Cancer du col de l’utérus : l'autotest à faire chez soi pourrait doubler le taux de dépistage
Une nouvelle étude américaine démontre que les femmes seraient plus actives dans le processus du dépistage du cancer du col de l'utérus, si cet examen pouvait se faire à domicile. Des autotests ont depuis plusieurs années démontré leur efficacité.
En France, une femme sur quatre n’a pas de suivi gynécologique et n’effectue pas régulièrement de frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus. Un véritable problème de santé, puisque les kits de prélèvement à domicile du papillomavirus pourraient "doubler" le taux de dépistage chez les femmes sous-dépistées. Les résultats de cette étude sont parus dans la revue The Lancet Public Health.
Certaines femmes isolées ne pratiquent pas de frottis
La principale cause du cancer du col de l'utérus est une infection par un papillomavirus à haut risque (hrHPV), qui expose les femmes à des lésions cervicales précancéreuses. Or, les femmes à faible revenu et sous-dépistées font peu de frottis.
Dans ce contexte, des scientifiques américains ont voulu tester le taux de participation au dépistage du cancer du col de l’utérus en proposant à des femmes un "autotest à domicile".
Ils ont, pour ce faire, recruté 665 femmes "sous-dépistées" - résidant dans 22 comtés de Caroline du Nord (États-Unis). Des campagnes intensives de sensibilisation (publicités imprimées et radiophoniques, publications en ligne, événements, ligne d'assistance téléphonique d'assistance sociale…) ont été utilisées pour recruter ces participantes rencontrant des difficultés d'accès à un gynécologue. L'âge moyen des candidates était de 42 ans et plus de la moitié se sont déclarées noires ou hispaniques (55%), non assurées (78 %) ou au chômage (57 %).
Les participantes ont ensuite reçu des kits d'auto-collecte du hrHPV et de l'aide pour prendre un rendez-vous physique, ou seulement de l'aide pour prendre un rendez-vous.
72% de taux de participation
Résultat ? Chez les femmes ayant reçu les kits à domicile, le taux de participation au dépistage du cancer du col de l'utérus était presque le double (72 %) par rapport à celles qui n'ont reçu qu'une simple aide pour prendre rendez-vous (37 %).
Pour les chercheurs, les kits de prélèvement à domicile s’avèrent donc nécessaires chez ces populations.
"L'approbation par le gouvernement des tests VPH à domicile aurait un impact énorme. Nous pourrions mieux atteindre les populations des zones rurales où le dépistage du cancer du col de l'utérus est difficile. De plus, seules les personnes dont l'autotest est positif devraient se rendre dans une clinique pour un dépistage. Pour les nombreux Américains sans accès fiable, le dépistage du cancer du col de l'utérus à domicile leur permettrait d'obtenir des soins préventifs vitaux", confie ainsi le Dr Noel Brewer, co-auteur de l’étude.
A quand le recours aux autotest ?
Les études s'accumulent pour démontrer que le recours à des autotests pour cette détection est aussi efficace selon une étude datant de 2014 en France et permet de toucher des femmes éloignées du système de soins (une étude anglaise datant de 2019 le rappelait déjà). En France, une étude réalisée par le Centre de coordination des dépistages des cancers au CHU de Tours devait permettre d’évaluer la pertinence de cette mesure à la France. Bien sûr, ces autotests ne sauraient constituer une solution unique : ils ne remplaceront pas la visite chez un médecin qui permet de faire un point plus général sur de nombreuses questions de santé, mais ils permettraient d'atteindre les femmes âgées de 25 à 65 ans habituellement non participantes aux programmes de dépistage.
En France, 17 millions de femmes âgées de 25 à 65 ans sont concernées par la généralisation de ce dépistage. Même si la prévention de ce cancer bénéficie depuis quelques années d'une vaccination efficace, chaque année, près de 3000 femmes développent un cancer du col de l'utérus et 1000 femmes en meurent.