Prolift : la prothèse vaginale au cœur d’un scandale sanitaire
Prolift, la prothèse vaginale sensée empêcher la descente d’organes fait l’objet de nombreuses plaintes à l’étranger. Le dispositif médical, créé par des médecins français, aurait provoqué de graves lésions chez des femmes du monde entier.
Un tissu qui "cisaille le vagin", qui fait l’effet d’un "papier de verre", d’une "râpe à fromage". Les témoignages des femmes qui ont été victimes de problèmes à cause de la prothèse vaginale Prolift sont glaçants. Dans une enquête publiée le 19 octobre 2017, L’Obs révèle que des procès sont en cours en Australie, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Les plaignantes qui se sont fait poser cette prothèse pour éviter le prolapsus (descente d’organes) dénoncent des effets graves.
Un tissu trop lourd
Le prolift se présente sous la forme d’un filet en mailles de plastique. Il est posé à l’intérieur du vagin, fixé à des ligaments.
Problème, le poids du tissu aurait des effets néfastes sur les terminaisons nerveuses, pouvant entraîner une inflammation vaginale et une mauvaise cicatrisation après la pose.
Douleurs intenses et nécrose
En plus des douleurs, certaines femmes avouent avoir été victimes de problèmes plus graves : perforation du rectum ou de la vessie, boule dans le vagin ou encore nécrose des parois vaginales. Pour d’autres, la prothèse vaginale a eu des répercussions sur leur vie sexuelle. Les douleurs pendant les rapports sont tellement importantes que plusieurs femmes ont déclaré ne plus en avoir.
Un dispositif interdit en France et aux Etats-Unis
Le Prolift a été mis sur le marché en 2005. La prothèse a été imaginée par neuf médecins français. Très vite les problèmes liés à ce dispositif médical se font connaître. Il est interdit aux Etats-Unis en 2012 après que plusieurs femmes aient obtenu des millions de dollars d’indemnisation. En France, il est retiré du marché en 2013 mais les patientes françaises victimes de Prolift n’ont déposé aucune plainte au pénal car elles auraient été "mieux prises en charge", selon L’Obs.
L'Australie a interdit ces prothèses à partir du 4 janvier 2018 en invoquant les risques potentiels pour les patientes. Une enquête parlementaire a été ouverte en Australie sur les éventuelles complications liées à ces implants à la suite de récits de femmes se plaignant de douleurs sévères et chroniques. La Therapeutic Goods Administration (TGA), l'agence australienne des médicaments, a expliqué qu'elle avait évalué les implants distribués en Australie et examiné les études internationales sur le sujet. "La TGA estime que les bénéfices liés à l'utilisation des filets transvaginaux pour traiter le prolapsus génital ne sont pas supérieurs aux risques représentés par ces produits", a dit le gouvernement dans un communiqué. "Les preuves scientifiques font défaut" également s'agissant du ratio risques/bénéfices dans les cas d'incontinence urinaire, ajoute le texte.
Des prothèses vaginales mal posées
Les lésions seraient aussi la conséquence d’une mauvaise pose du dispositif souvent réalisée par des "chirurgiens non-expérimentés" alors que ce matériel doit être posé par des experts. Interrogé sur ce point par l’hebdomadaire, le Dr Bernard Jacquetin, un des médecins français à l’origine du projet, a déclaré que des gens ont fait "un petit peu n’importe quoi" aux Etats-Unis et qu’en Amérique du Sud, "ça a été encore pire, mais ils ne portent pas plainte donc on en entend pas parler".
Le profit avant la santé des patientes ?
En Australie, un procès est en cours. Lors d’une audience, un mail rédigé par l’un des neuf médecins français a montré que ce dernier était bien au courant des risques de Prolift puisqu’il déclarait qu’il "ne poserait pas de Prolift à sa propre femme". Même s'ils précisent dans L'Obs que l'argent n'a pas acheté leur silence sur les dangers de la prothèse, ils n'en ont à aucun moment parlé... et se sont partagé 5,5 millions d’euros de royalties.