Crise cardiaque : les pics de pollution inhabituels aussi risqués que de fortes concentrations dans l'air
Une étude publiée ce vendredi 16 février dans l'European Journal of Preventive Cardiology, une revue de la Société européenne de cardiologie, tire la sonnette d'alarme sur les pics de pollution atmosphérique qui présenteraient des risques accrus pour le cœur aussi important que des concentrations élevées soutenues.
L'étude, menée à Iéna en Allemagne, une ville de 100 000 habitants, a cherché à comprendre si les augmentations rapides des niveaux de pollution atmosphériques pouvaient augmenter le risque d’infarctus du myocarde et ce, indépendamment des limites définies par la règlementation de l'Union européenne (UE).
Une étude de suivi sur 7 ans
Les travaux ont suivi 693 patients vivant à moins de 10 kilomètres d'Iéna et qui avaient eu une crise cardiaque et hospitalisés entre 2003 et 2010.
Les concentrations de polluants atmosphériques relevées un, deux et trois jours avant les symptômes de crise cardiaque ont été comparées aux concentrations de la semaine précédente et de la semaine suivante.
Les concentrations élevées d’oxyde nitrique très dangereuses pour le coeur
D'après les résultats, des augmentations d'oxyde nitrique (NO2) de plus de 20 μg / m3 dans les 24 heures ont été associées à un risque augmenté de 121 % de crise cardiaque.
Ces pics de pollution se produiraient plus de 30 fois par an à Iéna où les limites légales concernant les oxydes nitriques ne sont généralement pas dépassées, indiquent les auteurs de l'étude qui se disent surpris par l'ampleur des résultats.
Les voitures, en particulier diesel, principales responsables
Le trafic terrestre et en particulier les voitures diesel sont la principale source d'oxyde nitrique dans l'UE, précise l'étude.
En revanche, l'étude ne montre pas de lien entre le changement rapide des niveaux de particules PM10 (pour les particules de diamètre inférieur à 10 microns) et le risque d'infarctus du myocarde.
Face à ce risque de crise cardiaque associé aux oxydes d'azote, les chercheurs alertent sur l'ampleur des augmentations de la pollution et pas seulement sur l'exposition à de fortes concentrations de particules fines connues pour augmenter le risque de plusieurs maladies, y compris les crises cardiaques.
Redéfinir les limites légales des polluants
Selon l'étude, cette association significative entre les changements rapides des oxydes d'azote et l'apparition de l'infarctus du myocarde devrait donner lieu à une redéfinition des limites légales actuelles de l'UE qui actuellement ne protègent pas du risque.
Cela nécessiterait "plus d'efforts pour réduire ces polluants atmosphériques, comme l'interdiction des voitures diesel dépassant les limites d'émission de l'UE", conclut l'étude.