Vaccination contre l'hépatite B : en hausse chez les nourrissons, insuffisante chez les ados
À l'occasion de la journée mondiale contre l'hépatite, une étude révèle que la couverture vaccinale des enfants de 6 mois contre l’hépatite B est en très forte progression en France. A l'inverse, celle des adolescentes est toujours insuffisante. Comment expliquer de tels contrastes ? Détails de cette étude publiée dans le bulletin épidémiologique de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS).
À l'occasion de la journée mondiale contre l'hépatite, mardi 28 juillet, l'Institut de veille sanitaire (InVS) publie une enquête dirigée par Jean-Paul Guthmann de l'Institut de veille sanitaire (InVS) de Saint-Maurice (France) pour déterminer le niveau de couverture vaccinale en métropole. En France, la vaccination contre le virus de l'hépatite B (VHB) est recommandée chez tous les nourrissons. Les couvertures vaccinales sont estimées à l'âge de 6 mois à partir de l'échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB). L'EGB étant un échantillon représentatif des bénéficiaires des principaux régimes d'assurance maladie.
De plus en plus de nourrissons vaccinés contre l'hépatite B
Les résultats, publiés dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (InVS), mettent en évidence que la couverture vaccinale hépatite B est en très forte progression chez le nourrisson.
Dans le détail, l'étude dévoile que 92,1% des enfants âgés de 6 mois nés en 2014 avaient débuté une vaccination contre l'hépatite B (il faut trois injections pour qu'elle soit complète) contre seulement 24,6% pour les enfants nés en 2004. Cette très forte progression a surtout été observée à partir de 2008. À l'âge de 24 mois, la couverture vaccinale était de 81,5% et suivait la même dynamique. En 2013, une couverture complète de trois doses était observée dans 55% des départements contre 2% en 2008.
En conclusion de leur étude, les auteurs jugent que cette tendance s'explique par l'admission au remboursement du vaccin en 2008 et une possible meilleure acceptabilité de cette vaccination par la population et les professionnels de santé. Les auteurs notent également que “Il est possible que l’inclusion de la valence hépatite B dans un vaccin qui contient plusieurs valences, et donc la disparition des doses supplémentaires nécessaires à la vaccination hépatite B, ait permis de convaincre certains parents qui jugeaient le nombre d’injections pour les nourrissons trop important. Il est aussi possible que la vaccination par ce vaccin hexavalent soit faite parfois sans qu’il soit mentionné de façon détaillée les maladies ciblées par ce vaccin et donc sans qu’il soit dit explicitement que ce vaccin contient la valence hépatite B“... à moins qu'elle ne traduise une moindre crainte des liens évoqués entre cette vaccination et la survenue d'atteintes neurologiques.
Une couverture vaccinale insuffisante chez les ados
En revanche, les résultats montrent que la couverture vaccinale reste très insuffisante chez le grand enfant et l'adolescent. Plus on avance dans l'âge, moins les résultats sont bons. Au-delà de 24 mois, la couverture était de 50,9% à 6 ans, de 45,8% à 11 ans, et de 43,1% à 15 ans. Manque de relance des généralistes pour cette vaccination de rattrapage, la nécessité de se rendre en pharmacie pour acheter le vaccin pour ensuite revenir en consultation se faire vaccine, la méfiance des parents d'enfants non vaccinés... autant d'éléments qui font dire aux auteurs que “ cette situation est préoccupante, car ce sont ces enfants/adolescents qui, atteignant l’âge adulte, seront susceptibles de faire partie des populations à risque d’infection par le virus de l’hépatite B“. Ils appellent à un “renforcement des actions de promotion de la vaccination contre l’hépatite B (...) dans ce groupe, qui peut être vacciné avec seulement deux injections d’un vaccin dosé à 20 microgrammes“.
“Notre analyse montre une forte progression de la couverture vaccinale hépatite B chez le nourrisson, avec une réduction des écarts entre les départements. La situation actuelle contraste fortement avec celle qui prévalait il y a 10 ans, où la proportion d'enfants débutant la vaccination ne dépassait pas 25%. Nos données révèlent, en revanche, une vaccination très insuffisante chez les plus grands enfants et les adolescents dont moins de la moitié sont vaccinés. Il est donc essentiel de renforcer le rattrapage des générations nées avant 2008 qui ont été très insuffisamment vaccinées dans leur petite enfance“, concluent les auteurs de l'étude.
David Bême
Sources :
COUVERTURE VACCINALE HÉPATITE B CHEZ L’ENFANT EN FRANCE EN 2014 : PROGRÈS TRÈS IMPORTANTS CHEZ LE NOURRISSON, STAGNATION CHEZ L’ADOLESCENT - BEH 26-27 - 28 juillet 2015
AFP/Relaxnews
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