Une hormone de l'enfance contrôle votre durée de vie
Synthétisée au début de la vie, l'hormone IGF-1 (un facteur de croissance) joue un rôle dans la croissance du foetus et de l'enfant. Mais elle pourrait également contrôler la durée de vie ! Une découverte importante puisque sa production varie en fonction de l'environnement de l'enfance.
On avait constaté chez les vers et les insectes que le facteur de croissance IGF, une hormone synthétisée dès le début de la vie, avait une importance cruciale pour la croissance, le développement et le métabolisme. Mais ces études montraient surtout qu'une faible production d'IGF entraînait un prolongement de la durée de vie de ces espèces.
L'équipe française de Martin Holzenberger a voulu savoir si cela était vrai chez les mammifères. Elle a pour cela créé des souris génétiquement modifiées, avec moins de récepteurs cérébraux au facteur IGF-1 (ayant ainsi le même effet qu'une moindre production d'IGF-1). Résultat : les rongeurs mutants possédaient des organes (cur, poumon, foie, reins...) étaient plus petits que la normale et leur taux de HDL cholestérol et glycémie étaient augmentés. Ces altérations n'ont pas du tout perturbé le devenir de ces rongeurs qui ont eu une espérance de vie plus longue que les souris normales ! Leur taux de mortalité à cent semaines, l'équivalent de 70 ans chez l'homme, était six fois plus faible. Comme si leur croissance plus limitée leur avait permis de capitaliser sur leur durée de vie.
De plus, cette diminution de la sensibilité du cerveau à l'IGF-1 a entraîné une cascade d'évènements dans lesquels plusieurs autres facteurs de croissance sont impliqués. L'IGF-1 permet ainsi indirectement aux organismes d'adapter leur croissance à différents stimuli de l'environnement. Une restriction alimentaire au début de la vie entraîne par exemple, entre autre, une chute des taux IGF-1 afin de ralentir la croissance.
“Ces travaux montrent que chaque individu acquiert une taille et un métabolisme définis en partie dans la petite enfance en fonction de l'environnement dans lequel il vit. Suralimenter les enfants afin de les faire grandir et grossir pourrait donc se répercuter sur leur espérance de vie“ explique Martin Holzenberger. “En outre, l'hormone de croissance est parfois utilisée sans indication médicale. C'est par exemple le cas de certaines personnes âgées qui souhaitent retarder les effets du vieillissement ou encore de sportifs qui cherchent à gagner en taille et en performance. Il est à craindre que ces personnes brûlent en fait leur capital de vie en même temps qu'elles cherchent à augmenter leurs forces“ conclut le chercheur.
Source : Communiqué de l'Inserm - octobre 2008