Coqueluche : un nouveau vaccin nasal promet une meilleure efficacité
Alors que la coqueluche, potentiellement mortelle chez le nourrisson, continue de circuler largement à travers le monde, l’Inserm annonce avoir testé un nouveau vaccin nasal capable à la fois d’empêcher l’apparition des symptômes, mais aussi de briser la chaîne de transmission épidémique.
Maladie infectieuse respiratoire provoquée par la bactérie Bordetella pertussis, la coqueluche touche 24 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans par an et cause encore 160 700 décès dans les pays en développement. Un vaccin existe, le dCaT, mais l’immunité qu’il confère diminue avec le temps.
En outre, s’il permet de prévenir l’apparition des symptômes, il ne peut pas prévenir l’infection ni sa transmission. Mais un nouveau vaccin nasal mis au point par une équipe de recherche internationale dirigée par l’Inserm au sein du Centre d’infection et d’immunité de Lille, le vaccin BPZE1 induirait une immunité consistante au niveau de la muqueuse nasale en plus de l’immunité sanguine. Le fruit de leur travail est publié dans The Lancet.
Une barrière bactérienne directement dans le nez
L’Inserm a publié ce 10 mars les bons résultats de leur essai de clinique de phase 2 portant sur 300 Américains adultes en bonne santé.
Dans un premier temps, les participants ont été répartis en 2 groupes. Le premier a reçu une dose de BPZE1 par voie nasale et un placebo par voie intramusculaire. Le second une injection en intramusculaire du vaccin dCaT et un placebo par voie nasale. Trois mois plus tard, la moitié des participants de chacun des deux groupes s’est vue administrer une dose de BPZE1 (afin de simuler une infection naturelle de manière atténuée), tandis que l’autre moitié a reçu le placebo intranasal.
L’équipe de recherche a constaté plusieurs effets intéressants :
- Là où le vaccin dCaT n’induisait une sécrétion de marqueurs de l’immunité contre Bordetella pertussis qu’au niveau sanguin, le vaccin nasal induisait une immunité consistante au niveau de la muqueuse nasale en plus de l’immunité sanguine ;
- Dans les 28 jours suivant la seconde administration par voie nasale, 90 % des participants ayant initialement reçu BPZE1 ne présentaient aucune colonie bactérienne au niveau nasal ;
- Chez les 10 % restants, la colonisation s’avérait faible (moins de 260 colonies par mL de mucus). En comparaison, 70 % des patients vaccinés avec dCaT présentaient une colonisation bactérienne nasale importante (près de 14 325 colonies par mL) ;
- L’infection régressait plus rapidement chez les personnes vaccinées avec BPZE1 et l’équipe de recherche n’a constaté aucun effet secondaire notable dû à la vaccination pendant la durée de l’étude.
Un vaccin à tester maintenant sur les enfants
Ainsi, selon l'étude menée et rendue publique, ce vaccin nasal permettrait une protection directement au niveau des voies respiratoires, une première. “Bordetella pertussis infectant les voies respiratoires et se multipliant dans leurs muqueuses, une immunité à ce niveau pourrait en effet être essentielle dans la prévention des épidémies de coqueluche” affirme le communiqué de l’Inserm.
“Dans cette optique, BPZE1 apparaît comme un nouvel outil pertinent pour prévenir les infections de coqueluche et réduire les chaînes de transmission épidémiques.” affirme Camille Locht, directeur de l’Inserm Lille.
Les participants à cette étude étant tous des adultes de plus de 18 ans, une autre étude est en cours pour évaluer plus spécifiquement l’efficacité et l’innocuité de BPZE1 chez les enfants en âge d’aller à l’école, lieu critique de transmission de la maladie.