Tuberculose, candidoses... nous ne sommes pas égaux face aux infections
Le laboratoire franco-américain de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses installé au sein de l’Institut Imagine a démontré l’implication d’un gène dans la lutte contre certaines infections. En étudiant 7 enfants atteints à la fois de tuberculose et de candidose, les équipes dirigées par le Pr Jean-Laurent Casanova ont identifié un mécanisme génétique impliqué dans notre capacité à lutter contre certaines infections.
Dans un article publié le 9 juillet 2015 dans la prestigieuse revue Science, le Pr Jean-Laurent Casanova, Professeur associé à l’hôpital Necker-Enfants-Malades, co-directeur avec le Dr Laurent Abel du laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses à l’Institut Imagine décrit une découverte importante qui permettra une meilleure connaissance de l'immunité contre les mycobactéries et les champignons.
Un gène pour nous défendre contre mycobactéries et champignons
En étudiant 7 enfants de 3 familles d’origines différentes atteints à la fois de candidose cutanéo-muqueuse (infection par Candida albicans) et d’infections mycobactériennes (Mycobacterium tuberculosis responsable de la tuberculose ou Mycobacterium bovis bacille de Calmette-Guérin), les chercheurs ont mis en évidence le dysfonctionnement d’un gène appelé RORC.
Chez l’homme, ce gène joue un rôle dans la lutte contre les infections par champignons (infections fongiques) et par mycobactéries. Dans les lymphocytes T (sous-groupe de globules blancs, essentiels pour le système immunitaire), RORC va entraîner la production d’interféron gamma (IFN-γ), molécule essentielle dans la lutte contre les infections mycobactériennes, mais également induire l’expression de l’interleukine 17, molécule clé dans l’immunité fongique. Le gène RORC s’exprime sous 2 formes fonctionnelles, ROR gamma et ROR gamma T.
Deux mutations responsables d’immunodéficience sélective
Les chercheurs ont identifié, chez les 7 enfants étudiés, des mutations sur ces deux formes fonctionnelles, qui empêchent le système immunitaire de ces enfants de se défendre contre les mycobactéries et les champignons. Ces mutations génétiques expliquent qu’ils aient développé des formes sévères de tuberculose et de candidose.
Une découverte qui ouvre de nombreuses perspectives
Cette découverte ouvre la voie à la fois sur le plan médical et scientifique.
- Au niveau médical, le dépistage de nouveaux patients est en cours, et une alternative thérapeutique pourrait être l’injection d’IFN-γ chez ce type de patients. De plus, ces travaux montrent le rôle clé de RORC dans la lutte contre les infections mycobactériennes et fongiques.
- Sur le plan scientifique, la compréhension fine du mécanisme d’action de RORC et de ses régulations permettra certainement une meilleure connaissance de l’immunité anti-mycobactérienne, étape nécessaire à la lutte contre la tuberculose et l’immunité antifongique, étape nécessaire à la lutte contre les champignons.
Dr Jesus Cardenas
Sources :
Communiqué de presse de l’Institut Imagine du 9 juillet 2015.
Casanova JL, Okada S, Markle JG, Deenick EK et al. Impairment of immunity to Candida ans Mycobacterium in humans with bi-allelic RORC mutations. Science, published online July 9 2015. DOI: 10.1126/science.aaa4282 (Résumé disponible en ligne).