Crise à l’hôpital : plus de 600 médecins menacent de démissionner
Chefs de service, responsables d'unités de soins et médecins hospitaliers jugent insuffisants les moyens débloqués par le ministère de la Santé pour améliorer les conditions de travail à l’hôpital. Dans une tribune, 660 d’entre eux “s'engagent à démissionner” si “de réelles négociations” ne sont pas ouvertes.
Presque dix mois après le début de la grève des urgences, la situation à l’hôpital ne s’est pas améliorée et semblerait même s’envenimer. Dans une tribune publiée dans Le Journal du Dimanche le 14 décembre dernier, 660 chefs de service, responsables d'unités de soins et médecins hospitaliers ont assuré qu’ils démissionneraient, "si la ministre de la Santé Agnès Buzyn n’ouvre pas de réelles négociations pour desserrer la contrainte imposée à l'hôpital public".
Un "mouvement de désobéissance inédit"
Pour eux, cette menace de démission est un "cri de désespoir". "Les médecins hospitaliers ont eu beau sonner l'alarme, la rigueur est devenue austérité, puis l'austérité, pénurie. La ministre actuelle ne manque pas de témoigner sa compassion, mais le vrai ministère de la Santé est désormais à Bercy. Nous devons donc nous résoudre aujourd'hui à un mouvement de désobéissance' inédit", écrivent-ils.
"L'hôpital se meurt et la ministre ne lui administre que des soins palliatifs"
Ces professionnels, membres du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), jugent les mesures mises en place pour "assurer la qualité des soins" et "garantir la sécurité des patients" à l’hôpital insuffisantes : celles-ci "se résument pour 2020 à moins de 300 millions supplémentaires, alors que de l'avis général il manque 1,3 milliard d'euros pour répondre à la seule augmentation programmée des charges. L'hôpital se meurt et la ministre ne lui administre que des soins palliatifs", lancent-ils.
Un Grenelle ou la démission
"On continue de fermer des lits d'hospitalisation, on n'arrive pas à recruter des personnels parce qu'on nous dit qu’on n'a pas de pognon", explique Patrick Pelloux, président des médecins urgentistes de France, à Franceinfo. Les signataires de la tribune demandent l’ouverture d’un "Grenelle de l’hôpital public avec un vrai plan financé répondant aux besoins".
Ils ajoutent qu’arrivés à 1000 signatures, ils adresseront une lettre à la ministre "pour lui enjoindre d'ouvrir les négociations avec le CIH… ou de [les] rejoindre".
Mais selon Patrick Pelloux, la tâche s’avère compliquée : "La ministre de la Santé ne veut pas négocier".