La désaturation des urgences : un programme national est lancé
Marisol Turaine, a annoncé le lancement d’un programme national de gestion de lits auprès de 150 établissements de santé. Le but ? Désengorger les urgences au service des patients, des professionnels et des établissements.
Un patient sur un brancard dans un couloir des urgences pendant des heures, des attentes interminables sur une chaise pour d’autres avant d’être reçus par le personnel soignant… La saturation des services des urgences est bien connu et pas nouveau. Pour la ministre des Affaires sociales et de la Santé, l’amélioration de la gestion des lits constitue la solution au problème, devenu une priorité. C’est dans cette perspective qu’un programme national d’amélioration de la gestion des lits auprès de 150 établissements de santé vient d’être lancé.
Quels objectifs et quels moyens ?
Le programme sera piloté par les agences régionales de santé (ARS) et par l’agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux. Les objectifs affichés sont : permettre de réduire les délais d’admission des patients dans les services, le nombre de lits inoccupés, les transferts vers d’autres hôpitaux mais aussi de réduire le temps passé par le personnel de santé des urgences à chercher des lits pour hospitaliser les patients ainsi que le report des interventions programmées.
Convaincue par l’efficacité de cette méthode, la ministre de la Santé a déclaré, lors d’une visite au service des urgences du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, d’avoir proposé la création de postes de gestionnaires de lit d’aval, c’est-à-dire, des personnes qui trouvent des services qui vont accueillir les malades des urgences. D’ailleurs, une vingtaine d’établissements, dont l’hôpital Saint-Joseph, ont déjà mis en place ce système avec des bons résultats, a-t-elle ajouté. Un exemple concret, l’amélioration du flux des patients du groupe hospitalier Saint-Joseph s’est faite grâce au concours de quatre gestionnaires des lits en aval dont la fonction est d’orienter les patients lors de leur passage aux urgences vers des places disponibles préalablement identifiés. De ce fait, les urgentistes et infirmiers ne perdent plus leur temps à chercher des places pour les patients et peuvent se consacrer entièrement à leur travail.
Quelle efficacité en pratique ?
Du fait des conséquences sur la santé, le travail des soignants et les dépenses générées, l’engorgement des services des urgences est un problème controversé, et ce programme, qui est présenté comme la solution, génère aussi des polémiques.
Ainsi, Sonia Nordey, gestionnaire des lits de l'hôpital de Pontoise, se déclare sur Europe 1 très favorable à ce programme car son efficacité est évidente, notamment en périodes de grande affluence, comme par grand froid, avec une prise en charge plus rapide pour les patients. A l’inverse, d’autres, comme Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) affirment que le problème n’est pas une question d’organisation mais de moyens. Pour le représentant de l’AMUF, les lits de médecine polyvalente manquent et, sans ces lits, “les gestionnaires des lits en aval seront confrontés à une problématique insoluble“. Par ailleurs, dans un message posté sur le blog de Marisol Turaine, une infirmière urgentiste exprime des réserves en raison de la qualification des agents de gestion des lits et se demande comment ils feront pour savoir quel sera le service le mieux adapté aux patients, ou encore que feront-ils lorsqu’il y a zéro lits sur un CHU et qu’aucune hospitalisation n’est possible... En attendant, la ministre a déclaré que le programme commencera très rapidement et sa mise en place devra être achevée dans 18 mois au plus tard.
Jesus Cardenas
Sources :
Communiqué de presse de Marisol Touraine - Désengorgement des urgences du vendredi 26 avril 2013.
Europe 1. Bientôt moins d’attente aux urgences ? 27 avril 2013.