• Actualités
  • La lutte anti-tabac s'essouffle...

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 4 min.

    Alors que vient de se clôturer la deuxième conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac, il semblerait que la lutte contre la cigarette marque le pas. Pour vaincre ce fléau responsable de 60 000 décès par an, ne faudrait-il pas passer à la vitesse supérieure ?

    La suite après cette publicité

    Essoufflement des campagnes d'informations, moratoires sur les prix du paquet de cigarettes... Après des résultats encourageants, la lutte anti-tabac décline à mesure que les ventes de cigarettes augmentent à nouveau.

    La suite après cette publicité

    La cigarette refuse de s'éteindre... Lors du lancement du plan cancer, le tabac avait été désigné comme l'ennemi public numéro un. Le président Jacques Chirac lançait lui-même les premières attaques en mars 2003 : “Si l'on ajoute aux cancers du poumon les cancers des voies aéro-digestives, ce sont environ soixante mille décès qui sont chaque année liés directement au tabac“. Quelques mois plus tard, les fortes hausses du prix des cigarettes frappaient un grand coup. Entre novembre 2003 et début 2004, le prix moyen du paquet passait de moins de 4 euros à plus de 5 €... Mais il semble qu'aujourd'hui ce fléau renaisse de ses cendres. Comme en témoignent les résultats du premier semestre du cigarettier Altadis (ex Seita), les ventes de cigarettes blondes augmentent légèrement (de 1,7 %), alors que l'an passé à la même époque la consommation chutait de près d'un quart (1). Autant dire qu'en dehors des baisses d'activité des buralistes frontaliers, il semblerait que désormais ça roule pour les débitants de tabac... Alors ne faudrait-il pas procéder à une nouvelle augmentation des prix ? Impossible car face à la grogne des buralistes, le Premier ministre Raffarin a concédé fin 2003 un moratoire sur les prix jusqu'en 2008 ! Privée de ce levier efficace, la lutte anti-tabac espère se relancer en réduisant les lieux dévolus à la cigarette.

    La suite après cette publicité

    Tabagisme passif : la loi Evin peu active... La loi Evin du 10 janvier 1991 vise entre autre à protéger les non-fumeurs du tabagisme passif. Depuis le 29 juin 2005, un arrêt de la Cour de cassation va plus loin et oblige les employeurs à protéger les salariés du tabagisme. Mais selon une enquête Ipsos/Pfizer réalisée en juillet 2005 (2), ces obligations restent trop souvent lettres mortes... Seulement 23 % des français affirment que la loi Evin est strictement appliquée dans leur entreprise et 21 % déclarent qu'il n'est pas interdit d'y fumer. Ce qui représenterait 4.6 millions de personnes enfumées ! Certains sont mieux protégés que d'autres : les ouvriers (31 %) travaillent davantage que les cadres (11 %) dans des entreprises hors la loi. Pleinement conscients des dangers du tabagisme passif, 78 % des salariés pensent que les employeurs devraient garantir à tous un environnement de travail sans fumée. La plupart d'entre eux (87 %) estiment que les médecins du travail devraient pouvoir accompagner tous les fumeurs souhaitant arrêter. Selon le professeur Bertrand Dautzenberg, Président de l'Office Français de prévention du Tabagisme(OFT), “L'entreprise est responsable de la protection des salariés non-fumeurs, mais elle se doit aussi d'aider les fumeurs à s'arrêter. L'OFT accompagne les entreprises à ce passage à “l'entreprise sans tabac“ en leur fournissant les moyens d'aider les fumeurs qui le souhaitent à réduire leur consommation, ou mieux à ne plus fumer. Certaines entreprises s'engagent ainsi à fournir des substituts nicotiniques à leurs employés et mettent en place des accompagnements médicalisés de sevrage tabagique. Ces initiatives sont d'ailleurs très bien accueillies par les employés non-fumeurs et fumeurs“. Outre le respect de la loi dans l'entreprise, la lutte anti-tabac évoque de nouveau la possible interdiction totale de fumer dans les lieux publics. Défendu par le Comité national contre le tabagisme dès septembre 2004, cet argument n'avait alors pas retenu l'attention du ministre de la santé...

    La suite après cette publicité

    Bonne élève de l'Europe, l'Irlande se met au vert... La prise de conscience des dangers du tabagisme passif pousse aujourd'hui les pays européens à bannir la cigarette des lieux publics et notamment des restaurants. A ce sujet, le Pr. Dautzenberg rappelle le bénéfice d'une telle mesure : “Dans les pays tels que l'Irlande où le tabac a été interdit dans les lieux publics, le taux de benzène a ainsi été divisé par trois, descendant en dessous des taux réglementaires de l'air des villes, ce qui confirme l'impact important de l'interdiction de fumer sur la qualité de l'air respiré !“. Car c'est bien l'Irlande qui fait figure d'exemple. Ce pays a été le premier à imposer une telle interdiction en mars 2004, rejointe par l'Italie en janvier 2005 puis par la Suède en juin 2005. Et les résultats sont au rendez-vous : depuis l'instauration de cette loi, environ 7 000 personnes ont arrêté de fumer. Selon la Société irlandaise du Cancer, le nombre de fumeurs qui sont parvenus à arrêter a augmenté d'un tiers. Une étude menée à l'échelon national montre que plus d'une personne sur dix a décidé d'arrêter de fumer en raison de l'interdiction de fumer sur les lieux de travail. Dans plusieurs pays d'Europe, le débat est ainsi relancé. En France, l'Union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie (Umih) a senti le vent tourner. S'appuyant elle-aussi sur un sondage Ifop selon lequel “70 % des personnes interrogées affirme que la cohabitation entre fumeurs et non fumeurs est possible et souhaitable“ (3), l'Umih entend s'arc-bouter sur la stricte défense de la loi Evin. Pour appuyer cette contre-attaque, une campagne de communication sera lancée auprès des patrons de bars, hôtels, restaurants et discothèques. Notons que l'Umih compte parmi ses partenaires officiels le cigarettier Altadis. Entre santé publique et lobbying industriel, quelle sera finalement la décision politique ? La réponse pourrait arriver dès le 3 novembre 2005, date à laquelle le députe UMP d'Alsace, Yves Burr devrait déposer une proposition de loi visant à interdire de fumer dans tous les lieux publics et de travail. Affaire à suivre, donc... David Bême 1 - Communiqué sur les résultats du premier semestre 2005 Altadis

    La suite après cette publicité

    2 - Communiqué Pfizer du 19 septembre 2005

    3 - Communiqué de l'Umih du 8 septembre 2005


    Partager sur :

    Newsletter Bien Vieillir

    Recevez nos dernières actualités pour rester en forme

    Doctissimo, met en oeuvre des traitements de données personnelles, y compris des informations renseignées dans le formulaire ci-dessus, pour vous adresser les newsletters auxquelles vous vous êtes abonnés et, sous réserve de vos choix en matière de cookies, rapprocher ces données avec d’autres données vous concernant à des fins de segmentation client sur la base de laquelle sont personnalisées nos contenus et publicités. Davantage d’informations vous seront fournies à ce sujet dans l’email qui vous sera adressé pour confirmer votre inscription.

    Merci de votre confiance

    Découvrez toutes nos autres newsletters.

    Découvrir