Des millions de masques FFP2 rappelés par Santé publique France
Destinés principalement aux établissements de santé et aux établissements médico-sociaux pour se protéger du Covid-19, les masques labellisés “Biomass Graphène” pourraient présenter des risques pour la santé en raison de la présence de graphène, une substance toxique.
Dans une note relayée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) le 25 mai et mise à jour le 31 mai, Santé publique France enjoint les personnels dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux à ne plus utiliser les masques FFP2 labellisés “Biomass Graphène”, “dans l’attente de l’évaluation de l’éventuel risque lié à la présence de graphène dans ces masques” et “par précaution”.
Le graphène, un produit biocide
Ce sont trois modèles du fabricant Shandong Shengquan New Materials qui sont concernés. “En cas de présence dans vos stocks de la référence concernée, merci de mettre la référence en quarantaine, précise Santé publique France. Si les masques ont été redistribués, identifier les structures concernées et transférer le courrier ainsi que le formulaire afin que chaque structure indique les éventuelles quantités détenues.”
Le graphène est une substance classée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans la catégorie des biocides, définis comme “des substances ou des préparations destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes jugés nuisibles : champignons, bactéries, virus, rongeurs, insectes, etc.”
Un éventuel risque de toxicité pulmonaire
Le 2 avril, le ministère canadien de la Santé alertait déjà sur les risques des masques contenant du graphène : “l’inhalation de particules de graphène pourrait causer une toxicité pulmonaire précoce chez les animaux. Cependant, on ne connaît pas encore le potentiel d’inhalation de ces particules par les masques chez les humains ni les risques pour la santé qui en découlent, lesquels peuvent varier en fonction de la conception du masque”, notait-il, précisant qu’en l’attente des résultats d’une “analyse scientifique approfondie”, les masques contenant du graphène allaient être retirés du marché.
Santé publique France se défend
En France, une lettre de l’Agence régionale de santé (ARS) à destination des directions hospitalières que Mediapart a pu consulter indique qu’ “à ce stade, il a été identifié 60,5 millions de masques FFP2 dotés d'un marquage CE pouvant potentiellement contenir du graphène, dont 16,9 millions ont d'ores et déjà été distribués en 2020”, “principalement aux établissements de santé et établissements médico-sociaux”, ce qui représente "28% des stocks reçus" par l'Etat.
Santé publique France, contactée par Mediapart, affirme que la commande de l’Etat a été passée en avril 2020, "au moment des acquisitions massives dans le contexte de pénurie de masques" pendant la première vague de l’épidémie de Covid-19, et que “l’activité biocide” des masques n’avait pas été précisée, malgré sa mention explicite dans leur nom - “Biomass Graphène”.
L’Anses va être chargée d’évaluer la toxicité des masques concernés par le rappel.