Radioactivité dans la Loire à Saumur : “le niveau de tritium mis en évidence n’est pas habituel”, déclare l’IRSN
Alors que les derniers résultats des prélèvements des eaux de la Loire à Saumur par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) ont montré une contamination anormalement élevée au tritium, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) publie aujourd’hui une note d’information dans laquelle il confirme que cette situation est inhabituelle et explique que "son origine doit être recherchée".
Le 18 juin dernier, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) alertait sur le niveau de tritium, un déchet radioactif potentiellement toxique pour l’homme généré par les centrales nucléaires, anormalement élevé dans l’eau de la Loire à Saumur. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a tenu à commenter ces observations en publiant aujourd’hui une note d’information dans laquelle il confirme que cette situation est inhabituelle.
“Son origine doit être recherchée”
Si l’ACRO explique qu’en janvier 2019, “la concentration en tritium dans l’eau de la Loire a atteint 310 Bq/L, qui est une valeur [beaucoup plus élevée] que celles publiées par EDF et que le seuil d’alerte de 100 Bq/L dans l’eau potable”, l’IRSN affirme que leur propre surveillance opérée “durant les dix dernières années n’a pas permis de mettre en évidence” une telle activité. “Autrement dit, le niveau [de tritium dans l’eau de la Loire] mis en évidence par l’ACRO n’est pas un niveau habituel et son origine doit être recherchée”, précise le communiqué.
L’IRSN ajoute que trois principales pistes d’investigation seront examinées “dans les prochaines semaines”, à savoir “un rejet exceptionnel / non concerté entre différentes installations d’EDF, un écart attaché aux différences méthodologiques entre un prélèvement ponctuel (ACRO) et un prélèvement intégré (IRSN)”, ainsi qu’ “une autre source de tritium”.
Des risques pour l’environnement et le public ?
En ce qui concerne la contamination de l’eau potable, l’IRSN rappelle qu’il n’a “jamais mis en évidence de dépassement de la référence de qualité utilisée pour le contrôle du tritium (100 Bq/L). Les niveaux de tritium relevés par l’ACRO dans les eaux de boisson prélevées dans le cadre de son étude ne dépassent pas non plus cette référence. Ils restent très inférieurs à la valeur guide recommandée par l’OMS (10 000 Bq/L).”
Si le service de communication de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), interrogé par l’AFP sur l’étude de l’ACRO, a assuré que le tritium ne comporte "pas de risque pour l’environnement ni pour le public”, un rapport demandé par l’Association nationale des comités et commissions locales d’information (ANCCLI) concluait en 2010 à une “sous-estimation” par “les instances de radioprotection” de “la toxicité” du tritium, suspecté d’être cancérogène. Il s’agit par ailleurs du seul élément radioactif dont les rejets autorisés augmentent en France.