Crise à l’hôpital : Agnès Buzyn assure que les mesures prises “produiront des impacts dès janvier 2020”
Alors que plus de 1000 médecins hospitaliers ont annoncé leur souhait de démissionner, le ministère de la Santé explique dans un communiqué que les mesures annoncées en novembre dernier pour améliorer les conditions de travail à l’hôpital seront mises en œuvre de manière “accélérée”.
Le plan d’urgence proposé par Agnès Buzyn pour sortir de la crise des hôpitaux qui sévit depuis mars 2019 en France n’a pas permis d’apaiser les tensions. Face à une situation inchangée, le Collectif inter-hôpitaux (CIH) a expliqué qu’une lettre de démission collective signée par plus de 1000 médecins hospitaliers dont 600 chefs de service sera rendue publique le mardi 14 janvier. Dans un communiqué paru aujourd’hui, le ministère de la Santé a de son côté annoncé “une mise en œuvre accélérée des mesures ‘Investir pour l’hôpital’”, de façon à ce qu’elles “se traduisent rapidement dans le quotidien de travail des soignants et pour l’ensemble de l’hôpital public”.
De nouveaux moyens financiers disponibles ce mois-ci
“Dès ce mois de janvier, en plus du dégel intégral des crédits 2019 mis en réserve à hauteur de 415 millions d’euros, la ministre a décidé de déléguer sans attendre les moyens nouveaux nécessaires à l’application des mesures annoncées fin novembre”, explique le cabinet d’Agnès Buzyn. Ainsi, “la 1ère tranche de 150 millions d’euros de crédits dédiés à l’investissement du quotidien est déjà déléguée et sera disponible dans les hôpitaux dès ce mois de janvier. Il s’agit de permettre aux établissements d’acheter, sans attendre, le matériel indispensable au travail des soignants au quotidien”. Onze millions d’euros seront également versés ce mois-ci pour renforcer le financement dédié aux missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation (MERRI).
L’intégralité des mesures effective en 2020
Par ailleurs, la ministre assure que “l’intégralité des mesures ‘Investir pour l’hôpital’ sera mise en œuvre et effective en 2020”. D’abord, la reprise de la dette annoncée “sera initiée au second semestre”, ce qui aura “une traduction immédiate sur la situation financière des hôpitaux, en allégeant leur endettement à la hauteur du montant de la dette reprise chaque année d’ici à 2022”. Ensuite, “les dispositifs accompagnant les débuts de carrière des soignants et les métiers en tension (contrat d’engagement dans la carrière hospitalière, prime d’engagement dans la carrière hospitalière, prime d’exercice territorial) et encadrant l’intérim médical seront renforcés et mis en œuvre au plus tard à la fin du deuxième trimestre”. Enfin, “l’accord portant sur l’évolution pluriannuelle des ressources sécurisera la hausse continue des tarifs hospitaliers jusqu’en 2022 (après 10 années de baisse jusqu’en 2019)”.
Un plan d’action 2020 souhaité pour chaque hôpital
Agnès Buzyn souhaite également que “chaque hôpital élabore son plan d'action 2020 pour utiliser le plus vite et le plus efficacement possible les leviers offerts et dont certains sont mis à leur disposition dès aujourd’hui”. Tous les établissements disposant d’un service d’urgence devront en effet s’engager cette année à “prémunir tous les autres patients, en particulier les plus fragiles, de passer la nuit sur un brancard, grâce à plus de lits d’aval disponibles ou à des urgences réagencées” ; “travailler, quand leurs urgences dépassent 50 000 passages annuels, systématiquement avec une Maison Médicale de Garde (MMG) installée à proximité” ; “mener un diagnostic de vétusté des équipements” ; “pouvoir accueillir directement dans un lit d’hospitalisation les personnes âgées adressées par leur médecin traitant, sans passage inutile par les urgences”.
“Sur ce dernier point, conformément aux engagements pris dans le cadre du pacte de refondation des urgences, des crédits sont alloués aux hôpitaux, dès ce mois de janvier, pour favoriser l’admission directe des personnes âgées dans les services d’hospitalisation, sans passage par les urgences”, précise le communiqué.
Suivi renforcé et évaluation des mesures
Des hôpitaux pilotes ont été identifiés dans chaque région et seront “accompagnés dès les prochaines semaines pour ouvrir la voie à ces évolutions de l’organisation dans l’accès et la prise en charge aux urgences”. Un comité de suivi régional sera également chargé de s’assurer de la bonne mise en place de ces mesures ainsi que de “vérifier leurs impacts”.
“La ministre s’adressera prochainement aux chefs de service et responsables d’équipes médico-soignantes ainsi qu’aux conseils supérieurs compétents pour partager le programme de ces actions pour 2020”, conclut le communiqué.