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  • Tout savoir sur le cannabis médical

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    L'usage médical du cannabis est une réalité aux Pays-Bas, mais aussi en Italie, en Allemagne, en Finlande ou encore dans certain états américains. En France, sa prescription reste exceptionnelle. Le point sur cette question taboue.

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    Quand on vous dit cannabis, vous pensez rapidement joint, drogue et interdiction... Pourtant, cette substance possède aussi des vertus médicales pour les patients atteints de douleurs chroniques, de spasmes liés à une sclérose en plaques, de nausées ou d'un manque d'appétit dû au sida ou à un cancer... Des propriétés de plus en plus reconnues de par le monde mais rarement en France. Le point sur cette exception française à l'occasion de la sortie du livre “Cannabis médical. Du chanvre indien au THC de synthèse“.

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    L'efficacité du cannabis médical démontrée ? Le cannabis, ou chanvre indien, est utilisé comme plante médicinale depuis l'Egypte ancienne, mais cette substance n'a été que peu étudiée de manière scientifique et rigoureuse au 20e siècle, en raison de sa prohibition. Ce n'est finalement qu'en 1992 que l'intérêt pour cette substance allait rebondir avec la découverte du Pr Raphael Mechoulam d'un analogue du cannabis fabriqué par l'organisme lui-même, l'anandamide. Selon ce professeur de l'Université de Jérusalem, “le système des endocannabinoïdes joue un rôle dans pratiquement tous les systèmes physiologiques qui ont été observés“ (1). Et l'emballement des recherches autour de ce composé semble lui donner raison. Plusieurs centaines d'études (1et 2) ont ainsi permis de confirmer certaines propriétés du cannabis médical : - Propriétés antidouleur, en particulier pour les douleurs chroniques résistantes (3) ; - Propriétés anti-spasmes, utiles en cas de sclérose en plaques (4) voire d'épilepsie partielle (5) ; - Propriétés anti-vomitives et contre les nausées, pour les patients sous chimiothérapie (6 et 7) ou atteint d'un sida (8) ; - Stimulation de l'appétit, en cas de maigreur importante ou de cachexie chez personnes âgées en long séjour (9), les patients atteint d'une maladie d'Alzheimer (10) ou du sida (11) ; - Mais aussi une amélioration du sommeil (12 et 13), une dilatation des bronches insuffisante cependant pour traiter l'asthme (14), une dilatation des vaisseaux pouvant améliorer le glaucome (15), etc. Le cannabis, sous sa forme naturelle ou chimiquement modifiée, démontre donc une efficacité significative sur certaines conditions pathologiques.

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    Les dérivés du chanvre : d'autres applications prometteuses... De nouvelles pistes ont également vu le jour suite à la réalisation d'études scientifiques, suggérant par exemple, même si d'autres recherches sont nécessaires, une efficacité possible face à la croissance de certains cancers du cerveau (16), face à la progression de la maladie d'Alzheimer (17 et 18), ou encore pour aider au traitement des Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) (19) et des tics excessifs ou pathologiques (syndrome de la Tourette) (20). La recherche continue aujourd'hui d'explorer les dysfonctionnements du système endocannabinoïde afin d'identifier d'autres rôles éventuellement positifs du cannabis externe (non produit par l'organisme). Selon le Pr Mechoulam (1), “les médicaments de demain à base de cannabis seront sans doute liés à la neuroprotection (...) et à la douleur chronique“. Son équipe a également synthétisé un dérivé du chanvre a priori “très efficace pour les troubles digestifs“ et travaille sur des dérivés utilisables en cas de rhumatismes inflammatoires chroniques ou de cancer. Qu'il soit utilisé en complément des thérapeutiques (pour gérer les effets secondaires) ou en alternative à d'autres traitements, le cannabis médical a des bénéfices connus et reconnus. Il est ainsi prescrit dans certains pays sous conditions d'indications (liste variant selon les pays), d'origine et de forme d'utilisation.

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    Sous quelle forme utiliser le cannabis médical ? Le cannabis fumé augmente le risque de cancer du poumon au même titre que le tabac, et même plus encore selon plusieurs études. Ainsi, il est incontestable aujourd'hui que le “joint“ est plus néfaste que bénéfique. Dans le cadre de l'usage médical, il est donc recommandé, dans les pays qui l'autorisent, de consommer le cannabis sous différentes formes non fumées. Au Pays-Bas, l'Office pour le Cannabis Médical recommande sa consommation sous forme de tisanes ou en utilisant des vaporisateurs, dispositifs qui permettent d'inhaler le principe actif du cannabis sous forme de vapeur, sans le brûler ni produire de résidus cancérigènes (1). Un spray buccal fait à base d'extraits de cannabis, le Sativex®, est également accessible en pharmacie au Canada depuis 2005 en cas de pathologie neurologique grave (sclérose en plaques par exemple). Il existe aussi deux médicaments à base de THC (tétrahydrocannabinol, principe actif du cannabis) de synthèse aux Etats-Unis et au Canada, le Cesamet ® et le Marinol ®. Les patients anglo-saxons prenant du cannabis médical sont en général porteurs d'une “Medical Necessity Card“, qui leur permet de justifier de leur bonne foi.

