Iléite : causes, symptômes, diagnostic et traitements
Pas toujours simple à diagnostiquer, une iléite aiguë peut avoir plusieurs causes possibles. Quels en sont les symptômes ? Comment la traiter ? Les explications du Dr Thierry Higuero, médecin gastro-entérologue à Nice et Monaco.
Syndrome clinique bien spécifique évoluant depuis moins de 7 jours et associé à des anomalies en imagerie, une iléite aiguë se caractérise par une douleur au niveau de la fosse iliaque droite. Elle s’accompagne parfois de fièvre et/ou de diarrhée. Une iléite peut également se présenter sous forme asymptomatique et être alors le plus souvent chronique en rapport avec une maladie chronique ou une prise médicamenteuse au long cours. "On la détecte alors génialement à l’occasion d’un examen endoscopique ou d’imagerie réalisé pour une autre raison", ajoute le spécialiste.
Iléite, une maladie relativement rare
Il s’agit d’une maladie rare (16 patients pour 100 000) qui traduit l’iléon, partie terminale de l’intestin grêle située entre le jéjunum et le colon. "Le diagnostic s’établit à partir de l’interrogatoire du patient et d’une imagerie, à savoir une échographie, un scanner ou une IRM abdomino-pelvienne", précise le Dr Thierry Higuero, médecin gastro-entérologue. Les examens montrent généralement un épaississement de la paroi intestinale ainsi que des modifications des tissus environnants qui peuvent présenter des irrégularités (ganglions, épanchement…).
Un faisceau de causes possibles
Dans un tiers des cas environ, une iléite aiguë est en rapport avec une infection.
Trois grandes familles de bactéries sont à l’origine des formes les plus fréquentes : les yersinioses (infection par Yersinia enterolitica ou Yersinia pseudotuberculosis), les salmonelloses (Salmonella enteridis) et les infections à Campyobacter jejuni. "L’infection peut être provoquée par l’ingestion de certains aliments comme la charcuterie, les légumes crus ou certains fromages non pasteurisés, par exemple", précise le gastro-entérologue. L’interrogatoire du patient est très important car bien souvent, l’examen des selles ne permet pas de diagnostiquer l’infection.
Traitement d’une iléite
Dans certains cas et en fonction du terrain du patient, un traitement antibiotique pourra être administré. "Si le patient présente par exemple des symptômes comme une fièvre importante ou une diarrhée depuis plus d’une semaine, qu’il est âgé ou fragile, une antibiothérapie s’impose", précise le Dr Higuero.
Toutefois, dans la plupart des cas, l’iléite de cause infectieuse disparait spontanément au bout de quelques jours. En revanche, la récupération d’un transit intestinal normal peut être plus longue, de l’ordre de quelques semaines, voire quelques mois. "C’est même parfois le point de départ d’un syndrome du côlon irritable dit post-infectieux", note le Dr Higuero. Dans tous les cas, l’état du patient requiert un suivi médical systématique.
Autre origine infectieuse possible : la tuberculose. Peu fréquente en France, la tuberculose sévit dans bon nombre pays d’Afrique. Les villes où les migrants sont fréquents (Paris, Marseille) sont des zones à risque. "Lorsque c’est le cas, les patients présentent généralement des symptômes respiratoires associés et une altération de l’état général avec un amaigrissement", précise le Dr Higuero.
Le cas d’une iléite aiguë
Une ischémie mésentérique, conséquence d’une diminution du flux sanguin des vaisseaux à visée digestive et donc d’un défaut d’apport en oxygène dans les tissus, peut occasionner une souffrance de l’intestin se traduisant par une iléite aiguë. "Les personnes à risque sont classiquement les patients de plus de 50 ans, fumeurs, ayant une pathologie cardiovasculaire ou un syndrome métabolique, comme une hypertension artérielle, un diabète...", ajoute le spécialiste.
Si l’iléite est causée par une ischémie, en fonction de son caractère aigu ou chronique et des complications constatées, la prise en charge thérapeutique, rapide voire en urgence, sera multidisciplinaire faisant intervenir les réanimateurs, chirurgiens digestifs et vasculaires, radiologues ou cardiologues interventionnels et gastroentérologue. "Le traitement consiste, comme pour les membres inférieurs, à revasculariser la zone mal irriguée à l’aide d’un pontage ou de la pose de stents pour protéger l’intestin et éviter une aggravation ; parfois, il faut retirer un segment de grêle s’il a trop souffert".
La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens
La prise de médicaments anti-inflammatoires (AINS), cause classique d’iléite asymptomatique, est systématiquement recherchée à l’interrogatoire.
Dans 1 cas sur 10, l’iléite aiguë est liée à la maladie de Crohn
Dans 1 cas sur 10, une iléite aiguë est due à une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, la maladie de Crohn. L’interrogatoire du patient fournit là encore des indices précieux : "S’il y a déjà eu des épisodes similaires, souvent moins intenses, cela évoque une récidive de la maladie de Crohn". De même, si des facteurs héréditaires interviennent ou qu’il existe d’autre symptômes associés (altération de l’état général, amaigrissement, douleurs articulaires) ce sont des informations à prendre en considération. "Si une maladie de Crohn est suspectée, on fera faire d’autres examens complémentaires comme une endoscopie digestive à la recherche de signes histologiques témoignant d’une inflammation chronique pour confirmer le diagnostic", poursuit le spécialiste.
Une cause gynécologique possible
Une cause gynécologique est systématiquement évoquée et recherchée du fait de la proximité anatomique des annexes : trompes et ovaires à droite. Cela représente 1 cas sur 10 environ.
Une cause parfois mystérieuse
Lorsque la cause n’est pas élucidée et que le patient reste symptomatique, des examens complémentaires sont proposés "On prescrit des biologies et imageries spécifiques (comme un entéro-scanner ou une entéro-IRM focalisé sur l’intestin, un angioscanner), une coloscopie par exemple". Cela permet de trouver des diagnostics plus rares comme une endométriose, une spondylarthropathie, une tumeur de l’intestin grêle ou un lymphome digestif.
Enfin, dans un tiers des cas, on pose le diagnostic d’iléite idiopathique, c’est-à-dire une iléite dont la rémission est spontanée en 7 à 14 jours, complète, sans qu’une cause précise ait pu être identifiée.
Le traitement d’une iléite dépend de sa cause
Le traitement de l’iléite va donc dépendre de sa cause. Le plus souvent (2/3 des cas) il n’y aura donc pas de traitement ou simplement des antibiotiques. Dans les autres situations il sera adapté à la gravité de la maladie diagnostiquée. La rigueur de la prise en charge diagnostique et thérapeutique fait que l’iléite aiguë reste le plus souvent de bon pronostic.