Prothèse PIP : Jean-Claude Mas remis en liberté
Le fondateur de la société de prothèses mammaires, Jean Claude Mas a été remis en liberté, sous contrôle judiciaire après huit mois de détention. Les victimes porteuses de ses implants défaillants s’inquiètent d’une possible fuite à l’étranger avant le début du premier procès pour tromperie aggravée en avril 2013 à Marseille.
Sorti de la prison du Pontet dans le Vaucluse le 29 octobre, soit huit mois après son incarcération, Jean-Claude Mas âgé de 73 ans est apparu amaigri. Cette mise en liberté a été décidée par le juge marseillais qui instruit le volet financier de l’affaire suite à une demande de l’avocat de Jean-Claude Mas déposée le 17 octobre. Il avait été incarcéré en mars pour quatre mois, faute d’avoir payé la caution prévue dans le cadre de son contrôle judiciaire. Devant être libéré en juillet, il avait finalement été replacé pour quatre mois en détention provisoire dans la cadre de l’instruction de nature financière de cette affaire. Cette décision avait également été motivée par un risque de fuite à l’étranger.
Un risque qui existe encore selon les associations de victimes. “Ce que j'espère vraiment, c'est qu'il va ressortir au moins avec les garanties qu'il ne pourra pas quitter le pays et qu'il sera là pour son procès. Nous savons très bien qu'à la première occasion, il fera tout pour quitter le pays. Il l'a dit lui-même“, s'inquiète Joëlle Manighetti, victime des prothèses mammaires, au micro d'Europe 1.
Jean-Claude Mas était devenu le troisième producteur de prothèses mammaires, fournissant plus de 100 000 prothèses par an, principalement à l’étranger. Mais une partie de ces implants a été rempli de gel de silicone “maison“ nettement moins cher mais irritant et non destiné à un usage médical, qui entraîne un risque supplémentaire de rupture. Les autorités sanitaires ont reconnu ce risque de rupture précoce et d’irritations provoquées, mais n’a pas établi de lien entre ces produits et la vingtaine de cas de cancers recensés chez les porteuses de prothèses PIP.
A la fin septembre 2012, 13 504 femmes ont profité d'un retrait de prothèses Poly Implant Prothèse (PIP), dont 9 426 à titre préventif, d'après le dernier bilan publié par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). On estime que 30 000 femmes sont porteuses en France d’implants PIP.
Fin décembre, le gouvernement a recommandé aux 30 000 femmes porteuses de ces prothèses de se les faire retirer de manière préventive, sans caractère d’urgence. Plusieurs autres pays ont suivi cet avis, car 400 000 à 500 000 femmes seraient porteuses de tels implants dans le monde, ce qui a donné un caractère international à ce scandale sanitaire. Cette affaire avait permis de pointer du doigt les insuffisances de contrôle concernant la mise sur le marché des dispositifs médicaux.
David Bême
Sources :
Europe 1.fr
Données PIP – Mise à jour des signalements de matériovigilance – Septembre 2012 – mis en ligne le 30 octobre 2012 (document accessible en ligne)
Photo : Claude Paris/AP/SIPA
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