Maladie de Crohn : un médicament contre le psoriasis autorisé en Angleterre pour mieux vivre avec
Au Royaume-Uni, un médicament utilisé pour traiter le psoriasis est désormais autorisé pour offrir une nouvelle option aux patients atteints de la maladie de Crohn. Et offrir un traitement d’avenir ? Nous avons posé la question au Dr Xavier Roblin professeur en gastro-entérologie et hépatologie maladies inflammatoires.
Voilà une nouvelle qui peut intéresser les 120 000 Français qui vivent au quotidien avec la maladie de Crohn, une affection inflammatoire incurable du système digestif. Le risankizumab, un traitement contre le psoriasis, est approuvé par le NHS pour son action qui cible les cellules immunitaires responsables des lésions intestinales graves causées par maladie de Crohn. Son efficacité pourrait également éviter une opération chirurgicale aux patients, et par conséquent améliorer leur qualité de vie. Selon le Dr Mark Samaan, gastro-entérologue consultant au Guy's and St Thomas' NHS Foundation Trust, de nombreux patients souffrant de la maladie de Crohn qui ne trouvent pas de réponse favorbles dans les traitements actuels pourraient bénéficier du risankizumab, qui de plus, ne provoque pas d’effets secondaires intenses.
Comment fonctionne le risankizumab ?
La maladie de Crohn est donc une affection inflammatoire du système digestif qui se caractérise par une hyperactivité du système immunitaire qui à terme, endommage les tissus sains de l'intestin. Les personnes atteintes suivent généralement un traitement à base de stéroides ou d’immunosuppresseurs qui contrôlent les poussées de la maladie, mais sont accompagnées d'effets secondaires indésirables.
Les produits biologiques, des anticorps humain fabriqués par des cellules en culture dont fait partie le risankizumab, ont révolutionné le traitement de la maladie de Crohn en ciblant les protéines responsables de l'inflammation.
Le risankizumab, initialement utilisé pour traiter le psoriasis et l'arthrite psoriasique, agit en bloquant l'interleukine-23, une protéine impliquée dans l'inflammation de la maladie de Crohn. Son injection permet de maintenir les symptômes sous contrôle et d'éviter la nécessité d'une intervention chirurgicale avance le DailyMail.
De fait, le média annonce que selon les derniers essais cliniques sur le sujet, près de la moitié des patients traités par le risankizumab sont entrés en rémission après trois perfusions mensuelles. Environ la moitié de ces patients sont restés en rémission après un an de traitement… Le tout avec très peu d‘effets secondaires.
Un traitement bientôt remboursé en France?
Contacté sur le sujet le Pr Xavier Roblin gastro-entérologue et hépatologue, nous confirme l’intérêt du risankizumab dans cette phase 3. “Dans chaque phase que ce soit en rémission ou en entretien, le risankizumab a mieux fait que le placebo chez des malades pourtant très réfractaires, car tenus en échec dans de nombreux traitements auparavant.” Quant à savoir si grâce à ces bons résultats, le risankizumab sera bientôt remboursé, le professeur apporte une nuance. “Un autre étude en face à face est en train de comparer le risankizumab à l’utsekinumab, une autre biothérapie. Dans les études cutanées, les dermatologues ont déjà montré que le risankizumab faisait mieux dans le psoriasis. L’étude doit maintenant montrer la supériorité du risankizumab en milieu et en fin de traitement. Si le risankizumab est meilleur il sera utilisé en deuxième ligne. S’il fait pareil que l’utsekinumab, il ne sera remboursé qu’en 3ème ligne” nous explique-t-il.
Associer les biothérapies, nouvelle piste de recherche dans la maladie de Crohn
Une chose est sûre, ce traitement donne de l’espoir aux patients atteints de la maladie de Crohn et devrait également être rejoint à l’avenir par d’autres alternatives. “La piste étudiée aujourd’hui repose sur l’association de biothérapies. On a longtemps pensé qu’une seule molécule allait changer l’histoire, mais nous remarquons que les gens rechutent. L’idée est donc de combiner plusieurs biothérapie, d’obtenir des duo-téhrapies, ou tri-thérapies, pour frapper fort, mettre le patient en rémission profonde puis ensuite alléger le traitement par la suite. L’autre possibilité en cours, c’est de travailler la séquence. C’est-à-dire de voir si la molécule A avant la B aboutit à la même chose que la B avant la A. Quelle est la meilleure molécule, et dans le cas ou ça ne fonctionnerait pas quelle est la seconde molécule à faire entrer en jeu qui ne viendrait pas impacter négativement la première. Voilà les deux pistes de demain.”