Contraception : les Françaises peuvent mieux faire !
Malgré une très large diffusion de la contraception, le nombre d'avortements reste très élevé en France. Oubli de pilule, idées fausses, manque d'information... Découvrez les raisons de ce paradoxe français alors que sera bientôt lancée une nouvelle campagne d'information à destination du grand public et des médecins.
En mars 2006, le Ministre en charge de la Santé annonçait à l'occasion des 50 ans du Mouvement pour le planning familial la reprise de la communication nationale sur la contraception. Avant de lancer une nouvelle campagne, les autorités sanitaires dresse un état des lieux de la contraception en France.
De la nécessité d'une contraception efficace Selon le Baromètre santé 2005 (1 et 2), 71 % des adultes de 15 à 54 ans sexuellement actif déclarent “ faire quelque chose pour éviter une grossesse “. Ce chiffre reste stable par rapport à 1999, tout comme l'âge moyen du premier rapport sexuel d'environ 17,5 ans. Mais l'âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant est en constante augmentation : 26,5 ans en 1977 à près de 30 ans en 2004. Entre l'entrée dans la vie sexuelle et celle de la maternité, la durée s'est ainsi allongée (9,5 ans en moyenne) et implique donc la nécessité de maintenir une contraception efficace plus longue qu'auparavant.
La contraception en chiffres |
Mais dans ce domaine, si l'on se réfère à la diffusion de la contraception, les Françaises devraient tout avoir pour faire partie des bonnes élèves mais la réalité est plus complexe...
IVG en hausse : la pilule trop dure à avaler ! D'une part le taux d'utilisation et de diffusion de la contraception est l'un des plus élevés d'Europe et d'autre part, le nombre d'IVG se stabilise à un peu plus de 200 000 IVG par an et tend même à augmenter dans certaines tranches d'âge. Plus de la moitié des femmes ayant eu recours à l'IVG utilisaient des contraceptifs théoriquement efficaces (23,1 % prenaient la pilule, 19,3 % utilisaient un préservatif, et 7 % le stérilet) (3). Comment expliquer ce paradoxe ? Par une difficulté à gérer au quotidien sa contraception. Selon l'étude sur “les Français et la contraception“ (4), plus d'une femme adepte de la pilule sur cinq (21 %) - et 27 % des 21-30 ans - déclarent l'oublier au moins une fois par mois !
Un recours à la contraception d'urgence encore inégal |
Les Françaises mal informées D'un côté, les Françaises se déclarent satisfaites (95 %) de leur moyen de contraception. Elles sont au courant des différentes méthodes : la pilule et le préservatif masculin sont connus par plus de 97 % des Français, le stérilet par 93 %, le préservatif féminin et le diaphragme par près de 75 %, les spermicides par 52 %, les patchs par 48 %, les implants par 44 % et les anneaux vaginaux par 44 %. De l'autre, les Françaises ont encore du mal à sortir d'une histoire contraceptive autre que préservatif, pilule puis stérilet. Malgré l'éventail des choix désormais disponibles, on a encore l'impression que ce sont les femmes qui s'adaptent (avec plus ou moins de bonheur) à leur contraception et non l'inverse ! Au-delà d'une contraception standard, il est possible aujourd'hui d'offrir à chacune une contraception personnalisée. De plus, les stéréotypes et les idées reçues restent encore nombreux et montrent de véritables lacunes sur le cycle féminin et l'utilisation des méthodes contraceptives. Pour remédier à ce manque d'information, une grande campagne d'information à destination du public mais également des médecins sera lancé à la rentrée 2007 (5). En attendant, nous vous invitons à (re)découvrir notre rubrique entièrement consacrée à la contraception. Vous y trouverez la réponse à toutes vos questions ! David Bême 1 - Lydié N, Léon C. Contraception, pilule du lendemain et interruption volontaire de grossesse. In Guilbert. P ; Gautier. A Baromètre santé 2005. Premiers résultats: p 103-108.
2 - Moreau C, Lydie N, Warszawski J, Bajos N Activité sexuelle, infections sexuellement transmissibles, contraception. Baromètre santé 2005. Attitudes et comportements de santé à paraître.
3 - Au cours des périodes de transition contraceptive (changement de contraception, post partum...), les femmes sont particulièrement exposées au risque d'échec de la contraception.
4 - Enquête “ les Français et la contraception “ menée par l'INPES en février 2007 auprès d'un échantillon de 2004 personnes
5 - Conférence de presse de l'INPES du 5 juin 2007