Une découverte française pourrait révolutionner le traitement du psoriasis !

David Bême Rédacteur en chef

Leurs travaux, publiés le 4 septembre 2024, ouvrent la voie à une nouvelle approche thérapeutique, qui pourrait enfin offrir une solution durable aux millions de personnes touchées par le psoriasis dans le monde.

Le rôle inattendu de l'hepcidine, une hormone régulant le fer

Le psoriasis, une maladie inflammatoire chronique de la peau, touche environ 2 à 3 % de la population mondiale. Caractérisé par des plaques rouges et squameuses, il s'accompagne souvent de douleurs et d'inconforts importants. Mais malgré de nombreux traitements visant à atténuer les symptômes, il n'existe à ce jour aucun remède définitif. C'est dans ce contexte que les récentes recherches menées par des scientifiques français apportent un nouvel espoir.

Les chercheurs de l'Inserm, dirigés par Carole Peyssonnaux, directrice de recherche à l’Inserm, ont découvert que l'hepcidine joue un rôle crucial dans la réponse immunitaire impliquée dans le psoriasis. Cette hormone, jusqu'ici principalement connue pour son action dans la régulation du fer, se révèle être un facteur clé dans l'aggravation des plaques de psoriasis.

Une avancée prometteuse pour de nouveaux traitements

Des tests menés sur des modèles animaux ont déjà montré des résultats encourageants. En inhibant l'hepcidine sur un modèle murin, les chercheurs ont réussi à diminuer l'inflammation et les symptômes cutanés liés au psoriasis. "L’hepcidine joue un rôle clé dans le développement du psoriasis. À partir de nos résultats, nous montrons que lors du déclenchement du psoriasis, l’hepcidine produite par l’épiderme joue un rôle crucial dans la rétention du fer dans les cellules de la peau. Le fer étant un métal essentiel pour la prolifération cellulaire, cette rétention du fer favorise la division des cellules de l’épiderme de la peau “psoriasique”. D’autre part la rétention de fer médiée par l’hepcidine contribue également au recrutement des neutrophiles, une autre caractéristique des lésions cutanées psoriasiques, notamment pustuleux", précise Carole Peyssonnaux.

Caroline Peyssonnaux a précisé que "La prochaine étape serait d’approfondir ces résultats, dans la perspective de développer des médicaments qui bloqueraient l’action de l’hepcidine et qui pourraient donc être bénéfiques aux patients atteints de psoriasis, notamment chez ceux qui souffrent d’une forme aiguë et résistante". Cette approche thérapeutique pourrait ainsi transformer la manière dont les médecins traitent cette maladie, qui touche près de 3 millions de personnes en France.

Une perspective d'espoir pour des millions de patients

Jusqu’à présent, les traitements disponibles, comme les crèmes à base de corticoïdes ou les thérapies systémiques, visent principalement à atténuer les symptômes. Cependant, ils n’empêchent pas la progression de la maladie et peuvent entraîner des effets secondaires à long terme. L'inhibition de l'hepcidine pourrait donc constituer une alternative plus efficace et moins contraignante. "À l’avenir, si nos résultats s’avéraient concluants, de tels médicaments pourraient être utilisés comme traitement d’entretien après une poussée ou, pendant les phases de rémission, afin de prévenir la récurrence de la maladie. Des études complémentaires permettront de déterminer si l’hepcidine joue également un rôle dans d’autres maladies inflammatoires de la peau", conclut Carole Peyssonnaux.

Malgré l'enthousiasme suscité par cette découverte, plusieurs défis subsistent. Il faudra encore du temps pour que ces traitements passent toutes les étapes réglementaires et soient disponibles pour le grand public.