La crise sanitaire relance le débat de la légalisation du cannabis
Le cannabis, une solution après la crise du Covid-19 ? C’est ce qu’estiment une soixantaine d’élus ainsi que des médecins qui prennent position en faveur de sa légalisation dans une tribune publiée dans l’Obs.
La France a été ébranlée par la crise du Covid-19 aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. Dans une tribune publiée dans l’Obs, un collectif de 70 médecins, économistes, et élus nationaux et locaux demande la légalisation rapide du cannabis, qui serait pour eux une solution à la crise.
En juin 2019, une proposition de loi relative "à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis" avait déjà été déposée.
Le 18 juin 2020, François-Michel Lambert (député et coprésident de LEF), Caroline Janvier (députée LREM), Jean-Luc Bennhamias (membre du CESE) et Sylvia Pinel (députée PRG) reviennent sur les raisons qui les amènent à demander cette légalisation à travers 4 arguments principaux.
Economie, sécurité, santé et société : les arguments avancés en faveur de la légalisation
La raison économique est citée en premier, à l’heure où la France traverse une importante crise. "La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, notamment dans le secteur agricole", peut-on lire dans la tribune.
Vient ensuite la question de la sécurité. Les signataires de la tribune estiment que la légalisation permettrait de "soulager les forces de police de plus de 120 000 interpellations par an pour simple usage et de plus d’un million d’heures de travail des forces de l’ordre".
Concernant la santé, la tribune avance que "légaliser, c’est maîtriser la distribution du produit, sa composition tout en permettant de développer des vraies politiques de santé publique, de prévention et d’accompagnement à destination des usagers".
Enfin, sur le plan social, ils estiment que la légalisation "consiste à cesser de faire de la consommation de cannabis un problème judiciaire et un problème médical sans voir la banalisation du produit, la diversité de ses consommateurs, son ancrage dans la société et ses multiples usages".
Le Covid-19 au cœur du débat pour la légalisation
Pour les auteurs de cette tribune, la démarche devient d’autant plus urgente à un moment où "la crise du Covid-19 a posé la question de la dépendance et du rôle du cannabis en période de confinement et de crise sanitaire".
L’étude CANNAVID, menée par les associations Bus 31/32 et Plus Belle La Nuit, en partenariat avec l’Inserm, a cherché à mesurer l’impact du confinement sur la consommation de cannabis. Résultat, les fumeurs réguliers ont augmenté leur consommation "avec des motivations très largement thérapeutiques ou d’automédication liée au stress, aux insomnies, à la douleur”.
En plein confinement, les fournisseurs et consommateurs ont su s’adapter et les trafics n’ont pas diminué. "La légalisation du cannabis à échéance 2021 contribuerait donc à sécuriser l’ensemble de la population sur un plan sanitaire et les consommateurs en premier", estiment les auteurs de la tribune.
Avant de conclure : "mais avant de légaliser il s’agit très vite de dépénaliser l’usage tout en permettant un réel débat public. Dépénaliser comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens serait sans doute un signe fort et responsable vis-à-vis des millions de Français qui consomment et en ont assez qu’on ne les considère que comme des malades ou des délinquants".