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  • Les enjeux et les limites de la lutte antidopage

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    Alors que les jeux olympiques retrouvent à Athènes, le berceau des premières olympiades, le dopage continue de faire parler de lui. Jusqu'où iront les tricheurs ? Quels sont les moyens de lutte ? Le pire est-il à venir ? Doctissimo apporte quelques éléments de réponse.

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    Affaire Festina, scandale de la THG, déclarations de l'excompagnon de Marion Jones... Les soupçons entachent de plusen plus le sport professionnel. Face aux dérives dusport-spectacle, est-il encore temps de réagir ?

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    Une véritable banalisation du dopage

    Dans les années 1950, les athlètes étaientlargement instrumentalisés par les Etats au nom d'unsystème politique. Mais aux années de Guerre Froideont succédées celles du sport-spectacle et de sesinévitables dérives, notées en 1998, dans unrapport du sénat sur le dopage : “La pression desintérêts financiers incite à surcharger lescalendriers des compétitions, génératrices dedroits de diffusion et de recettes publicitaires, ainsi qu'àintensifier la promotion et l'exploitation des “stars“ du sport etla course aux records et aux performances spectaculaires, quiseules permettent de susciter et de retenir l'intérêtdes médias, sans lequel s'effondrent les profits“.

    L'aggravation de ce phénomène parmi les sportifs dehaut niveau est difficile à évaluer (lescontrôles ne permettraient de déceler que 10 à20 % des sportifs dopés), il semble néanmoins quecertaines pratiques se multiplient : cocktails de plusieursdopants, recours à des produits de plus en plus dangereux,de plus en plus innovants...

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    Face à ces dérives, les perceptions du publicapparaissent paradoxales. D'une part, ces dérivesn'échappent pas au grand public. En 1997, lesFrançais étaient 28 % à estimer que le dopageest “très répandu“ et 48 % “assez répandu“.Pas moins de 92 % considéraient le dopage comme une menaceimportante pour le sport de haut niveau(1). Mais l'annéesuivante, dans un autre sondage(2), ils étaient 26 %à considérer que le niveau sportif actuel etl'exigence du spectacle peuvent justifier le dopage !

    Entre dénonciation et dédramatisation, les opinionsfluctuent... Certaines études conduites sur le sport amateurou même dans les classes préparatoirestémoignent de l'association inquiétante entreperformance et prise de médicaments ou de produitsénergisants. Face à cette banalisation du dopage, lesproduits deviennent de plus en plus sophistiqués.

    Jusqu'à la thérapie génique !

    Parallèlement, l'arsenal dopant se perfectionne à telpoint que l'on peut parfois se demander si la lutte antidopagen'est pas engagée dans un combat trop inégal... Enjuin 2003, le laboratoire d'analyse antidopage reçoit uneseringue contenant un produit inconnu. Selon l'expéditeur(un entraîneur qui souhaitait rester anonyme), ce produit luiaurait été fourni par le laboratoire pharmaceutiquecalifornien Balco. Après analyse, le composé serévèle être un anabolisant de synthèsejusqu'alors indétectable dans les urines : latétrahydrogestrinone (THG). Depuis, on a découvertque des athlètes de renommée internationale avaientun partenariat avec Balco comme les sprinters Dwain Chambers,Marion Jones...

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    Suite à ce nouveau scandale, on peut se demanderjusqu'où pourra aller le dopage ? “Jusqu'à lathérapie génique et cellulaire“ affirme GérardDine, spécialiste français du dopage. Ce sentimentest aujourd'hui partagé par d'autres experts parmi lesquelsLee Sweeney. Ce spécialiste de la thérapiegénique a réussi à doubler la force musculairede rat après leur avoir injecté un gèneparticulier. Initialement lancées pour lutter contre ladégénérescence musculaire, ces recherchesintéressent de plus de plus les sportifs de haut niveau enquête de performance à tout prix. Témoin d'unvif débat au sein de la communauté scientifique, ilvient de tirer la sonnette d'alarme dans la revue “The ScientificAmerican“(3) de juillet 2004. Mais est-il encore temps ?

    Les progrès technologiques de la lutte antidopage

    Face à toutes ces innovations, on a l'impression que lestricheurs ont toujours une longueur d'avance sur lescontrôles... Avec d'un côté des tricheurs sansfoi ni loi prêts à tout essayer et de l'autre, desméthodes de contrôle robustes qui doivent êtreéprouvées... la lutte est-elle perdue d'avance ? Non,car les instances de contrôles s'organisent désormais.En 1999, la création de l'Agence Mondiale Antidopage marqueune réelle avancée comme en témoignel'entrée en vigueur du Code mondial antidopage àl'occasion des Jeux Olympiques d'Athènes. Désormais,les athlètes sont soumis aux mêmes interdits,procédures et sanctions quelle que soit la disciplinesportive. Lors de ces Jeux Olympiques, un nombre record decontrôles (3 500) sera pratiqué avant et pendant lacompétition, sur les sites olympiques mais égalementen dehors, annoncés ou inopinés... De plus, leprésident du comité olympique international, JacquesRogge laisse planer le doute sur les substances capablesd'être détectées. La communication se focaliseainsi sur les substances interdites et non sur les méthodescapables de les détecter. Des fraudeurs pourraient avoir debien mauvaises surprises car la technologie progresse... L'hormonede croissance et les transfusions sanguines pourraient ne pluspasser au travers des contrôles urinaires et sanguins.

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    Gérard Dine reconnaît les progrès du nouveaucode mondial antidopage même si selon lui, ils ne serontréellement quantifiables qu'à partir de 2006 : “Cecode prévoit notamment pour la première fois lapossibilité de contrôle hors des périodes decompétition. Réellement indépendante, l'AgenceMondiale Antidopage est la seule instance capable deréellement faire évoluer le sport dans le bonsens“.

    Mais au-delà du perfectionnement des tests, la lutte contrece fléau ne peut passer uniquement par la répression.Expliquer les dangers du dopage en apportant une information claireet impartiale sur les dopants, réhabiliter les valeurséthiques d'un sport propre... sont autant d'enjeux pour quedemain nous soyons sûrs que sous chaque maillot se trouve devéritables héros.

    David Bême

    (1) Etude BVA - L'Equipe magazine, publiée dans l'EquipeMagazine - n° 808, 27 septembre 1997

    (2) Sondage Ifop - France Soir - publié en 1998 dans FranceSoir

    (3) Scientific American - Juillet 2004


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