Utilisons-nous seulement 10% de notre cerveau ?
Une croyance répandue affirme que nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau. Mythe ou réalité ? Le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo, nous répond.
C'est un mythe qui a largement nourri la littérature et le cinéma. Récemment, une grande enseigne de supermarchés a même relayé l'idée que l’être humain "n’utiliserait que 10 % des capacités de son cerveau". Pourtant, aucune preuve scientifique ne permet à ce jour de justifier cette idée reçue.
Une idée fausse datant du siècle dernier
L'origine de cette "théorie" reste flou, bien que certains experts l'associent à un psychologue américain de Harvard, William James. Pour d’autres, l’origine serait attribuée à Albert Einstein.
"Les raisons initiales de cette fausse idée ne sont pas clairement identifiées. Certains historiens émettent l’hypothèse que, parce que les premiers neurobiologistes ont montré que certaines régions du cerveau étaient associées à certaines fonctions (le cortex auditif, le cortex visuel, le cortex moteur, par exemple), ils ont pu laisser croire à l’existence de zones sans fonction précise, voire inactives", détaille de son côté le site gouvernemental Santé.fr.
Une aberration du point de vue de l'évolution
Néanmoins, très rapidement, les scientifiques ont démenti le fait que 90 % du cerveau resterait inactif. Aucun organe ne se développe pour, in fine, ne pas être utilisé au maximum de ses capacités.
"C’est un neuro mythe", confirme le Dr Gérald Kierzek. "On sait que les zones du cerveau sont parfois utilisées de manière différente, complémentaire. Mais on sait aussi que le cerveau est utilisée dans sa totalité et l'IRM fonctionnelle le prouve. Fermer la main, parler, marcher... activent de nombreuses zones cérébrales".
Il n’y a donc jamais seulement 10 % du cerveau qui est actif. D'ailleurs, même lorsqu'un individu est au repos, le cerveau dépense de l'énergie pour superviser des fonctions vitales telles que la respiration, le rythme cardiaque et la mémoire.
L'incroyable plasticité cérébrale
Et lorsqu'une zone est abîmée, "une autre zone prend le relais", précise encore le médecin urgentiste. C'est ce que l'on appelle la plasticité cérébrale, qui permet au cerveau de récupérer après des traumatismes, des troubles ou des lésions mais aussi d'atténuer l'impact de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, démence vasculaires…).
"Finalement, il faudrait une lésion grave et étendue pour que le cerveau ne fonctionne plus qu'à 10% ... avec un coma profond à la clé, où seules quelques régions cérébrales profondes ne seraient pas éteintes", précise le Professeur Marc Vérin, neurologue et vice-président de la recherche au CHU d'Orléans, à nos confrères du Figaro.
10 % du nombre de cellules cérébrales ?
Autre théorie douteuse : si les 10 % d'utilisation mentionnés se réfèrent au nombre de cellules cérébrales, cette théorie reste infondée.
"On ne peut pas dire que 10 % seulement de nos cellules cérébrales fonctionnent ; puisque la cellule, si elle ne fonctionne pas, meurt. Ce qui signifierait que 90% de nos cellules sont mortes", avance le directeur médical de Doctissimo.
La dernière idée reçue souvent discutée concerne les "cellules fonctionnelles".
Environ neuf cellules sur dix dans le cerveau sont des cellules de soutien, également connues sous le nom de cellules gliales, qui assurent un rôle de soutien et de protection du tissu nerveux.
Les 10 % restants sont constitués par les neurones, considérés comme les "vraies cellules fonctionnelles", selon les précisions du Dr Gérald Kierzek.
Or, certains experts affirment que les 10 % de cellules qui s'occupent de la pensée pourraient potentiellement tirer parti des neurones pour accroître leur nombre, et ainsi augmenter la capacité du cerveau.
"Sauf qu'en réalité, les cellules gliales ne peuvent pas devenir des neurones. Elles ont un rôle distinct des autres cellules et ne peuvent se transformer", révèle le directeur médical de Doctissimo.
Une théorie donc qui ne tient donc pas debout !