothérapie néoadjuvante seule. Ces résultats pourraient bien changer la manière dont le cancer de la vessie est traité à l'avenir. 82,2 % des patients traités avec le schéma Imfinzi (durvalumab) étaient en vie à deux ans, contre 75,2 % dans le bras contrôle. Imfinzi (durvalumab) a généralement été bien toléré et aucun nouveau problème de sécurité n’a été observé dans les contextes néoadjuvant et adjuvant. Des événements indésirables de grade 3 et 4, quelle qu'en soit la cause, sont survenus chez 69 % des patients traités par Imfinzi et chez 68 % des patients traités par chimiothérapie néoadjuvante.

Vers un changement du traitement standard

A la lumière de ces résultats, Imfinzi pourrait devenir un traitement standard pour le MIBC, offrant une nouvelle perspective à des milliers de patients à travers le monde. Le professeur Thomas Powles, oncologue et chercheur principal de l'étude, a déclaré : "L’ajout de durvalumab avant et après la chirurgie a considérablement réduit le risque de récidive et prolongé la survie, une avancée significative qui a le potentiel de transformer la norme de soins pour ces patients qui ont désespérément besoin de meilleurs résultats".

Comme lui, de nombreux experts estiment que ce traitement combiné pourrait devenir la norme dans la prise en charge périopératoire du MIBC. "Dans ce contexte, l’étude NIAGARA permettrait de repenser la prise en charge. Il s’agit de la première étude de phase III à montrer le bénéfice en survie d’une immunothérapie associée à la chimiothérapie néoadjuvante, suivie d’une immunothérapie post-opératoire systématique pour les patients avec une tumeur de la vessie infiltrant le muscle. Enfin, ce qui est important de noter pour les patients, c’est qu’Imfinzi (durvalumab) a montré une bonne tolérance dans ce contexte périopératoire, avec des effets secondaires bien connus et gérables" s’enthousiasme ainsi le Dr Borchiellini. Des discussions sont déjà en cours pour l'approbation de cette thérapie en Europe et aux États-Unis.