Coïtobalnéisme ou le fantasme de faire l’amour dans l’eau
Le fantasme de faire l’amour dans l’eau (ou coïtobalnéisme) est fréquent. Qu’il s’agisse de la mer, de la piscine ou de la douche, on trouve la trace de ces pratiques dès la Rome antique. Les dérives fantasmatiques du coïtobalnéisme sont multiples.
Qu’est-ce que le coïtobalnéisme ?
Le coïtobalnéisme est le fantasme de faire l’amour dans l’eau que ce soit dans la mer, une rivière ou plus simplement dans une baignoire ou sous la douche. Cependant, il ne faut pas confondre le coïtobalnéisme avec l’ondinisme qui est une fascination pour les personnes évoluant nues dans l’eau et par extension une perversion liée aux liquides et principalement, l’urine.
Ce fantasme est autant masculin que féminin.
Historique et origine du fantasme de faire l’amour dans l’eau
On peut supposer que le fantasme du coït aquatique est présent depuis toujours. L’eau est un élément tellement présent dans la vie de tout être humain que l’idée même de faire l’amour dans l’eau semble naturelle, évidente. Des lieux comme les thermes de la Rome antique ou les stations balnéaires, mélanges de maladie mélancolique et de solitude sont souvent associés avec le coït aquatique. Le film "Le mal de pierres" (2016) de Nicole Garcia avec Marion Cotillard s’inscrit dans cet univers fantasmatique.
Cas célèbres de coïtobalnéisme
Dans la Rome antique, l’empereur Tibère était un grand adepte des jeux érotiques avec l’eau. Suétone dans "Vie des douze césars" dit : "L'empereur Tibère avait l'habitude de se baigner tandis qu'autour de lui nageaient de jeunes garçons, ce menu fretin le caressait, le mordillait, le suçait et autres gâteries...".
Dérivés fantasmatiques du coïtobalnéisme
Faire l’amour avec un dauphin, se masturber sous une cascade, faire l’amour avec une sirène, être une femme fontaine, se masturber en se mettant des petits poissons dans le vagin…
Ce que révèle ce fantasme de faire l’amour dans l’eau
L’eau est directement en lien symbolique avec le maternel. Il y a comme une régression à la vie intra-utérine, un retour fusionnel à cet état de béatitude archaïque, où il n’y a ni responsabilité, ni autonomie totale. De là à dire que le coïtobalnéisme est un désir de relation sexuelle avec sa mère, il n’y a qu’un pas… que l’on peut franchir allègrement !
La situation œdipienne se rejoue donc ici, mais on peut même parler d’un œdipe d’avant l’œdipe, de ce que Sigmund Freud nommait sous le nom de sentiment océanique. C’est donc un retour symbolique à la préhistoire même du sujet.
Cas clinique de coïtobalnéisme
Angélique, 28 ans, a le fantasme de faire l’amour avec plusieurs femmes dans une rivière. Elle s’imagine jouant avec l’eau et aspergeant les autres femmes dans un déluge de rires, de corps nus et de jouissances. Mais son souci, c’est qu’elle est aquaphobe, qu’elle a peur de l’eau. C’est comme si sa phobie était un empêchement à la possibilité d’une mise en acte de son fantasme. "L’inconscient est bien fait !" dit-elle. Ainsi, elle associe la peur et la possibilité d’une expression de plaisir saphique. Angélique n’est pas lesbienne dans "la vraie vie", mais son rapport à sa mère est difficile et les relations sont violentes depuis toujours.