IST : un test lisible en 20 minutes bientôt disponible en Angleterre ?
Alors que les diagnostics de gonorrhée et de syphilis atteignent des niveaux record au Royaume-Uni, les autorités sanitaires plaident pour accélérer les études sur des test ultra rapides. Ceux-ci pourraient donner une réponse en 20 minutes seulement et permettre la mise ne place précoce d'un traitement.
Se faire tester à propos d’une infection sexuellement transmissible au moindre doute, et obtenir les résultats en quelques minutes pour entamer un traitement, pourrait bientôt devenir possible. Du moins de l’autre côté de la Manche, pour le moment. Face à la montée en flèche des maladies telles que la gonorrhée ou la syphilis dans le pays, les autorités accélèrent le rythme de mise en place de cet outil précieux.
Un mélange d’enzymes qui révèle infections presque instantanément
Le nouveau test, développé par l'Université de Birmingham, fonctionne en ajoutant un mélange d'enzymes spéciales à l'échantillon (prélèvement vaginal ou test d’urine) qui multiplie instantanément les traces d'ADN bactérien, ce qui le rend plus facile à repérer. Cette technique permet également aux cliniciens d'identifier les deux infections à partir d'un seul échantillon.
"Les tests traditionnels fonctionnent comme les tests PCR que nous avons vus dans Covid – ils nécessitent un environnement spécifique pour donner un résultat précis, par exemple une certaine température ambiante. Mais la nouvelle technologie nécessite moins d'entretien et repose sur une plus petite portion d'ADN pour un résultat" explique le professeur Dafforn professeur de biotechnologie à l'Université de Birmingham dans le Dailymail du 10 juin dernier.
Aller plus vite pour redoubler d’efficacité
Actuellement, les résultats des tests classiques employés pour la chlamydia et la gonorrhée, prennent jusqu'à dix jours pour être analysés et renvoyés. Mais le temps pour enrayer e infections semble manquer : les chiffres publiés la semaine dernière par la Health Security Agency du Royaume-Uni ont montré que les diagnostics de gonorrhée et de syphilis sont à leur plus haut depuis le début des enregistrements en 1918.
Les incidences de chlamydia – l'IST la plus courante – ont également augmenté d'un quart entre 2021 et 2022 pour atteindre près de 200 000. Les deux sont faciles à traiter avec une cure d'antibiotiques, s'ils sont détectés tôt. Mais si elles ne sont pas traitées, les deux peuvent entraîner l'infertilité et de graves douleurs pelviennes.
"Le plus grand défi est de faire revenir les patients à la clinique pour leurs résultats", explique Tim Dafforn. La moitié de ceux qui se rendent dans les cliniques pour se faire tester ne reviennent pas à cause de la gêne et manquent un traitement. C'est vraiment dommage, étant donné que ces infections sont très faciles à traiter". Pouvoir proposer un traitement dans la foulée du dépistage permettrait ainsi de cibler plus de monde tout en évitant la gêne occasionnée par ce tabou.
L'outil de dépistage est soutenu par l'organisme britannique de surveillance de la santé, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE), qui souhaite accélérer son lancement sur le marché – prévu d'ici deux ans. Les chercheurs disent qu'il sera d'abord utilisé dans les cabinets médicaux et les pharmacies, mais ils veulent également qu'il puisse être utilisé via des associations (à l'instar des tests rapides VIH).
Le dépistage, un outil nécessaire en France aussi
Un test rapide pour déceler les IST serait également bienvenu en France où les IST sont en augmentation depuis le début des années 2000
En 2021, selon les données de l’assurance maladie, 96900 personnes ont été diagnostiquées pour une infection à Chlamydia trachomatis au moins une fois dans l’année soit une augmentation de 15% par rapport à 2020 et de 9% par rapport à 2019. Ce nombre a plus que doublé entre 2014 (environ 40 700) et 2021. L’incidence annuelle des cas d’infection à gonocoque vus en consultation de médecine générale en métropole a été estimée à 21 750 cas en 2021, soit une hausse de 45% par rapport à 2020.
L’incidence annuelle des cas de syphilis vus en consultation de médecine générale en métropole a été estimée à 9 291 cas en 2021, soit une hausse de 42% par rapport à 2020. Une hausse qui a donné lieu à la mesure de préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans depuis le mois de janvier dernier. Mais la question du dépistage doit être plus largement abordée.