Dry January : qu’est ce que le FOMA, ou la peur de manquer d’alcool ?
Les fêtes de fin d’année sont terminées, elles ont été l’occasion pour certains de boire de l’alcool, parfois de manière irraisonnée. Si vous avez envie de vous lancer dans le Dry January, ou "janvier sobre" pour compenser, vous pourrez à l’inverse souffrir de FOMA ou "Fear of missing alcohol" ou peur de manquer d’alcool, littéralement. En quoi cette crainte consiste ? Explications du Dr Philippe Batel, médecin addictologue, chef de service d’addictologie à l’établissement public de santé mentale de la Charente.
En ce début janvier, vous vous êtes lancé le défi de passer le mois sans boire une seule goutte d'alcool. C'est aussi le moment d’étudier votre relation à la boisson et de voir si vous souffrez de FOMA ou Fear of missing Alcohol, la peur de manquer d’alcool.
Comment peut-on ressentir la peur de manquer d’alcool ?
"On peut relier cette peur au "craving", un autre terme anglais qui signifie une envie irrépressible. En fait, cette peur est en partie psychologique. Elle survient à cause des effets d’attente : lorsqu’on investi un verre pour quelque chose. Par exemple, une personne de nature timide, qui va boire un verre ou deux avant de se rendre à un rendez-vous important où elle devra prendre la parole. L’alcool est pris pour le côté désinhibiteur" détaille le Dr Philippe Batel. D'où la peur qui peut naître, en commençant une abstinence ou en y songeant seulement.
Comment faire face à cette peur du manque ?
"En entamant un Dry January, qui consiste à cesser de boire de l’alcool pendant un mois entier, il faut en profiter pour se questionner sur sa consommation. Pour reprendre l’exemple précédent, la personne doit se questionner : suis-je capable de me rendre à ce dîner sans boire avant ? Cela fait partie des questionnements à se poser, à la fois pour mesurer le manque induit par l’alcool, mais aussi pour réfléchir à la place de l’alcool dans son existence" souligne le spécialiste.
"Estimer ses capacités à court, moyen et long terme"
Pour le Dr Batel, chaque personne doit se positionner à court moyen et long terme dans sa relation avec l’alcool, en particulier les personnes se lançant le défi du Dry January. "A la fin du mois, les personnes se rendent compte qu’elles ont réussi à être totalement sobre et reprennent de manière raisonnée leur consommation, en estimant dans quelles mesures elles peuvent continuer à court, moyen ou long terme. D’une manière générale, les participants continuent à modérer leur consommation pendant les six mois suivants, en moyenne" explique encore le médecin.
"En plus de cette abstinence alcoolique, les personnes gagnent en confiance en elles et ce mois est souvent aussi l’occasion d’entamer un sevrage tabagique ou de jeux à gratter par exemple". Une bonne raison de dépasser cette peur, donc.