Vers un Paris sans sida : un pari ambitieux
Réussir à en finir avec le sida à Paris ? Le projet loin d’être utopique repose sur une stratégie connue : mieux dépister les personnes séropositives, les traiter systématiquement et rendre leur charge virale indétectable. Pour ce défi, la ville Paris sera aidé par l’ANRS, plusieurs associations, centres hospitaliers, chercheurs…
Vers un Paris sans sida
Depuis l'annonce, en France, des résultats de l'étude ANRS IPERGAY et la décision de la ministre de la santé, fin 2015, d'autoriser un médicament pour la prévention du VIH, ou Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP), des programmes visant à éliminer le VIH se mettent en place. Ils associent des actions de prévention ciblées sur les populations les plus exposées au risque d'infection, des programmes de dépistage répétés ainsi que des actions permettant l'accès rapide au traitement et aux soins pour les personnes dépistées séropositives. C'est dans ce nouveau cadre que la Mairie de Paris lance aujourd'hui une campagne sur son programme "Vers Paris Sans Sida".
L’objectif n’est pas utopique et des villes américaines comme New York ou San Francisco ont déjà réussi à divisé par 10 le nombre de nouvelles contaminations. Et l’enjeu est réel : Paris se distingue du reste du pays avec des chiffres de contaminations près de 5 fois plus élevés (1 milliers par an) qui ne baissent pas.
Prévenir, diagnostiquer tôt et traiter tout le monde
Pour enrayer ce phénomène, la stratégie est connue. Une personne séropositive qui prend un traitement anti-VIH dans le cadre d’un suivi médical régulier ne transmet pas le virus à ses partenaires sexuels. Les médicaments antirétroviraux sont aujourd’hui si efficaces qu’ils rendent le virus indétectable dans le sang et les liquides sexuels des personnes atteintes. Et lorsqu’il est indétectable, le virus est "intransmissible" même s’il n’a pas complètement disparu de l’organisme de la personne séropositive. Donc si toutes les personnes qui vivent avec le VIH étaient diagnostiquées, sous traitement, avec des conditions de vie acceptables leur permettant de conserver cette charge virale indétectable, le virus responsable du sida se transmettrait de moins en moins jusqu’à atteindre zéro nouvelle contamination. Cette stratégie avancée par Onusida est celle des "3x90" pour faire baisser radicalement les contaminations :
- 90% des personnes qui vivent avec le VIH sont diagnostiquées
- 90% des personnes diagnostiquées sont sous traitement
- 90% des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable
Un objectif que Paris s’est fixé pour 2020.
Evaluer rapidement l'efficacité du programme
L'ANRS participe à cette initiative à travers l’étude PREVENIR. Son objectif principal est d'apporter des éléments objectifs sur l'impact qu'auront ces actions, dans 3 ans, sur l'épidémie VIH à Paris et en Ile de France. En d'autres termes, on regardera en 2020 si le déploiement de la PrEP, associée aux dépistages répétés des personnes à risque et au traitement immédiat des personnes identifiées séropositives, aura réduit, principalement dans la population la plus exposée (les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes) le nombre des nouvelles infections en Ile de France. 3000 personnes volontaires, séronégatives, mais présentant un risque élevé d'infection par le VIH, vont rejoindre cette étude. Vingt-deux centres hospitaliers de l'AP-HP de Paris et de la région Ile de France, des centres non-hospitaliers (comme les CeGGID ou des lieux de santé sexuelle), des cliniciens, des virologues, des chercheurs en sciences sociales et des associations participent au projet.
"C'est un projet de grande envergure que nous sommes fiers de porter aux côtés de la Mairie de Paris, qui montre à travers son programme "Vers Paris Sans Sida" son engagement à briser l'épidémie", déclare le Pr François Dabis, Directeur de l'ANRS. "L'AP-HP et l'association AIDES vont porter avec nous ce projet ambitieux. Notre prochain objectif est d'élargir l'offre de PrEP, en particulier dans les centres nonhospitaliers, pour aller au plus près des populations les plus à risque, en particulier les personnes transgenres et les migrants". De nouveaux partenariats pourraient être mis en place pour accompagner les initiatives franciliennes de lutte contre le Sida.