Cancer du col de l'utérus : faut-il continuer les frottis après 65 ans ?
Selon une étude américaine, les frottis de dépistage devraient être poursuivis au-delà de 65 ans, pour prévenir le cancer du col de l'utérus. Actuellement, les autorités de santé préconisent de ne pas les poursuivre au-delà de cet âge, en dehors de facteurs de risque particuliers.
Actuellement, l’Institut national du Cancer (InCa) préconise un dépistage du cancer du col de l’utérus pour toutes les femmes entre 25 et 65 ans, avec deux premiers frottis à un an d'intervalle, puis, en l'absence de problème, tous les trois ans. Au-delà de 65 ans, les autorités de santé jugent l'intérêt limité et dépendant de l'examen gynécologique. Ce dépistage repose sur la détection de lésions précancéreuses, qui peuvent être traitées (retirées) avant qu’elles ne dégénèrent en cancer. La prévention de ce cancer repose également sur la vaccination anti-HPV.
Dépister le cancer du col de l'utérus après 65 ans, un débat redondant
Le Pr Karin Rosenblatt évoque ce débat redondant : "Certaines études indiquent que les frottis vaginaux sont inutiles chez les personnes âgées, tandis que d'autres montrent qu'il existe toujours un bénéfice chez les plus de 65 ans". D’un côté, les premières études laissaient penser qu’un dépistage au-delà de 50 ans était inutile ; de l’autre, l’âge limite du dépistage n’a cessé d’augmenter à mesure que l’origine de la maladie et ses facteurs de risque étaient mieux compris.
La question n’est pas anodine car comme le rappelle le Pr. Rosenblatt, "Bien que l'incidence du cancer du col utérin soit plus importante avant 65 ans, les femmes plus âgées ont tendance à avoir des formes de la maladie plus redoutable avec plus de décès".
Le frottis bénéfique après 65 ans
Son équipe a étudié les données médicales de 1991 à 99 et ont extrait les informations de 1200 femmes récemment diagnostiquées avec un cancer du col de l’utérus. Les chercheurs ont ensuite comparé leur "historique" de frottis par rapport à 10 000 femmes en bonne santé, du même âge et de la même zone géographique (les ajustements en fonction de l’origine ethnique et du revenu moyen dans la région). Les femmes ayant eu un frottis dans les 2 à 7 ans précédant le diagnostic ont été identifiées.
Résultat : "Nous avons constaté que les femmes diagnostiquées avec un cancer étaient 36 % moins susceptible d’avoir bénéficié d’un frottis, par rapport au groupe contrôle. La réduction du risque était de 52 % en tenant compte des femmes qui dans le groupe contrôle avaient subi une hystérectomie avant 65 ans. Ces deux résultats sont statistiquement significatifs" déclare le Pr. Rosenblatt.
Faut-il élargir le dépistage par frottis aux femmes de plus de 65 ans ?
Ces résultats suggèrent donc que les frottis peuvent être bénéfiques pour la prévention du cancer du col utérin chez les femmes de plus de 65 ans, comme l'avait également noté une précédente étude britannique. Le recours à un tel dépistage au-delà de 65 ans devra être considéré en prenant en compte les possibles complications psychologiques liées à un diagnostic de lésions précancéreuses, la présence de maladies ou handicaps concomitants et l'espérance de vie générale. Une analyse médico-économique permettra également de mieux évaluer les bénéfices liés à l’élargissement d’un dépistage du cancer du col de l’utérus après 65 ans.