Anatomo-pathologie : définition, indications, compte-rendu
L'anatomo-pathologie a un intérêt majeur dans le diagnostic d'une maladie ou pour caractériser une lésion. Cette spécialité qui consiste à l'observation d'un fragment de tissu au microscope, est utilisée dans de nombreux domaines et ne se limite pas aux cellules tumorales. Il permet de proposer une médecine personnalisée.
Anatomo-pathologie : définition, indications, compte-rendu
L'anatomo-pathologie a un intérêt majeur dans le diagnostic d'une maladie ou pour caractériser une lésion. Cette spécialité qui consiste à l'observation d'un fragment de tissu au microscope, est utilisée dans un très large spectre, ne se limite pas aux cellules tumorales : elle permet de proposer une médecine personnalisée.
C'est quoi un examen anatomo-pathologique ?
Définition
L'anatomo-pathologie est une spécialité médicale qui étudie les tissus (histologie) ou les cellules (cytologie) d'une patiente ou d'un patient. "L'anatomo-pathologie permet de réaliser un diagnostic qui complétera les examens radiologique ou clinique des lésions situées dans un organe donné, explique le Dr Magali Lacroix-Triki, pathologiste, cheffe du service de pathologie au centre Gustave Roussy. L'objectif de cet examen est donc de donner un diagnostic précis d’une lésion mais aussi de donner des informations pronostiques et thérapeutiques pour permettre la prise en charge des patient(e)s.”
L’activité d'anatomie et de cytologie pathologique peut être effectuée dans un centre hospitalier ou dans un laboratoire d'analyse médicale privé.
Quel est le rôle du médecin pathologiste ?
Le pathologiste aide le clinicien dans la prise en charge et le traitement du patient. "Même si nous ne sommes pas au contact du patient, nous sommes en étroite collaboration avec le chirurgien, le radiologue et le clinicien. Certaines explorations, peu fréquentes, nécessitent tout de même de voir les patients. En effet, les pathologistes peuvent aussi réaliser des prélèvements. Le pathologiste voit directement la lésion au microscope, il peut le décrire et en donner ses caractéristiques, il est la pierre angulaire du diagnostic de la maladie."
Analyse des tissus en laboratoire
Le pathologiste reçoit les tissus au sein du laboratoire. Puis ceux-ci sont pris en charge en technique pour être examinés, coupés, mis dans des blocs de paraffine pour pouvoir générer des coupes histologiques qui sont déposées sur des lames de verre. "Ce sont ces lames que nous observons au microscope, ou maintenant sur des écrans (à partir de lames digitalisées)”, ajoute la Pre Cécile Badoual, cheffe du département de biologie et pathologie médicales de Gustave Roussy.
Examen cytologique
Il existe des examens purement cytologiques qui consistent à faire des prélèvements des cellules uniquement (aspirations, frottis, ponctions), comme au centre Gustave Roussy. La prise en charge technique de cet examen est plus simple que celle de la biopsie, il est moins invasif, moins coûteux et surtout, il permet un résultat rapide. Les cellules, le plus souvent d’une tumeur, sont directement prélevées afin de la caractériser et de savoir si elle est maligne ou bénigne.
Indications : pourquoi prescrire un examen anatomo-pathologique ?
Contrairement aux idées reçues, l'analyse anatomo-pathologique n'est pas uniquement destinée aux lésions potentiellement cancéreuses, même si c'est une partie importante relevant de cet examen. L'anatomo-pathologie donne des informations précieuses aussi bien pour le diagnostic d'une maladie que pour l'orientation des décisions thérapeutiques.
Tumeurs, cancer
Au centre Gustave Roussy, spécialiste de la recherche sur le cancer, les pathologistes étudient en grande majorité les tumeurs ou les masses cellulaires. "Une tumeur n'est pas forcément un cancer, certaines lésions n’ont aucun potentiel évolutif, elles sont bénignes. Il y a même des prélèvements strictement normaux, rassure le Dr Magali Lacroix-Triki. Pour savoir si une maladie est maligne, nous regardons les tissus au microscope avec une coloration standard, universelle. Cette coloration caractérise morphologiquement les tissus. Si nous ne parvenons pas à établir le diagnostic, nous prescrivons des examens complémentaires qui identifient l'expression de certaines protéines spécifiques de certaines lésions, c'est l'immunohistochimie. Nous pouvons aller plus loin avec des techniques de biologie moléculaire afin de trouver, par exemple, des mutations de certains gènes ou certains profils moléculaires. Dans le cas d'une tumeur mammaire, par exemple, ces examens nous permettent de caractériser le cancer du sein. Les différents outils dont nous disposons nous servent à fournir une orientation thérapeutique à l'équipe médicale."
Les résultats des examens agissent comme un fil conducteur, un guide pour l'oncologue en lien avec le chirurgien, qui saura comment traiter la maladie et proposer les meilleures options de traitement à son ou sa patient(e).
Récidive d'une maladie agressive
Parfois, les médecins sont en "zone grise" et ne savent pas si la maladie est agressive ou non. Ils ont donc besoin de voir l'expression de certains gènes ou de certaines protéines pour connaître le risque de rechute, on appelle cela les biomarqueurs. Ainsi, ils savent si une chimiothérapie doit être proposée afin d'éviter les récidives.
Lésions inflammatoires
L'examen d'anatomopathologie sert également à diagnostiquer des lésions inflammatoires. Les analyses sont alors effectuées dans le cadre de :
- Maladies chroniques ;
- Maladies inflammatoires, par exemple du tube digestif : "l'examen peut faire suite à une coloscopie" ou encore cutanées ;
- Pathologies métaboliques, par exemple rénales.
