Vieillissement : découverte du rôle anti-inflammatoire d’une classe de lipides dans le cerveau
Des chercheurs américains viennent de découvrir le rôle anti-inflammatoire d’une classe de lipides présents dans le cerveau, les SGDG. Ces molécules diminueraient avec l’âge, entraînant ainsi une sénescence cérébrale. Le Dr Christophe de Jaeger, médecin physiologiste, nous éclaire à leur sujet.
Le cerveau comporte encore de nombreux mystères et les scientifiques découvrent régulièrement des informations cruciales sur son fonctionnement. L’une des dernières découvertes concerne une classe de lipides particulière, les SGDG ou 3-sulfogalactosyl diacylglycérols.
Recherche chez la souris
Les chercheurs du Salk Institute et de l’Université de Californie à San Diego aux Etats-Unis, ont découvert l’implication de ces lipides dans le vieillissement cérébral. Ils ont pour cela étudié des profils lipidiques de cerveaux de souris, à différents âges de leur vie allant de un à 18 mois. Ils ont pour cela utilisé la technique de la chromatographie liquide-spectrométrie de masse. L’analyse de ces données leur a permis d’établir les schémas liés à l’âge dans les énormes profils lipidiques. L’équipe a ensuite construit des molécules SGDG et les a testées pour leur activité biologique.
Des taux de lipides différents
Les scientifiques, dont l’étude a été publiée dans la revue Nature Chemical Biology le 20 octobre 2022, constatent trois choses dans le cerveau des souris :
- les taux de lipides sont très différents chez les souris âgées que chez les souris plus jeunes ;
- tous les membres de la famille SGDG et les lipides associés changent de manière significative avec l’âge ;
- les SGDG peuvent être régulés par des processus connus pour réguler le vieillissement.
Effets anti-inflammatoires
De plus, les résultats de ce travail démontrent que les SGDG possèdent des propriétés anti-inflammatoires, ce qui pourrait avoir des implications pour les troubles neurodégénératifs et d’autres conditions neurologiques qui impliquent une augmentation de l’inflammation dans le cerveau.
"Ces SGDG jouent clairement un rôle important dans le vieillissement, et cette découverte ouvre la possibilité qu’il existe d’autres voies de vieillissement critiques qui nous manquent", indique Alan Saghatelian, l’un des auteurs de l’étude, professeur aux laboratoires de la Fondation Clayton de Salk pour la biologie des peptides.
L’équipe a également découvert que les SGDG existent dans le cerveau des humains et des primates, suggérant que les SGDG pourraient jouer un rôle important chez les animaux autres que les souris.
L’avis du Dr Christophe de Jaeger, médecin physiologiste
"Les SGDG sont des molécules connues depuis une cinquantaine d’années environ, et on ne la retrouve pas uniquement dans le cerveau mais aussi dans un certain nombre de pathologies périphériques" indique tout d’abord le spécialiste. "Ce sont des lipides qui vont inhiber des gènes liés à l’inflammation, ce qui contribue à diminuer l’inflammation cérébrale. Ils ont donc certainement un rôle protecteur sur la sénescence du cerveau dont on sait que l’inflammation joue un rôle dans les pathologies neuro-dégénératives".