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  • Sida : faut-il se dépister à la maison ?

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    Lecture 3 min.

    Déjà en vente libre sur Internet et dans certaines pharmacies d'Europe, des autotests de dépistage du sida sont susceptibles de débarquer prochainement en France. Se dépister à la maison est-il une bonne idée ? Pour le Conseil national d'éthique, les risques sont bien supérieurs aux avantages.

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    Grossesse, glycémie, cholestérol, infection àstreptocoque... En quelques minutes, on peut procéderà un auto-diagnostic sans quitter son domicile. Suscitant unréel engouement auprès du grand public, les autotestsont envahi les officines... Mais que pensez del'auto-dépistage du sida ? Début mars 2005, leComité consultatif national d'éthique (CCNE) seprononçait sur cette question.

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    Deux types d'autotests

    Ces tests de dépistage du sida pourraient prochainementdébarquer en France. Mais tout d'abord, une premièredistinction s'impose. Ces dispositifs sont de deux types :

    - L'autoprélèvement àdomicile : Dans ce cas, le prélèvementsanguin est effectué par la personne elle-même. Leplus souvent, il s'agit d'un prélèvement de sangdéposé sur une sorte de buvard qui est codépuis envoyé à un laboratoire d'analyse. La personnedemande ensuite par téléphone le résultat aulaboratoire, en demeurant anonyme grâce à son code. Encas de résultat positif, elle est le plus souvent mise enrelation, au téléphone, avec une personne qui luidonne des explications et des conseils. Le test “Home AccessExpress HIV-1 Test System” fabriqué par le laboratoireHome Access Health Corporation a même étéapprouvé par l'agence américaine dumédicament, la célèbre Food and DrugAdministration. Récemment, un dispositif nenécessitant qu'un prélèvement de salive aété commercialisé aux Etats-Unis. - L'autotest à domicile: L'autotest s'effectue à domicile. Leprélèvement, la lecture et l'interprétationdes résultats sont effectués par l'individului-même. L'individu est ainsi seul, face au résultat,sans qu'aucune intervention d'un professionnel de santé nesoit possible. Basé sur la recherche d'anticorpsspécifique, ces tests proposent une réponse en 1minute, avec une visualisation proche de celle des tests degrossesse : Une seule bande colorée, vous n'êtes pasinfecté - Deux bandes colorées et vous êtesséropositifs.

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    Au-delà des réserves techniques, le directeurgénéral de la santé avait demandé sonavis sur le sujet au Comité consultatif nationald'éthique.

    De nombreuses réserves éthiques

    Selon le CCNE, ces autodiagnostics peuvent paraîtreséduisants à plus d'un titre. Ils pourraient en effetpermettre “un diagnostic plus précoce“, “unélargissement du nombre de personnes connaissant leur statutsérologique“, “une responsabilisation de la vie sexuelle“tout en respectant “la confidentialité“ et en évitant“toute stigmatisation“. Néanmoins, ces avantages ne semblentpas peser bien lourds vis-à-vis des réserveséthiques et techniques soulignées dans l'avis dessages :

    ==> Jusqu'à 50 % de fauxpositifs

    S'appuyant sur un document du Conseil national du Sida et uneétude du Centre du contrôle desépidémies américain (CDC), le nombre de fauxpositif des autotests pourrait atteindre 50 %. Ce qui veut direqu'une personne sur deux se penserait à tort porteuse duvirus du sida. En outre, certains de ces tests rapides nepermettent de dépister que l'infection par le virus VIH1,à l'exclusion de celle par le VIH2 qui contamine lespopulations de certains pays africains. Ces donnéessoulignent la nécessité d'une confirmation par untest en laboratoire.

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    ==> L'absence d'encadrementmédical

    Durant le mois qui suit l'infection, la personne n'a pasdéveloppé les anticorps spécifiques permettantle diagnostic. L'absence de conseil par un professionnel desanté pourrait ainsi conduire paradoxalement à uneaugmentation de la prise de risques liée à unautotest négatif. Jugeant l'interventiontéléphonique d'expert insuffisante, le CCNE juge que“l'absence de prise en charge médicale constitue unevéritable négation de la responsabilitémédicale et va à l'encontre d'une politique desanté publique. La prise en charge administrative et socialequi doit accompagner l'annonce d'un résultat positif n'estpas assurée, en particulier pour les personnes en situationde précarité (qui d'ailleurs hésiteraientà recourir à un test non remboursé par lasécurité sociale)“. Par ailleurs, une telle annoncepeut susciter un état de détresse et desconséquences importantes sur le plan social ;

    ==> Le risque d'usageabusif

    Le CCNE estime enfin qu'il “ne faut pas non plus négliger lerisque possible de l'usage abusif d'un autotest sous contrainte ousous pression d'un partenaire, d'une famille, d'un employeur, d'unassureur ou de la police“.

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    ==> Une perte de donnéesindispensables

    Enfin, la surveillance épidémiologique del'épidémie se base en France sur laséropositivité, et non la maladie, qui implique ladéclaration (anonyme) obligatoire. Unegénéralisation du dépistage par autotestentraînerait ainsi la perte de données importantes etdonc de nombreuses difficultés pour juger del'évolution de l'épidémie ou del'efficacité des programmes de lutte.

    Les réserves de cet avis rejoignent les conclusions d'unrapport de 1998 du Conseil national du sida. En conclusion, le CCNEinvite à résister au “marketing agressif“ dontbénéficient ces tests. Seul hic mentionné parcet avis : “Si une autorité administrative refuse leprincipe même de ces autotests pour quelque raison que cesoit, elle peut être accusée de récuser undroit légitime à la connaissance et d'entraver unecertaine liberté d'accès à des donnéespersonnelles“...

    En attendant, continuez à vous protéger et si vousavez des doutes, n'hésitez pas à pratiquer un testdans un laboratoire ou un centre de dépistage.

    David Bême

    Source : Avis n°86 - Problèmes posés parla commercialisation d'autotests permettant le dépistage del'infection VIH et le diagnostic de maladiesgénétiques - CCNE

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