Polyarthrite rhumatoïde : quand recourir à la chirurgie ?
Lorsque les déformations des articulations ou les douleurs de la polyarthrite rhumatoïde sont trop marquées, il est possible de recourir à la chirurgie. Explications.
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune complexe dont la cause n’a pas encore été élucidée. Elle se manifeste par des rhumatismes inflammatoires et des douleurs. Avec le temps, l’inflammation peut aller jusqu'à provoquer une déformation des articulations par la destruction des os et du cartilage.
Polyarthrite rhumatoïde : la place de la chirurgie
Les médicaments immunosuppresseurs et les thérapies ciblées, traitements prescrits à la plupart des malades, ont permis de diminuer drastiquement le recours à la chirurgie. "Pour cette affection, nous pratiquions 3 ou 4 interventions hebdomadaires il y a une dizaine d’années, et maintenant une seule par mois", souligne le Dr Fabrice Rabarin, chirurgien au Centre de la main à Trélazé (49).
Les objectifs de la chirurgie sont multiples :
- Soulager la douleur ;
- Améliorer la mobilité des articulations ;
- Stabiliser une articulation endommagée.
Une intervention chirurgicale peut être envisagée lorsque :
- La maladie est ancienne et /ou invalidante ;
- Les traitements n’ont pas prouvé leur efficacité ;
- Les articulations sont abîmées ;
- Les douleurs sont persistantes et influent de manière tangible sur la qualité de vie ;
- L’autonomie devient limitée.
La décision chirurgicale doit être posée par une équipe pluridisciplinaire comportant un chirurgien, un rhumatologue, un radiologue et un rééducateur.
Chirurgie : quelles sont les articulations concernées ?
Les interventions les plus fréquentes concernent :
- L’épaule ;
- Le coude ;
- Le poignet ;
- La main ;
- Le genou ;
- La cheville ;
- La hanche.
Les opérations possibles face à la polyarthrite rhumatoïde
Le chirurgien peut réaliser une :
- Ténosyvectomie qui consiste à retirer les tissus enflammés entourant les tendons ou la membrane synoviale, avant que cela n’entraîne des dégâts irréversibles des tendons et cartilages ; on parle de synovectomie. Dans la chirurgie de la main et du poignet, parties du corps particulièrement concernés par la polyarthrite rhumatoïde (près de 75% des patients), le chirurgien intervient principalement en cas de synovite (inflammation autour des tendons) et d’atteinte des extenseurs près des articulations. "Un quart des patients se plaignent également du canal carpien", ajoute le Dr Frédéric Rabarin. Généralement, le praticien tente d’intervenir sur les différentes parties (main et poignet) afin de minimiser le nombre d’interventions chirurgicales.
- Arthroplastie qui consiste à remplacer la surface de l’articulation et l’os par une prothèse (articulation artificielle). C’est notamment le cas pour l’épaule, les hanches et les genoux.
- Arthrodèse qui va fixer deux os afin de bloquer l’articulation douloureuse, ce qui va limiter aussi sa mobilité. Cela est envisageable pour l’arrière du pied, par exemple.
- Le remplacement de l’articulation par une prothèse.
Bien choisir son chirurgien
Chaque chirurgien étant spécialisé dans une partie du corps (rachis cervical, main, pied…), il est parfois difficile de trouver un professionnel très bien informé sur la polyarthrite rhumatoïde. Il est souhaitable de choisir un spécialiste en chirurgie orthopédique. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin rhumatologue. Par ailleurs, la chirurgie doit être envisagée comme un travail d’équipe entre le médecin rhumatologue, le chirurgien et le médecin qui se chargera de la rééducation.
Après l’intervention, le temps de la récupération varie selon les personnes et le type d’intervention réalisé. En principe, la rééducation est envisagée 4 à 6 semaines après l’intervention. Rappelons que les risques de complications post-opératoires augmentent sensiblement avec le tabagisme. Il est donc très fortement conseillé d’arrêter de fumer au moins 3 mois avant la date prévue de l’intervention chirurgicale. Celle-ci devra être également réalisée en dehors des périodes de poussées inflammatoires.