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    En France, une autorisation du cannabis limitée Depuis 1950, le chanvre a été retiré de la pharmacopée mondiale dans un contexte de prohibition internationale de son usage récréatif. Depuis, les chercheurs redécouvrent progressivement son usage médical. Cette tendance se traduit par le retour du cannabis médical en Californie dès 1995, puis ensuite dans une douzaine d'états américains et au Canada. Du côté de l'Europe, les Pays-Bas ont créé en 2003 un Bureau du cannabis médical qui supervise la culture et la vente en pharmacie de cannabis aux patients. Ce cannabis réservé aux pharmacies est aujourd'hui également disponible en Allemagne, en Italie et en Finlande. L'Angleterre, l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Belgique ou encore la Suisse autorisent aussi la prescription et la délivrance de dérivés du cannabis. En France, le Marinol ® est le seul dérivé cannabinoïde utilisé, mais uniquement par l'intermédiaire d'une procédure particulière (une Autorisation Temporaire d'Utilisation nominative), qui est rarement connue et encore plus rarement utilisée par les médecins. Seuls 63 patients en ont bénéficié depuis 2001, alors que les bénéficiaires potentiels se compteraient par milliers ! Directement liée au problème du cannabis récréatif, la situation nationale du cannabis médical n'est pas sans rappeler celle de la morphine. Jusque dans les années 90 en France, cet opiacé dérivé du pavot aux propriétés connues depuis le 19e siècle était boudé par les professionnels de santé en raison de sa proximité avec des drogues prohibées, l'héroïne et l'opium... alors qu'il était largement utilisé chez nos voisins. Les mentalités évoluent, la recherche progresse, et on peut penser qu'indépendamment de la répression de son utilisation à des fins récréatives, l'usage du cannabis médical sera amené à se développer en France. La multiplication récente d'études, de témoignages de soignants et de patients confirmant son intérêt dans certaines indications devrait accélérer ce processus. Dr Jean-Philippe Rivière 1 - “Cannabis médical. Du chanvre indien au THC de synthèse“, Michka et coll. Mamma Editions, 2009

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    2 - Association Internationale pour le Cannabis Médical, Etudes et observations, août 2008, bibliographie très complète accessible en ligne

    3 - Efficacy of dronabinol as an adjuvant treatment for chronic pain patients on opioid therapy. Narang S et coll. J Pain 2008;9(3):254-64.

    4 - Randomized controlled trial of cannabis-based medicine in spasticity caused by multiple sclerosis. Collin C et coll. Eur J Neurology 2007;14(3):290-296.

    5 - Marijuana: an effective antiepileptic treatment in partial epilepsy? A case report and review of the literature. Mortati K et coll. Rev Neurol Dis. 2007 Spring;4(2):103-6. Review.

    6 - Marijuana as antiemetic medicine: a survey of oncologists' experiences and attitudes. Doblin RE, Kleiman MA. American Journal of Clinical Oncology 1991; 9: 1314-1319.

    7 - Efficacy of dronabinol alone and in combination with ondansetron versus ondansetron alone for delayed chemotherapy-induced nausea and vomiting. Meiri E et coll. Curr Med Res Opin 2007;23(3):533-43.

    8 - Marijuana use and its association with adherence to antiretroviral therapy among HIV-infected persons with moderate to severe nausea. De Jong BC et coll. J Acquir Immune Defic Syndr 2005;38(1):43-6.

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    9 - Anorexia of aging in long term care: is dronabinol an effective appetite stimulant? - a pilot study. Wilson MM et coll. J Nutr Health Aging 2007;11(2):195-8.

    10 - Effects of dronabinol on anorexia and disturbed behavior in patients with Alzheimer's disease. Volicer L et coll. International Journal of Geriatric Psychiatry 1997;12:913-919.

    11 - Dronabinol and marijuana in HIV-positive marijuana smokers. Caloric intake, mood, and sleep. Haney M et coll. J Acquir Immune Defic Syndr 2007;45(5):545-54.

    12 - Effect of Delta-9-tetrahydrocannabinol and cannabidiol on nocturnal sleep and early-morning behavior in young adults. Nicholson AN et coll. J Clin Psychopharmacol 2004;24(3):305-13.

    13 - Cannabis, pain, and sleep: lessons from therapeutic clinical trials of Sativex, a cannabis-based medicine. Russo EB et coll. Chem Biodivers. 2007 Aug;4(8):1729-43.

    14 - Medicinal use of cannabis: history and current status. Kalant H. Pain Res Manag. 2001 Summer;6(2):80-91.

    15 - Effect of sublingual application of cannabinoids on intraocular pressure: a pilot study. Tomida I et coll. J Glaucoma 2006;15(5):349-353.

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    16 - Cannabinoid action induces autophagy-mediated cell death through stimulation of ER stress in human glioma cells. Salazar M et coll. J. Clin. Invest. 2009 Apr 1. pii: 37948

    17 - A molecular link between the active component of marijuana and Alzheimer's disease pathology. Eubanks LM et coll. Mol Pharm. 2006 Nov-Dec;3(6):773-7.

    18 - Cannabidiol: a promising drug for neurodegenerative disorders? Luvone T et coll. CNS Neurosci Ther. 2009 Winter;15(1):65-75. Review.

    19 - Improvement in refractory obsessive compulsive disorder with dronabinol. Schindler F et coll. Am J Psychiatry 2008;165(4):536-7.

    20 - Delta 9-tetrahydrocannabinol (THC) is effective in the treatment of tics in Tourette syndrome: a 6-week randomized trial. Müller-Vahl KR et coll. Journal of Clinical Psychiatry. 2003;64(4):459-65. Un livre pour en savoir plus : « Cannabis médical. Du chanvre indien au THC de synthèse » de Michka et coll. Mamma Editions - 272 pages - Prix : 15,5 € Ce livre richement illustré et documenté présente de manière très complète les différents aspects et enjeux du cannabis médical avec les éclairages de spécialistes, médecins et patients. Disponible en librairie à partir du 28 avril 2009

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