Un jouet sur 10 est contaminé par un produit chimique très dangereux
Pour une prochaine émission diffusée sur France 5, les journalistes de Vert de Rage ont analysé une centaine de jouets, vendus dans les enseignes courantes. Leur constat fait froid dans le dos : 10% des jouets seraient contaminés par un perturbateur endocrinien considéré comme cancérogène.
On savait jusqu’ici qu’ils étaient partout : dans nos meubles, nos revêtements, nos textiles... Les retardateurs de flamme bromés (RFB), pensés au départ pour nous protéger, sont aujourd’hui considérés comme des agents cancérogènes et des perturbateurs endocriniens. Il n’en fallait pas plus à l’équipe de l’émission Vert de Rage (France 5) pour vérifier si ce produit chimique pouvait aussi toucher directement les enfants dans leur quotidien. Et c’est malheureusement le cas !
Des taux de retardateurs bromés jusqu’à 10 fois trop élevés
Sur l’ensemble des jouets analysés, les journalistes révèlent des résultats préoccupants, car bien au-dessus des seuils autorisés. Selon la réglementation française, les niveaux de retardateurs bromés dans les jouets ne doivent pas dépasser 500 mg/kg. L’émission nous apprend que sur environ 100 jouets testés grâce à l'utilisation d'un pistolet à fluorescence X, 10 % dépassaient le seuil réglementaire, certains atteignant même des sommets : dans un fusil en plastique par exemple, la concentration de retardateurs de flamme bromés atteignait 5 708 mg/kg, soit plus de dix fois la limite autorisée ! Une mauvaise surprise juste après Noël et sa pluie de cadeaux...
Malheureusement, la découverte n’est pas sans conséquence pour la santé des plus jeunes : "Si votre bébé met un jour un plastique bromé à la bouche, vous ne pourrez pas détecter un effet instantanément. Mais si vous avez donc des expositions répétées pendant de longues années, vous pouvez avoir des effets hormonaux qu'on appelle perturbateurs endocriniens", analyse Pierre Hennebert, ancien chimiste environnemental à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et spécialiste de ces substances, au cours de l‘émission.
Les différents acteurs se renvoient la balle
Interrogés par les journalistes, les différents acteurs dans la vente de jouets ne donnent pas de raisons valables à ce taux ou renvoient la responsabilité aux sous-sous-sous-traitants...
L'enseigne Action par exemple affirme que ses propres tests, réalisés sur ses jouets,"n'ont révélé aucun problème" ou "confirment que le produit est entièrement conforme à toutes les exigences législatives de l'UE".
Alerté sur le fusil en plastique, le groupe Carrefour répond avoir immédiatement prévenu le fabricant, Ferry, "tenu de mettre sur le marché des produits conformes aux différentes normes de conformité des pays dans lesquels il les commercialise". Mais le fabricant lui même botte en touche, prétextant avoir été "trompé par un fournisseur indélicat qui a probablement utilisé à son insu du plastique recyclé dans ses produits", plastique qui contenait "sûrement ces substances bromées"...
Alors comment diminuer les doses si personne ne reconnait le problème ?
Les produits bromés, en permanence dans notre quotidien
Consulté sur le sujet par Doctissimo, le Dr Pierre Souvet, président de l’ASEF (Association Santé Environnement France) n’est pourtant pas étonné de cette annonce.
“On trouve de ces retardateurs de flammes polybromés à peu près partout aujourd’hui. C’est ce que confirme d’ailleurs l’étude Esteban de Santé Publique France, sur l’imprégnation des Français à différents polluants. Vous allez notamment en trouver dans vos rideaux, vos divans, dans votre l’alimentation et donc dans quelques produits manufacturé. Tout le monde est donc plus ou moins contaminé” révèle-t-il. Cependant dans cet ensemble, dans l’air intérieur, ce n’est pas les jouets qui produiront le plus de particules, mais cela en fait aussi partie” révèle-t-il.
Peut-on protéger ses enfants ?
Difficile dans ce cadre de se protéger soi ou ses enfants des dangers des retardateurs de flammes. “D’autant plus que pour le moment, en France contrairement aux Etats-Unis, les produits ne mentionnent pas s’ils contiennent cette substance ou non. Ce n’est pas une information accessible” déplore Pierre Souvet.
La seule manière d’atténuer les effets ou de s’en préserver revient à des mesures personnelles que l’on peut mettre en œuvre selon le spécialiste :
- Eviter les aliments gras, car ils fixent davantage le brome ;
- Aérer correctement son intérieur tous les jours pour évacuer les composés semi-volatils.
Deux mesures à appliquer davantage en présence d’une femme enceinte : “puisque le brome prend la place de l’iode, chez la femme enceinte cela altère la formation des hormones thyroïdiennes, dont l’iode est un élément essentiel, et impacte le développement neurocérébral de l’enfant.”