La technologie des cellules Car-T pour soigner la sclérose en plaques ?
Les cellules Car-T constituent une thérapie dans le cancer qui mobilise des cellules immunitaires génétiquement modifiées pour cibler les cellules cancéreuses et les détruire. Des scientifiques ont imaginé reproduire le même schéma mais en ciblant cette fois les lymphocytes responsables de la sclérose en plaque. Un premier essai a été réalisé chez la souris.
En s’inspirant de la thérapie par les cellules Car-T, qui utilise des cellules immunitaires génétiquement modifiées pour cibler les cellules cancéreuses et les éradiquer, des chercheurs de la Washington University School of Medicine à St. Louis, aux Etats-Unis, ont eu l’idée de transposer cette technologie pour lutter contre les cellules responsables de la sclérose en plaques (SEP).
Qu’est ce que la sclérose en plaques ?
Première cause de handicap sévère non traumatique du sujet jeune, la sclérose en plaques touche 120 000 personnes chaque année en France. La SEP est une pathologie auto-immune, causée par des lymphocytes T qui attaquent la gaine de myéline, l'enveloppe protectrice des axones dns le système nerveux central. Ce phénomène entraîne des lésions à différents niveaux du système nerveux central, appelées plaques : d'où le nom de la maladie.
Au fur et à mesure que la myéline est rongée, la communication entre le cerveau et la moelle épinière et le reste du corps se dégrade, et des symptômes tels que de la fatigue, des douleurs, des picotements, une perte de la vision ou de la coordination apparaissent.
Une approche d'immunothérapie testée chez la souris
Les chercheurs ont donc mis au point des cellules CAR-T capables de rechercher et détruire les cellules T à l'origine de la sclérose en plaques. Ils ont fabriqué des appâts et conçu une molécule en combinant un fragment d'une protéine présente dans la myéline avec une protéine qui active les lymphocytes T. Seules les cellules T qui ciblent la myéline répondent à cette molécule hybride. Cet appât a ensuite été lié à un certain type de cellule T connue sous le nom de cellules T tueuses. L'objecti est que toutes les cellules T causant la sclérose en plaques soient éliminées par ces cellules T tueuses.
Une fois ces cellules et ces appâts mis au point, les scientifiques ont testé leur hypothèse sur un modèle animal, des souris atteintes d'une maladie semblable à la SEP.
Des résultats encourageants
D’après les auteurs, le traitement de ces souris avec les cellules CAR-T modifiées a empêché la maladie chez celles qui n'avaient pas encore développé de symptômes et réduit les signes de maladie chez celles qui présentaient déjà des effets neurologiques. "Nos cellules CAR-T ont été très efficaces pour traiter des souris atteintes d'une maladie semblable à la SEP" explique Chyi-Song Hsieh, professeur de rhumatologie et co-auteur de ce travail. "Ce qui est important ici", ajoute le chercheur c’est que "nous avons pu utiliser les cellules CAR-T pour éliminer uniquement les cellules immunitaires qui causent l'auto-immunité et non les autres cellules immunitaires dont vous pourriez avoir besoin pour vous protéger contre les virus ou d'autres infections".
L’avis du Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence
"Cette étude est ingénieuse et je pense que ses résultats sont prometteurs. A l’heure actuelle, des traitements existent pour la sclérose en plaques, mais ils ne font que mettre un couvercle sur la maladie et les symptômes. En utilisant la même thérapie que les cellules Car-T, cela permet de cibler les cellules qui posent problème, d’éliminer la cause de la maladie sans influer sur les autres cellules immunitaires. Ce n’est pas encore une technique qui peut être utilisée chez l’homme aujourd’hui, mais je crois pouvoir dire sans me tromper - si les tests chez l’homme se confirment - que l’on pourra compter sur ce type de traitement pour les malades dans une dizaine d’années".