Covid-19 : un médicament antiviral pourrait bloquer la transmission du virus en 24 heures
Une récente étude a montré que le molnupiravir, médicament antiviral développé de base pour traiter la grippe, a permis de stopper la transmission du SARS-CoV-2 en une journée chez le furet. Un espoir dans la lutte contre la Covid-19, en attendant la vaccination de masse.
Alors que la course au traitement de la Covid-19 continue et que les vaccins seront bientôt disponibles pour les personnes à risque dans un premier temps, un nouveau médicament antiviral s’avère prometteur dans la lutte contre la pandémie. Une étude américaine parue dans la revue Nature Microbiology le 3 décembre 2020 a montré que la prise de monulpiravir pourrait rapidement empêcher la transmission du coronavirus.
Efficace chez le furet
Aussi connu sous le nom de MK-4482/EIDD-2801, le monulpiravir avait déjà montré des effets anti-grippaux chez plusieurs modèles animaux notamment. Cette fois, les chercheurs ont voulu tester ses effets sur le SARS-CoV-2 chez des furets. Ces animaux possèdent les mêmes récepteurs à coronavirus que les humains. “Nous pensons que les furets sont des modèles de transmission pertinents car ils transmettent rapidement le SARS-CoV-2 mais ne développent pas une forme sévère de la maladie dans la plupart des cas, ce qui ressemble de près à la propagation du SARS-CoV-2 chez les jeunes adultes”, note par ailleurs le docteur Robert Cox, co-directeur de l’étude.
Les scientifiques ont infecté des furets et leur ont administré le traitement par voie orale quand les animaux ont commencé à excréter le virus par le nez. “Quand nous avons mis les furets infectés puis traités dans la même cage que les furets contacts non traités, aucun d’entre eux n’ont été infectés”, rapporte Josef Wolf, co-auteur de l’étude. En comparaison, tous les furets contacts qui avaient reçu un placebo ont eux été contaminés.
Un triple avantage
“MK-4482/EIDD-2801 a été bien toléré et efficace oralement contre le SARS-CoV-2, réduisant la charge virale dans les voies respiratoires supérieures en-dessous du niveau de détection dans les 24 heures suivant la première administration du médicament”, écrivent les chercheurs. En d’autres termes, le monulpiravir a considérablement réduit la quantité de particules virales excrétées. Selon eux ce traitement, “en particulier initié rapidement après l’infection, peut ainsi présenter un triple avantage : il peut diminuer le risque de progression vers une forme sévère de la maladie et accélérer la guérison, réduire le fardeau émotionnel et socio-économique associé à l’indispensable isolation prolongée et aider à rapidement éteindre les foyers épidémiques locaux”.
Le monulpiravir “pourrait changer la donne”
Le médicament est actuellement en phase II/III d’essai clinique. Il est testé sur des patients atteints de la Covid-19 à trois différentes doses toutes les 12 heures pendant 5 jours. Néanmoins, les données ne devraient pas être disponibles avant mai 2021.
Toujours est-il que si les résultats chez l’Homme sont similaires à ceux observés chez l’animal, les patients pourraient devenir non infectieux 24 à 36 heures après le début du traitement, estiment les chercheurs. Le monulpiravir pourrait ainsi être “un candidat de taille pour le contrôle pharmacologique de la Covid-19”, affirme Richard Plemper, co-auteur de l’étude, avant la vaccination de masse. “C’est la première démonstration d’un médicament pouvant être pris par voie orale qui peut rapidement bloquer la transmission du SARS-CoV-2. MK-4482/EIDD-2801 pourrait changer la donne.”