Coronavirus chinois : un outil permet d’estimer le risque d’importation en France
Développé par l’Inserm, ce modèle évalue “la capacité de l’épidémie à s’étendre à d’autres régions du monde” et notamment à l’Europe et à la France, en s’appuyant sur les données des vols en provenance des provinces chinoises touchées.
Alors que le bilan des personnes infectées par le nouveau coronavirus découvert en Chine ne fait que s’alourdir, s’élevant aujourd’hui à 830 cas et 26 morts, et que d’autres pays sont touchés, la possibilité d’une épidémie en Europe et notamment en France inquiète. Une équipe de chercheurs de l’Inserm a donc mis au point un outil permettant d’estimer le risque d’importation du virus dans cette région du monde.
Plusieurs scénarios élaborés
Pour cela, les scientifiques se sont penchées sur les provinces chinoises qui ont déclaré plus de dix cas d’infection à 2019-nCoV, nom donné au virus. “Leurs estimations des risques d’exportation de ces cas s’appuient sur les données des flux aériens en provenance de ces régions vers l’Europe datant de janvier 2019 et issues de l’OAG, une organisation mondiale leader dans la collecte de données sur les vols aériens”, précise le communiqué de l’Inserm.
En élaborant deux scénarios - “faible risque de diffusion de l’épidémie” et “risque élevé de diffusion” -, ils ont ainsi pu évaluer “le risque qu’au moins un cas soit importé en Europe dans les deux prochaines semaines”. Tandis que le premier “se base sur l’état de la situation (7 cas exportés hors de Chine) avant la quarantaine aérienne décidée par le gouvernement chinois”, le deuxième “reflète le fait que le nombre de cas chinois ne cesse d’augmenter et permet d’anticiper le cas d’une exportation plus massive du nombre de personnes infectées”, explique Vittoria Colizza, directrice de l’équipe.
Le risque qu’un voyageur infecté arrive en France estimé entre 5 et 13%
Résultats : “le risque qu’au moins un cas soit importé en Europe dans le premier scénario est de 33% et de 70% dans le deuxième scénario”, notent les chercheurs. Deux pays seraient néanmoins “plus exposés”, “étant donné les flux aériens” : l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le risque qu’un voyageur infecté arrive sur le sol français est lui de 5% dans le premier scénario, et de 13% dans le deuxième. Ce risque “se concentrerait surtout sur les aéroports de la région parisienne”.
Un outil “d’aide à la décision publique”
Néanmoins, les scientifiques précisent et insistent : “Ce modèle ne constitue en aucun cas une prédiction du nombre de cas à venir sur le territoire français et européen, mais bien un outil théorique d’aide à la décision publique.” Lors d’une conférence de presse organisée le 22 janvier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le directeur de l’institution Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que si l'apparition de ce nouveau virus constitue “une urgence en Chine”, “ce n’est pas encore une urgence sanitaire mondiale”.
En France, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a expliqué lors d’un point presse donné le 21 janvier que “des affiches ont été disposées à l’aéroport de Roissy” afin d’expliquer aux voyageurs les précautions à prendre lors d’un séjour en Asie. La mise en place de mesures plus strictes n'a pour l'instant pas été jugée nécessaire.
Santé publique France a de son côté élaboré un "dispositif de surveillance renforcée destiné à détecter d’éventuels cas importés”. Les personnes présentant des symptômes semblables à ceux de l’infection au nouveau coronavirus devront systématiquement être prises en charge par le Samu.