Greffe
L'analyse anatomo-pathologique est systématique lors des activités de greffe. "La greffe est d'ailleurs l'une des seules situations où le médecin anatomo-pathologiste peut être amené à faire des astreintes de nuit. L'absence de pathologie sous-jacente du greffon, qui contre-indiquerait la greffe, doit être rapidement confirmée" ajoute le Dr Magali Lacroix-Triki.
Pathologies infectieuses
Les infections sont aussi analysées en anatomo-pathologie, cela permet d’orienter les traitements spécifiques. "Il peut s'agir de lésions parasitaires ou bactériennes, comme dans le cas de la tuberculose".
Maladies auto-immunes
L'analyse des tissus permet de porter le diagnostic de maladies auto-immunes, comme le lupus. "Le pathologiste est le détenteur de la réponse, la clé de la maladie, car l'examen permet de mettre un nom sur la maladie."
Analyse systématique après intervention chirurgicale
Dès lors que le chirurgien retire un fragment d'organe pendant une intervention chirurgicale, comme une amygdalectomie ou une appendicectomie, les tissus sont analysés par l'anatomo-pathologiste.
L'étude du placenta est parfois nécessaire en cas de grossesse ou d’accouchement pathologique. L'examen de cytologie pathologique peut aussi avoir lieu par exemple chez les femmes dans le cadre de dépistage. Il peut s'agir d'un prélèvement au niveau du col utérin, qui peut également être réalisé par un pathologiste.
C'est quoi un compte-rendu anatomo-pathologique ?
Le pathologiste commence par décrire le matériel reçu, le type de tissu, s'il est issu d'une biopsie ou s'il s'agit d'une pièce opératoire. Le compte-rendu comprend une description morphologique que l’on appelle un examen macroscopique qui contient :
- Des mesures (taille de la tumeur, de la lésion...), ;
- L'explication du processus technique d'analyse du tissu ;
- Une analyse microscopique.
L'analyse microscopique comprend un examen histologique des lésions visibles au microscope qui sont ainsi décrites et détaillées, tout comme l'extension de la maladie ou le stade d'un cancer.
Les examens complémentaires effectués sont aussi notifiés. Une synthèse ou une conclusion de l'ensemble des éléments finalise le compte-rendu, permettant de donner le diagnostic définitif et d’identifier les biomarqueurs permettant la prise en charge du ou de la patient(e).
Quelle est la différence entre la biopsie et l'anapath ?
Dans le cadre d’une biopsie, le clinicien ou le pathologiste prélève des tissus (peau, rein, sein, poumon..) qui ont parfois la taille d'une allumette à l'aide d'une très petite aiguille. En général, le prélèvement est réalisé sous anesthésie locale, sauf cas particulier. Les pièces opératoires sont plus volumineuses (un morceau d’organe ou un organe entier) et par conséquent, prélevées sous anesthésie le plus souvent générale. L'exception est l'exérèse cutanée locale.
Combien de temps pour obtenir les résultats d'anatomo-pathologie ou une d’analyse cytologique?
"Les résultats de l'examen d'anatomo-pathologie ne sont pas transmis comme un compte-rendu de prise de sang. Les résultats sont donnés au clinicien dans un premier temps. Ce dernier peut les transmettre au médecin traitant ou au patient selon les situations."
Comme nous l'expliquent les spécialistes, l'examen cytologique est un examen rapide, car la technique utilisée est facile : "les cellules, tumorales ou non, sont récupérées étalées sur une lame ou centrifugées dans un liquide. Le résultat est donné le plus souvent en 1 à 2 jours."
La biopsie et les pièces opératoires requièrent un protocole incompressible. "Lorsque le tissu est retiré du corps humain, nous devons le préserver : c'est l'étape de la fixation le plus majoritairement dans du formol. Pour une biopsie, nous avons généralement besoin de 24 à 48 heures pour avoir les premières lames. Ce délai est parfois plus long pour les pièces opératoires ou pour une biopsie nécessitant des techniques spécifiques, complémentaires."
- Cas particulier de l'examen extemporané
Lors d'un examen extemporané, les résultats anatomopathologiques sont donnés tout de suite. "Au cours d'une chirurgie, le chirurgien peut avoir besoin de l’avis d’un pathologiste, car soit il découvre une lésion qu’il n’avait pas anticipée, soit il a besoin de connaître des précisions sur le type histologique ou les limites de la lésion. Selon le type de réponse donné par le pathologiste, le geste chirurgical peut ainsi complètement changer. Un pathologiste de garde peut être sollicité pour faire un examen extemporané. L'échantillon tissulaire est transmis en urgence au laboratoire du service d'anatomie et cytologie pathologique. Le pathologiste de garde sélectionne et congèle le petit fragment de tissu qui va être coupé très rapidement. Les coupes sont colorées et examinées par le pathologiste. Le processus prend entre 15 et 20 minutes. L'examen extemporané est très utile, surtout en cancérologie" décrit le Dr Magali Lacroix-Triki.
“Pour conclure, l'anatomo-pathologie a une fonction primordiale dans l’établissement du diagnostic, et pour aider à identifier les éléments indispensables au traitement. Il faut souligner également le rôle central des pathologistes en recherche, car leurs expertises permettent d'avancer dans la connaissance des mécanismes pathologiques et la prise en charge des maladies” souligne la Pr Cécile Badoual.