Travailler trop peut conduire à boire trop d'alcool
Une étude internationale fait un lien entre l’excès de travail et l’excès d’alcool. Les chercheurs mettent en garde contre ce double excès préjudiciable à la santé.
Trop de travail peut conduire à boire un peu trop…
L'analyse d'une série d'études englobant plus de 400 000 personnes montre que les individus qui travaillent plus de 48 heures par semaine (soit au-dessus du seuil d'une directive européenne sur le travail) ont une plus grande probabilité de s'engager dans une consommation à risque pour leur santé, selon l'étude parue dans The British Medical Journal (BMJ).
Cette recherche, réalisée par une équipe internationale, englobe 14 pays développés : l'Allemagne, l'Australie, la Belgique le Canada, le Danemark, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, la Finlande, le Japon, la Nouvelle Zélande, le Royaume-Uni, la Suède, et Taïwan.
Le travail, c’est la santé… à condition de ne pas en abuser
La référence pour une boisson est généralement l'“unité“ d'alcool, soit 10 grammes d'alcool pur, correspondant à un verre standard (verre de bistrot ou de bar), comme par exemple un petit verre de whisky (3 centilitre ou cl), un verre de vin (10 cl à 12°) ou une chope de bière (25 cl à 5°).
Une consommation à risque d'alcool correspond à plus de 14 boissons alcoolisées par semaine pour une femme et plus de 21 pour un homme, note les auteurs.
Les données individuelles montrent que les personnes qui travaillent de 49 à 54 heures par semaine, ou celles dont le travail hebdomadaire s'étend sur 55 heures ou plus, ont un risque accru du même ordre (13 % et 12 % respectivement) d'abuser de l'alcool, par comparaison à des employés travaillant 35 à 40 heures par semaine.
Les longues heures de travail ont été liées auparavant à un risque accru de maladies cardiovasculaires, d'accidents du travail et des problèmes de santé mentale, notent les auteurs.
Limiter le temps de travail, c’est bon pour la santé !
“L'augmentation de la probabilité de développer des habitudes de consommation à risque en raison d'un excès de travail est faible dans l'absolu, mais justifie un examen attentif“ relève dans un commentaire dans la revue, Cassandra Okechukwu de l'Ecole de santé publique d'Harvard (Etats-Unis). “Néanmoins ce risque doit être pris au sérieux“.
Soulignons que ce n’est pas le travail, qui pousse à une consommation excessive mais l’excès de travail… “Avoir un travail est associé avec une fréquence moindre de consommation d'alcool et de plus grandes chances de guérir d'un abus d'alcool que lorsque l'on est au chômage“, ajoute-t-elle.
Ces résultats pourraient donner un nouvel élan à une nouvelle réglementation du temps de travail au titre de la santé publique, estime cette spécialiste en évoquant “la pression croissante“ pour exclure une proportion grandissante de travailleurs des normes actuelles qui limitent les heures de travail en Europe et dans d'autres pays développés.
Avec AFP/Relaxnews
Source : Long working hours and alcohol use: systematic review and meta-analysis of published studies and unpublished individual participant data - BMJ 2015; 350 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g7772 (Published 13 January 2015)Cite this as: BMJ 2015;350:g7772 (étude accessible en ligne)