Cancer du sein : une femme sur deux de retour au travail un an après le diagnostic
Le cancer du sein est un cancer que l’on traite aujourd’hui de mieux en mieux. Pour autant, sait-on au bout de combien de temps les femmes traitées reprennent-elles leur travail ? Une étude française permet aujourd’hui d’évaluer ce délai.
Jusqu’à maintenant, peu de données existaient au niveau national sur cet aspect important du parcours de soin des patientes. Une étude réalisée par des chercheuses et chercheurs de l’Université Claude Bernard Lyon 1, de l’Inserm, de l’Université Gustave Eiffel et des Hospices civils de Lyon, basée sur des données de l’Assurance Maladie, a permis de quantifier ce phénomène, éclairant la diversité des situations vécues par ces femmes. Les résultats sont publiés dans la revue Clinical Breast Cancer.
Retour au travail après un cancer du sein : des situations très diverses
Le cancer du sein concerne plus de 60 000 femmes chaque année en France. Depuis plusieurs années, son diagnostic s’est nettement amélioré. Davantage de patientes surmontent le cancer et un aspect du soin de plus en plus prioritaire consiste à les accompagner à améliorer leur qualité de vie à long terme. Parmi les éléments en jeu, le retour au travail constitue une étape importante. Cette expérience très personnelle est plus ou moins complexe et plus ou moins bien vécue selon chaque situation.
Pour mieux appréhender la diversité de situations de patientes, Alexandra Dima, chercheuse en psychologie de la santé, a conduit une étude inédite. "Il est de la responsabilité des services publics d’organiser au mieux le retour au travail des femmes après le traitement d’un cancer du sein. Pour cela, nous avons besoin de mieux comprendre leurs trajectoires et comment ces femmes l’ont vécu (…) Une meilleure connaissance de ces trajectoires aiderait également les professionnels de santé à mieux planifier les parcours de soins, et les patientes à mieux gérer leur équilibre entre vie personnelle et professionnelle".
La moitié de retour dans l’année suivant le diagnostic, près de 90% dans les deux ans
Dans le cadre du projet de recherche TRAVERSÉE, les chercheurs ont eu accès aux données du Système National de Données de Santé , permettant d’établir des statistiques sur le temps de retour au travail des femmes après un cancer du sein. Les chercheurs ont intégré un groupe de représentantes des patientes et professionnels de santé dans la formulation, la contextualisation et l’interprétation des méthodes et statistiques établies. Un aspect innovant du projet.
Résultats :
- Pendant les trois ans suivant le diagnostic, 7% des femmes n'ont pas eu de reprise de travail stable ;
- Le nombre de périodes d'arrêt varie de 1 à 25 arrêts par personne. La moitié des femmes ont eu 2 arrêts ou moins.
- Parmi celles qui ont repris le travail, la moitié l'ont fait après 8 mois de temps d'arrêt ;
- Le nombre total de jours d'arrêt varie entre 3 jours et 3 ans. La moitié des femmes ont eu des arrêts allant jusqu'à 15 mois au total.
Ces chiffres montrent une grande diversité des cas mais ils montrent néanmoins que la plupart des femmes reprennent le travail. En regroupant des "parcours types", les chercheurs ont montré que :
- La moitié des femmes sont retournées au travail au cours de la première année suivant le diagnostic ;
- Environ 4 femmes sur 10 sont revenues plutôt au cours de la deuxième année après une période de travail à temps partiel ;
- En revanche, environ 1 femme sur 10 a connu des périodes d’arrêt complet de travail se prolongeant sur 3 ans depuis le diagnostic.
Améliorer le retour au travail par des interventions ciblées
C’est en particulier auprès des femmes, dont la période de retour au travail est particulièrement longue, qu’il faut penser différemment l’accompagnement, pointe l’étude. "Ces informations détaillées permettent ainsi aux cliniciens d’offrir un soutien personnalisé aux patientes et de concevoir des interventions ciblées qui facilitent un retour au travail réussi", concluent les auteurs de ces travaux
Les scientifiques, représentantes des patientes et professionnels de santé encouragent fortement les patientes à se faire accompagner dans cette étape importante de leur parcours professionnel.