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  • Sida : la crainte d'un super-virus

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    Une souche fulgurante et très résistante du virus du sida vient d'être détectée chez un patient américain. Face à ce cas exceptionnel, les autorités new-yorkaises redoutent l'apparition d'un super-virus. Au-delà des peurs, cette nouvelle souligne l'importance de l'utilisation du préservatif.

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    Très résistant, très virulent, le virusdétecté chez ce quarantenaire américain estexceptionnel à plus d'un titre. Quelles sont lesréelles menaces ? Quels enseignements peut-on en tirer ? Lepoint avec le Pr. Pierre-Marie Girard, chef du service des maladiesinfectieuses de l'hôpital Saint-Antoine (Paris).

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    La crainte d'un super virus

    Une souche hautement résistance et très virulente deVIH a été diagnostiquée pour lapremière fois chez un homme new-yorkais, qui n'avait jamaisété sous traitement antisida. Chez cet homme d'unequarantaine d'années, le virus s'estrévélé résistant à trois classesthérapeutiques de médicaments anti-rétroviraux(sur les quatre existantes). De plus, ce cas a progressévers un sida déclaré quelques mois seulementaprès l'infection par le VIH.

    La coexistence de ces deux phénomènes(résistance et virulence extrêmes) en fait un casunique, selon les autorités sanitaires de la ville de NewYork, qui craignent l'apparition d'un “super-virus“. Mais seules deplus amples analyses en laboratoires pourront statuer sur cettehypothèse.

    Une virulence et une résistance exceptionnelles

    Selon le Pr. Pierre-Marie Girard, chef de service des maladiesinfectieuses de l'hôpital Saint-Antoine (Paris), les cas derésistance lors de la première infection existent :“En France, environ 10 % des personnes nouvellementinfectées le sont par un virus qui présente au moinsune résistance à un anti-rétroviral. S'il estpeu muté, cela ne gêne pas trop la prise en charge.Mais les cas très rares de primo-infection avec des viruscumulant plusieurs résistances deviennent plusproblématiques. La multi-résistance du virusdétecté à New York est cependantexceptionnelle“. En effet, 19 des 20 médicaments disponiblesn'ont donné aucun résultat.

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    La très rapide progression vers le stade sida estégalement unique. Selon les premières estimations, lesida serait apparu dans ce cas dans les deux à trois moisaprès l'infection. Après avoir eu des relationsmultiples et non-protégées mi-octobre 2004, il auraitprésenté un test VIH positif en décembre 2004et les signes d'un sida déclaré dès lami-janvier. Le délai moyen entre infection et sida est, enl'absence de traitement, de dix ans. “On connaît des cas,chez qui ce délai est ramené à un an ou un anet demi“ précise le Pr. Girard. Mais si le délai dedeux mois se confirmait, une telle virulence resterait àexpliquer. Peut-elle être due à un systèmeimmunitaire déficient chez le patient ? Rien dans lecommuniqué des autorités sanitaires de la ville deNew York ne le laisse penser. La résistance exceptionnellede ce virus est-elle liée à sa virulence ? Non, selonle Pr. Girard qui précise que ces deuxphénomènes sont a priori indépendants.

    New York souligne l'importance de la prévention

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    Cet américain était également un usager de« crystal metamphetamine », une drogue stimulanteutilisée dans les milieux gays pour des marathons sexuels.“S'il ne s'agit pas d'un facteur capable d'influer sur laprogression de l'infection, on connaît l'impact de l'usage dedrogue sur l'abandon des comportements de prévention“déclare le Pr. Girard.

    Arrivant au même constat, la ville de New York envisagedès maintenant de revoir sa politique de lutte contre leVIH, en relançant des programmes de préventionciblés en direction des hommes homosexuels,particulièrement ceux qui sont usagers de cette drogue. Leresponsable des programmes municipaux de santé Thomas R.Frieden en appelle ainsi à la communauté homosexuellepour qu'elle réitère l'effort qu'elle avait produitdans les années 1980 pour diminuer le risque decontamination et la dissémination de souchesmulti-résistantes. Mais il demande également auxmédecins de faire plus de prévention vis-à-visdu sida mais aussi de l'usage de drogues, d'inciter audépistage, à un bon suivi du traitement et àune information sur son statut vis-à-vis du partenaire.Enfin, il invite les autorités de santé publiqueà mettre en place des programmes de préventionefficaces.

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    Une prise de conscience qui arrive un peu tard selon certains, quicomme l'association Act-Up estiment que “Nous ne serions pasaujourd'hui confrontés à ce scénariocatastrophe si les politiques de prévention avaientété à la hauteur de l'épidémie.Une communication spécifique sur les risques de transmissionde virus multi-résistants et de surcontamination estnécessaire en direction des homosexuels et en particulierdes séropositifs chez qui on constate une multiplication despratiques à risque !“

    Entre prudence et catastrophisme

    Suite à cette annonce, les réactions ontété diverses. D'un côté, certainscraignent l'émergence d'une nouvelle épidémiemortelle comme l'association Act-Up qui déclare dans uncommuniqué : “Nous nous attendions hélas à cegenre d'alerte puisque des étudesépidémiologiques et phylogénétiques(c'est-à-dire portant sur l'évolution du virus)récentes permettaient de voir venir la catastrophe.L'information diffusée vendredi nous fait redouter unenouvelle hécatombe...“

    De l'autre, certains ont critiqué l'alerte donnée parles autorités new-yorkaises. Ainsi, Robert Gallo,co-découvreur du virus du Sida estime qu'il s'agit làde “Beaucoup de bruit pour rien (...) Bien qu'il soit prudent desuivre ce cas, je ne pense pas qu'il soit nécessaire delancer un avertissement ou d'alerter la presse“.

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    “Si ce bruit se fait pour la bonne cause et permet de rappeler laréalité du sida et l'importance de laprévention alors ces échos médiatiques serontplus utiles que les multiples annonces d'un vaccin antisida pourdemain“ nous confie le Pr. Girard.

    En attendant que de plus amples analyses puissent répondreaux interrogations encore en suspens, cette nouvelle permet derappeler les limites des traitements anti-rétroviraux etainsi l'importance du préservatif. Plus que jamais, c'est leseul moyen d'éviter la propagation du virus, mais aussi pourles séropositifs de se protéger d'éventuellessurcontaminations.

    David Bême

    1 - Communiqué du New York City Department of Health andMental Hygiene, 11 février 2005

    2 - Communiqué de Act-Up du 15 février 2005

    3 - New York Times du 12 février 2005


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